Sondages OpinionWay : l’Elysée rejette la demande d’enquête du PS.

lundi 20 juillet 2009.
 

L’Elysée a rejeté dimanche la demande du PS d’une enquête sur les sondages commandés par la présidence de la République et épinglés par la Cour des comptes, tandis que la polémique s’est centrée sur le cabinet de conseil, commanditaire des études.

"On commande des sondages, si des journaux veulent acheter les mêmes, nous, on n’y peut rien !", et il n’y a "aucune nécessité" d’enquête comme l’a réclamé vendredi le Parti socialiste, a affirmé dimanche 19 juillet le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant.

A l’appui de sa demande, le PS avait dénoncé "une scandaleuse collusion entre le pouvoir et certains médias".

Depuis le déclenchement de cette polémique vendredi sur sa pratique de commande de sondages, l’Elysée n’avait pas dit un mot.

Dimanche 19 juillet, M. Guéant a rejeté toute accusation de paiement par l’Elysée de sondages publiés dans la presse. "L’Elysée commande parfois des sondages et il se trouve que des journaux peuvent, dans le même temps, commander les mêmes. Nous, ce qui nous intéresse dans les sondages, ce n’est pas du tout les éléments bruts (...), c’est d’avoir tous les fichiers détaillés des sondages", a-t-il expliqué.

Dans son rapport sur le budget 2008 de l’Elysée, la Cour des comptes s’est étonnée que le "Politoscope" réalisé par OpinionWay pour Le Figaro et LCI ait été facturé à l’Elysée par un cabinet de conseil.

Selon un acteur du secteur interrogé par l’AFP, ce cabinet est dirigé par Patrick Buisson, ancien journaliste de l’hedomadaire d’extrême-droite "Minute" et de LCI, actuel président de la chaîne Histoire, et proche de M. Sarkozy.

La Cour a épinglé également pour les mêmes raisons une série de 15 études d’opinion publiées dans la presse, et facturées également à l’Elysée par le cabinet de conseil. Mais, là, la Cour n’a pas révélé quels instituts de sondages avaient réalisé ces études, ni quels médias les avaient commandées.

Le président d’OpinionWay, Hugues Cazenave, avait assuré vendredi à l’AFP que son institut n’avait pas réalisé ces 15 études, dont Delphine Batho, porte-parole de l’ex-candidate PS à la présidentielle a demandé la publication.

Si la polémique était centrée vendredi sur OpinionWay et Le Figaro, qui ont tous deux dit être "prêts" à montrer les factures, elle s’est déplacée sensiblement dimanche sur le cabinet de conseil de M. Buisson.

Dans un communiqué intitulé "L’Elysée essaie d’étouffer l’affaire des sondages OpinionWay et du cabinet Buisson", Mme Batho a annoncé qu’elle allait demander la création d’une "commission d’enquête" sur les sondages "financés par l’Elysée ou par l’intermédiaire de son cabinet conseil".

La Cour des comptes épingle en effet la convention signée le 1er juin 2007 entre l’Elysée et ce cabinet —dont ni le nom ni celui de son gérant ne sont mentionnés— pour un coût "avoisinant 1,5 million d’euros" sous la forme de "près de 130 factures".

Pour Mme Batho, "il y a désormais trois versions différentes des faits. Celle d’OpinionWay, celle d’Etienne Mougeotte (directeur des rédactions du Figaro, ndlr) et maintenant celle de Claude Guéant".

"Tout cela confirme l’embarras des intéressés, mais aussi l’existence d’un système de coproduction et de connivence dont la finalité n’est pas l’étude de l’opinion, mais la maîtrise du débat politique dont les termes sont pipés", a-t-elle accusé.

Durant la campagne présidentielle, M. Buisson, qui conseillait M. Sarkozy, était dans le collimateur de Ségolène Royal et de François Bayrou, président du MoDem. Ils estimaient que ce spécialiste des sondages oeuvrait pour Nicolas Sarkozy avec l’aide d’OpinionWay.


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