Comment une histoire de gros sous et de déchets dans le Sud aboutit à un large rassemblement de la gauche (la vraie)

samedi 18 juillet 2009.
 

par Hervé Lavisse (PG 06)

Mercredi, lors d’une conférence de presse en petit comité, M. Leroy, maire UMP de Mandelieu-La Napoule (06) a indiqué qu’il n’y avait plus de risque de création d’une installation de valorisation et d’enfouissement de déchets sur le site de Barbossi (105 hectares dévolus à cette opération sur les 600 ha du site total qui représente le quart de cette ville de 20.000 habitants).

Ça sonne comme une bonne nouvelle, certes. Mais que cache-t-elle de la part d’un élu qui nous a habitués à régner sans partage sur son territoire ?

Ce domaine, ancienne propriété Paul Ricard, était un lieu de loisirs populaires, au sein d’un paysage très agréable où tout un chacun avait accès. La municipalité avait très largement les moyens de le préempter ou de l’acheter tout simplement (5M€ excédent Budgétaire). Il est désormais clôturé et vidéo surveillé de toute part et destiné à devenir une décharge depuis que la SCI Barbossi et « Sud Est Assainissement », filiale de Veolia, ont signé en janvier 2005 un bail emphytéotique pour minimum 25 ans.

Ce bail prévoit le versement de 1 000 000 € à la SCI Barbossi jusqu’à l’ouverture de la décharge, puis un loyer de 1 500 000 € / an lorsque le site sera en exploitation, soit un montant d’environ 28 000 000 € sur 25 ans. Le tout pour un terrain payé 4 200 000 € en 2005... Ce qui correspond à un rendement supérieur à 20 % par an ! En comparaison, le livret A est à moins de 2% et Madoff lui-même ne proposait des rendements « que » de 10% et 15% : du gagne petit !

Comment comprendre que M. Safa, propriétaire du domaine via la SCI Barbossi, homme d’affaire avisé, s’ampute sans ciller d’un revenu de cette importance ? Pour faire de l’immobilier sur ce terrain, qui à tout moment peut faire l’objet de la part du Préfet d’un PIG (Plan d’Intérêt Général) imparable ?

Quant à Veolia, comment comprendre qu’elle renonce à la création d’un site d’installation de valorisation et d’enfouissement de déchets dans les Alpes Maritimes, alors que la situation du département est catastrophique, que le site dit de la « Glacière » à Villeneuve Loubet, totalement saturé, ferme fin juillet, que les incinérateurs ne suffisent plus, qu’en catastrophe des anciennes cimenteries et briqueteries vont reprendre du service pour brûler les déchets et qu’il est prévu, en attendant une solution acceptable, d’exporter ces déchets ménagers ultimes dans les départements voisins, c’est-à-dire le Var et les Bouches du Rhône ?

Ce brusque retournement de situation, quelques jours après l’annonce du dépôt du permis de construire à « titre précaire » (sic) pour une durée de 60 ans, de ce centre d’enfouissement assorti d’une usine de méthanisation, nous interpelle et nous avons souhaité nous mobiliser pour réclamer la plus grande transparence sur ce dossier que nous entendons bien suivre de près.

C’est ainsi qu’en réponse à la conférence de presse du maire et en tant qu’unique conseiller municipal de gauche (PG) j’ai demandé à cette même presse de venir écouter ce que les représentants du Front de Gauche, du NPA et des Alternatifs avaient à dire sur ce dossier et, d’une façon plus large, sur toutes les politiques locales qui privilégient l’intérêt particulier au détriment de l’intérêt général.

Ensemble nous avons convenu que ce premier rassemblement, préparé et débattu collectivement, en appellera d’autres, tant les dossiers de ce type sont nombreux dans les Alpes Maritimes. Bien évidemment, nous nous connaissions tous pour nous être rencontrés dans les luttes, les manifestations et les campagnes. Mais c’est une première dans les Alpes Maritimes qu’une pareille rencontre ait eue lieu de manière concertée. Nous avons décidé de maintenir une vigilance commune et avons appelé à un large débat sur la question des déchets qui associera les populations, lesquelles sont gravement sous informées, voire, comme à Nice, totalement désinformées.

La seule difficulté fut de trouver le juste nom de cette représentation multipartite. Rassemblement de la gauche de transformation ? Comité ? La journaliste a retenu : « Collectif de surveillance » ce qui cependant ne souligne pas le contenu proprement politique de notre rapprochement. Le remue méninges a commencé en attendant la solidification et la pérennisation de ce large rassemblement attendu de tous. La solution viendra peut-être du prochain congrès de l’An I.

Post Scriptum : Nous en profitons pour saluer le travail remarquable effectué par l’association ADSMNE.


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