Quand les sondeurs se mettent à délirer...

dimanche 15 octobre 2006.
 

Le Canard Enchainé du 11 octobre 2006 révèle une bien triste réalité sur la crédibilité des instituts de sondage.

Dernier exemple en date, le sondage du Point (5/10) réalisé par IPSOS consacré aux prétendants à l’investiture socialiste.

« Selon cette enquête - écrit le Canard - c’est Ségolène Royal qui réussit le casse en récoltant 68 % des intentions de vote, contre 23 % à Dominique Strauss-Kahn et 9 % à Laurent Fabius. Autant dire que la désignation, le 16 novembre, du candidat officiel du PS relève désormais de la formalité...

En réalité, si hold-up il y a, c’est surtout contre les lois de la statistique. Car - « Le Point » ne mentionne ce détail qu’en caractères microscopiques - le coup de sonde a été réalisé auprès de... 245 cobayes. Ce qui, selon lesdites règles statistiques, inscrit les résultats à l’intérieur d’un « intervalle d’erreur » de plus de 13 points !

Ce n’est encore rien. En effet, précise la microfiche du « Point », les 245 sondés sont des « sympathisants du PS ». Or, le 16 novembre, seuls les adhérents du parti de Hollande se prononceront. Etant donné le faible taux de socialistes encartés parmi les « sympathisants » - à peine 3% -, le nombre de sondés d’Ipsos qui seront appelés à voter dans un mois n’excède pas 7 ou 8...

Autant de précisions que ni « Le Point », ni la chaîne télé LCI, qui a diffusé les résultats en boucle, ni les autres médias qui les ont repris, n’ont jugé bon d’apporter.

A quoi bon, d’ailleurs, s’embarrasser de ces chicanes ? Un coup de sonde (et un coup de pub) chasse l’autre. Le 9 octobre, la même LCI et « Le Figaro » ont assené de nouveaux chiffres, signés, cette fois, de la Sofres. Dans l’hypothèse d’un duel Sarko-Ségo au premier tour, le premier écraserait la seconde avec 38 % d’intentions de vote contre 29,5 %. L’écart le plus élevé depuis six mois !

Et tant pis si, dans « Le Parisien » du même jour, c’est Ségolène qui terrasse Nicolas de 10 points lorsque le CSA demande au peuple quelle personnalité il préférerait à l’Elysée.

Ce genre d’élucubrations -qui disqualifieraient n’importe quel expert - n’effraient pas la grande presse, acharnée à décortiquer savamment le moindre pourcentage sorti tout frais des ordinateurs. On cherche de « fausses querelles » aux sondeurs, s’insurge même un éditorialiste des « Echos » (6-7/10), qui cite toutefois quelques plantages récents des prophètes d’isoloir : en Autriche (défaite des conservateurs malgré les prévisions), en Hongrie ( panade imprévue des socialistes), au Brésil (second tour surprise pour Lula), etc.

Broutilles, analyse le confrère, beaucoup de citoyens changent d’avis au dernier moment et ces estimations ne sont que des « photographies instantanées des opinions ». Et quand ces « photographies » sont prises le même jour ? »


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message