La justice donne raison à Erwan Redon et Christine Jousset deux profs désobéisseurs

dimanche 16 août 2009.
 

Le tribunal administratif de Marseille a ordonné l’annulation des sanctions financières sur leur salaire, décidée par leur hiérarchie pour avoir refusé d’appliquer certaines réformes de l’Education nationale.

Le tribunal administratif de Marseille a donné raison jeudi à deux professeurs « désobéisseurs » de l’école des Convalescents, dans le centre-ville de Marseille (Ier), auxquels leur administration avait retiré 32 jours de salaire sur trois mois de travail, au prétexte qu’ils n’avaient pas effectué les tâches requises.

Erwan Redon et Christine Jousset s’étaient vus sanctionnés sur leur fiche de paye pour avoir refusé d’appliquer « l’aide personnalisée » pour les enfants en difficultée (2 heures par semaine), voulue par l’ancien ministre de l’Education Xavier Darcos.

Contestant les vertus pédagogiques de ce dispositif, qui alourdit les journées, les deux instituteurs avaient préféré mettre en place des « ateliers éducatifs du Midi », une initiative approuvée par le maire de la ville. Ces ateliers consistaient à des activités calmes type jeux éducatifs, lecture, ou encore ordinateur, à raison de trois fois trois quart-d’heure par semaine. Un projet qui n’empiète pas sur les heures de cours mais sur celles de la pause déjeuner. « Avec ces ateliers nous proposons une autre approche pédagogique. Cela fait du bien aux enfants et permet de les rendre plus calmes pour les cours de l’après-midi », explique au figaro.fr Christine Jousset.

1.000 euros versés à chacun

Si l’initiative a séduit la municipalité de Marseille, qui réfléchit aujourd’hui à développer le projet à plus grande échelle, l’Education nationale, en revanche, a pénalisé les deux désobéisseurs. Le tribunal admnistratif de Marseille a lui estimé que « les modalités des obligations de service que devait exécuter M. Redon n’ont pas été précisées. Cela est de nature à faire un doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée ». Des arguments repris pour le cas de Christine Jousset. En conséquence, l’exécution des décisions par lesquelles les deux enseignants se sont vus priver d’une partie de leur rémunération « est suspendue », a conclu le tribunal. L’Etat a par ailleurs été condamné à verser à chacun des deux professeurs la somme de 1.000 euros.

Erwan Redon s’est félicité de la décision du tribunal : c’est « une bonne nouvelle pour tous les enseignants qui d’une manière ou d’une autre ont désobéi à leur hiérarchie, parfois avec leur bienveillance, en n’appliquant pas la directive de l’aide personnalisée, aberrante pour les enfants et destructrice pour les emplois d’enseignants spécialisés du réseau d’aide (Rased) », a-t-il rappelé. Reste que ce verdict pourrait bien encourager d’autres démarches judiciaires : plusieurs professeurs à travers la France auraient en effet été récemment financièrement pénalisés pour ne pas avoir respecté les nouvelles directives de l’Education nationale.

Flore Galaud (lefigaro.fr) 14/08/2009 |


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