PARTI SOCIALISTE, LE JOUR DES TRICHEURS : Du congrès de Brest "arrangé" au référendum de 2005, pas un vote mais juste un putsch

dimanche 20 septembre 2009.
 

MON TEMOIGNAGE, MES SOUVENIRS

On trouvera dans les archives de ce blog les articles que j’ai consacrés à la tricherie dans les élections internes du Parti socialiste, du temps où je m’acharnais au PS à gagner des votes que la tricherie dénuait de tout sens. La triche était déjà connue en effet. On ne discutait que son ampleur. L’impression de système généralisé devenait de plus en plus forte à mesure que les scénarios se répétaient. Par exemple l’ordre dans lequel les fédérations votaient, les plus grosses corrigeant le résultat des plus petites d’autant plus facilement que certaines représentent à deux ce que pèsent des dizaines d’autres. L’observateur a ainsi l’impression en première semaine que la partie est disputée puis qu’elle se dénoue en deuxième semaine, d’une façon « incontestable ». Mon intime conviction s’est fixée quand j’ai été personnellement témoin de deux situations où j’ai été impliqué dans un « arrangement » entre « camarades responsables ».

Quand je fus candidat contre Hollande après le Congrès de Brest du PS. Le système d’élection au suffrage universel du premier secrétaire commençait. Un désordre inouï régnait. La commission fut réunie pour dépouiller les résultats. Les procès verbaux étaient bidonnés de tous côtés. Des sections qui n’avaient pas voté étaient censées avoir centralisé des résultats, certaines fédérations envoyaient successivement des procès verbaux différents. Les représentants de mon courant quittèrent la commission, la centralisation du vote ne fut jamais finie, et le résultat ne fut jamais acté. Dans le bureau de François Hollande, en tête à tête, nous avons eu une explication sérieuse. Je lui ai dit que je ne doutais pas qu’il ait gagné et donc que je ne cherchais pas à salir son entrée en fonction mais que je n’étais pas d’accord pour être humilié de cette façon avec un tel « vote ». On convint donc d’un résultat qui serait annoncé : 85 % pour lui, 15 % pour moi. On gagnait des voix tous les deux par rapport aux votes des motions. Reste que c’était un arrangement. Comme d’habitude avec Hollande, rien ne fut tenu. Le jour même il fut annoncé au conseil national du parti un résultat « voisin du score des motions au congrès ». Je protestais entre quatre yeux. Il me rassura. Trois semaines plus tard le journal du parti publiait en bas de pages un résultat « conforté » : 92 % pour lui, 8% pour moi. On peut vérifier ça en reprenant les verbatims des Conseils nationaux du Parti socialiste et la collection des journaux du PS qui montre comment, curieusement, le résultat du premier vote pour le premier secrétaire a été publié si longtemps après qu’il ait eu lieu.

La seconde fois ce fut pour le congrès du Mans du PS, celui qui suivit le vote « non » au référendum. Dans la nuit nous étions dans le bureau de Claude Bartolone où se centralisaient les résultats pour notre motion dont Laurent Fabius était le premier signataire et moi le second. L’écart de chiffres entre ceux donnés au compte goutte par le siège du parti et les nôtres étaient annonciateurs d’une catastrophe pour nous. Les premiers commentaires donnés par Stéphane Lefoll et François Rebsamen nous plaçaient à quinze ou dix sept pour cent. J’incitais Claude à faire un esclandre. Je lui ai rappelé mon épisode avec Hollande. Je lui ai rappelé comment, eux mêmes, les fabiusiens s’étaient amusés en nous disant que quinze mille voix nous avaient été volées au congrès de Dijon qui avait suivi la défaite de Jospin à la présidentielle. Je lui ai rappelé que mes amis étaient partis les derniers de la commission de centralisation des résultats du référendum interne sur le « oui ou le non » à la Constitution Européenne en protestant contre la tricherie et comment les images télé sur le sujet avaient cessé d’être diffusées dés le lendemain matin. Je lui avais dit « ou nous hurlons maintenant ou ils penseront qu’on avale le résultat et nous passerons juste pour des mauvais perdants ». Il est vrai que nous accumulions une série importante de témoignages de grosses tricheries mal faites et vraiment très visibles. Donc, nous nous répandîmes lui et moi, en protestations et dénonciations. Je l’ai fait sur plusieurs radio et télé le lendemain aux premières heures. J’ai publié une note sur ce blog et même plusieurs. De tout cela les traces restent. De son côté Bartolone a dû faire valoir des arguments forts qu’on ne peut écarter. A midi le résultat bougeait. Nous avons alors été côtés à 21 %. Quatre point gagnés aux décibels. Mais quel était le vrai résultat ? Personne ne le saura jamais. D’où ma surprise ce matin d’entendre Laurent Fabius déclarer qu’il n’y aurait pas d’éléments probants à propos du trucage des votes au PS. Lui-même nous avait déclaré en réunion que sans doute y avait-il eu de la triche dans le vote du Référendum sur la Constitution Européenne.

