L’immense majorité des Français comprend la colère des ouvriers (sondage IFOP du 27 au 29 juillet)

lundi 3 août 2009.
 

Un sondage IFOP-l’Humanité révèle que 62 % comprennent les séquestrations de patrons et 50 % les menaces de destruction de sites.

S’achemine-t-on vers une banalisation des actions radicales pour s’opposer à une fermeture d’usine ou un plan de licenciements ? L’enquête de l’IFOP- l’Humanité (1) révèle que 44% des ouvriers adhérent à l’idée de séquestrer des patrons (4% les condamnent), soit une progression de 4% par rapport au sondage que ce même institut avait réalisé en avril 2009 pour Paris Match. Et 52% les comprennent sans pour autant les approuver. « Cela peut laisser à penser que ce type d’actions ne va pas se tarir, puisque ses principaux acteurs restent très déterminés », estime Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département Opinion de l’IFOP.

Le pourcentage des ouvriers tombe à 30% lorsqu’il s’agit de juger les salariés qui menacent de faire sauter leur entreprise (contre 16%). Il n’en demeure pas moins que c’est dans cette catégorie professionnelle que la radicalisation des luttes rencontre le plus de sympathie. Sans doute les ouvriers sont-ils « les principales victimes des licenciements et des fermetures de site dans le secteur industriel », comme l’explique Jérôme Fourquet.

Mais quels que soient le milieu professionnel, le sexe, l’âge ou le territoire, « la compréhension vis-à-vis des séquestrations de patrons est majoritaire, même si le niveau d’approbation baisse quelque peu dans l’opinion publique par rapport à avril dernier », note le responsable de l’IFOP. Parmi les sondés, la séquestration passe mieux que les menaces de destruction d’entreprises, même si un sur deux dit comprendre ces actions pourtant violentes et si 16% les approuvent.

Est-ce le signe du désespoir face à une crise qui n’en finit pas ? Pour Jérôme Fourquet, « c’est davantage l’expression du malaise, de la colère et de l’exaspération face aux fortes inégalités de revenus entre les salariés et les actionnaires et les hauts dirigeants », notamment. Parmi les causes perçues dans la radicalisation des initiatives figure d’abord le sentiment d’injustice face à ces écarts de rémunérations et aux licenciements boursiers.

L’influence de l’extrême-gauche dans ce genre de mobilisation n’est retenue que par 11% des personnes interrogées, tranchant ainsi avec ceux qui martèlent dans les médias que la radicalisation des actions est fomentée par des militants de Lutte ouvrière ou du Nouveau parti anticapitaliste. Cet argument de « la main des gauchistes » avait été introduit dans le tableau des items pour mesurer son ampleur dans l’opinion. Or, ce sont les sondés condamnant les actions radicales qui le prennent majoritairement à leur compte, parmi eux essentiellement les sympathisants de l’UMP. Pour Jérôme Fourquet, « la colère est tellement forte chez les salariés victimes de licenciements et de fermetures d’entreprise qu’ils prêtent une oreille attentive à des discours radicaux sur le plan politique. Ce n’est pas LO ou le NPA qui soufflent sur la braise pour faire exploser les conflits ».

Mina Kaci

(1) L’IFOP-l’Humanité, échantillon de 1005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, enquête réalisée du 27 au 29 juillet 2009.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message