Recomposition politique en cours, potentialités et risques (interview d’Olivier Dartigolles, porte parole du PCF)

mardi 20 octobre 2009.
 

Communistes : Les européennes ont bousculé le paysage. Les grandes tendances de juin dernier sont-elles toujours à l’oeuvre ?

Olivier Dartigolles : Oui. Lors des partielles, mais aussi dans les études d’opinion dont nous disposons, on retrouve ces caractéristiques. Les enquêtes, régionales ou nationales, indiquent une UMP qui plafonne à 30 %, avec un vrai problème pour trouver des réserves de voix pour le second tour. Cette droite, qui aime tant apparaître très dynamique, est donc confrontée à une réelle difficulté ; elle s’impose « par défaut » alors que la gauche, qui a un potentiel majoritaire, brille trop souvent par son « absence » et semble en quelque sorte « neutralisée ».

Communistes : Que dire des autres forces politiques ?

Olivier Dartigolles : Le FN semble en dessous de la barre des 10 % mais le jus politico-médiatique actuel pourrait faire le lit du populisme ; le Modem est en perte de vitesse ; on peut même penser que si cette donnée se confirmait, dans certaines régions il n’arriverait pas à passer la barre des 5 % nécessaires pour être en situation de fusionner. Les Verts, eux progressent, on l’a encore vu lors de la législative partielle de Rambouillet. Ils talonnent le PS et seraient en position de force si cette tendance se confirmait au printemps prochain lors des fusions de second tour. On peut imaginer qu’ils tentent des triangulaires dans l’espoir de ravir certaines régions.

Communistes : Le PS ?

Olivier Dartigolles : Il poursuit son érosion au profit, pour l’instant, des Verts. Cette tendance lourde est confirmée par les partielles mais aussi par les enquêtes qualitatives sur l’électorat socialiste. Ce n’est pas un trou d’air qu’il traverse mais un vrai décrochage, confirmé par l’état général de la social-démocratie à l’échelle européenne. Certes, lors de municipales ou de cantonales partielles, fort de son implantation, il peut progresser, mais dès que l’on passe au niveau national, les voyants sont au rouge. Or les régionales ont à la fois une dimension locale et une très forte dimension nationale.

Communistes : Que disent les enquêtes des communistes ? Du Front de gauche ?

Olivier Dartigolles : On sait que nous faisons du débat à gauche, du travail sur le contenu, dans le cadre notamment des ateliers, la priorité de notre action. Nous voulons qu’émergent des exigences fortes, bien à gauche, pouvant structurer un Front de gauche plus large. A l’heure actuelle, les études montrent un Front de gauche qui conforterait et amplifierait son score des européennes. Le CSA place le Front à 6 % et Opinionway à 8 %, soit 2 % de plus qu’aux européennes. Une bonne tenue donc, confirmée par le premier tour des partielles, cantonales, municipales ou législatives. J’ajoute que le NPA voit, lui, son influence s’effriter.

Communistes : Et l’abstention ?

Olivier Dartigolles : Elle reste une donnée forte. Pourtant, la mobilisation populaire peut être au rendez- vous comme vient de le montrer la votation pour La Poste. Quand les objectifs qu’on se fixe sont clairs, quand les gens ont le sentiment que c’est « jouable », qu’on peut y arriver, quand toute la gauche est en mouvement, quand ces conditions sont remplies, la dynamique est au rendez-vous.

Communistes : Est-ce que l’évolution du rapport des forces n’apporte pas un certain éclairage de la réforme du mode de scrutin voulue par Sarkozy ?

On comprend mieux les motivations de cette réforme pour les régionales/cantonales de 2014 ; il ne s’agit plus pour le Président d’encourager le bipartisme mais de permettre à une UMP à 30 % de garder le pouvoir, dans le cadre d’un paysage politique éclaté.

Propos recueillis par Gérard Streiff


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