RESPONSABLE !

Beaucoup doivent se demander comment on peut avoir vécu cela et l’avoir supporté. Précisément je ne l’ai jamais supporté. Ni mes amis. A chaque congrès ce furent les même cris et hurlements. Mais personne n’écoute. Personne ne le croit. On passe donc juste pour un mauvais perdant. La triche devient ensuite un système généralisé. Puis le système des alliances changeantes d’un congrès à l’autre verrouille le système. Donc, tout le monde « tient » tout le monde, et c’est la loi du silence. Pour ma part je repartais l’estomac noué de ces séances où le travail des militants sur des milliers de kilomètres de déplacements d’une section ou fédération à l’autre pour les « débats avant les votes » sont annulés par quelques tricheurs dans un bureau. On se sent inutile. La bataille paraît vaine. On se dit qu’on sert juste de caution à un système fondamentalement inchangeable.

Mais je dois à la vérité de dire que les choses ne prirent cette tournure d’organisation d’un système généralisé que sous les mandats François Hollande, alors que, jusque là, tous nous pensions qu’il s’agissait d’un folklore détestable concentré dans quelques fédérations de notables comme Georges Frèche et surtout Robert Navarro l’inamovible premier secrétaire fédéral de l’Hérault, par exemple. Cela ne veut pas dire que ce soit Hollande qui ait organisé ou même permis tout cela car je n’en ai ni preuve ni intuition. Selon moi, cependant, il est bien certain qu’il ne pouvait rien ignorer de tout cela après ce que je viens de rappeler sur sa première élection interne. Mais il est possible que son cynisme ordinaire l’ai fait rire de tout cela. Ce qui devait l’amuser ce sont nos efforts pour se faire entendre, nos tournées vaines des sections, nos heures de discours passionnés, dont tout se défaisait ensuite sans états d’âme avec la gomme et le crayon de papier.

Les personnes qui n’ont jamais été militantes ne peuvent pas comprendre l’attachement irraisonné que l’on peut avoir envers son parti. Il semble souvent être comme une famille en dépit de ses turpitudes. Il faut savoir que celui qui proteste en est presque gêné. La triche des autres paraît moins grave que le fait que « ça se sache ». Et d’ailleurs le raisonnement qui lui est opposé discrètement est construit sur ce sentiment de culpabilité collective : « bon, voyons ! Tu sais bien que tu as perdu, non ? Tu ne prétends pas avoir gagné quand même ? Tu le sais bien. Bon alors, qu’est ce que tu veux maintenant ? Qu’on fasse ce que tu dénonces ? Qu’on rectifie le résultat là dans ce bureau ? Tu veux salir l’image du parti ? Non, tu ne le veux pas, je le sais bien. Donc restons en là ? Tu verras vous serez bien traités. » C’est comme ça que ça se passe. Ce sont des secrets de « famille ».

Comme le budget du premier secrétaire, les frais de bouche, la nomination des membres du conseil d’administration de l’institut Jean Jaurès et son budget, et ainsi de suite. Tout cela n’est rien par rapport à ce que le trucage des votes produit. Car de fait, non seulement notre vie militante nous est volée, mais le parti lui-même devient imperméable à la société et aux débats de ligne quand ils traversent toute la sphère de la gauche. Ainsi la ligne social démocrate, puis la ligne démocrate se sont imposés au Parti socialiste sans débat. Insidieusement, à travers des dirigeants qui la porte sans pouvoir jamais être atteint. Car quand on vote, autant chanter sous la lune. Ainsi le vote qui a tué l’unité du Parti socialiste, celui sur le référendum de 2005 n’est-il pas un vote mais juste un putsch. Demain les mêmes feront avaler l’alliance au centre, le changement de nom du parti ou ce qu’ils veulent. Il leur suffit de vouloir. Les « petites cuillères » comme on les nomme font le reste. Je pense que ma démarche devrait être mieux comprise de ceux qui continuent à jurer que « c’est au Parti Socialiste que ça se passe », qu’il ne faut « pas renoncer à l’influencer », et tout le reste des arguments qui servent à supporter la honte d’être partie prenante d’une aussi grossière entreprise de décervelage de la gauche. Le Parti de gauche permet d’être soi même. C’est mieux que d’être une ombre de soi au Parti socialiste.

Enquête sur un vote du dernier congrès au PS : « Hold-ups, arnaques et trahisons »


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