Article Le Monde

Dans le Land de Sarre pourrait bientôt émerger un nouveau type de gouvernement régional rassemblant l’Union chrétienne-démocrate (CDU), les libéraux (FDP) et les Verts. Dimanche 11 octobre, le parti écologiste a en effet donné son feu vert à une alliance avec le président sortant du gouvernement sarrois, le chrétien-démocrate Peter Müller (photo), et les libéraux.

Cette décision devrait permettre à M. Müller d’être réélu malgré un grave recul de son parti lors des élections régionales du 30 août. Un gouvernement associant le Parti social-démocrate (SPD) et Die Linke, la gauche radicale d’Oskar Lafontaine, véritable vainqueur du scrutin régional avec 21,3 % des voix, aurait été envisageable.

Mais, selon le chef sarrois des Verts, Hubert Ulrich, le manque de confiance en la personne de M. Lafontaine a fait échouer ce projet. Même si l’ensemble des partis affirment que ce type de coalition ne peut servir de modèle pour l’Etat fédéral, il ouvre de nouvelles perspectives aux participants.

Cécile Calla

2) Les Verts allemands glissent à droite Article de L’Humanité

En Sarre les écologistes choisissent de reconduire la droite à la tête du Land plutôt que d’entrer dans une coalition de gauche avec Die Linke et le SPD, pourtant largement majoritaire.

Les verts allemands viennent de décider de passer alliance avec la droite en Sarre alors qu’une éventuelle coalition de gauche SPD/Die Linke/Verts disposait d’une très large majorité dans l’assemblée du Land élu le 30 août dernier. Cette décision s’apparente à un véritable coup de poignard dans le dos de la gauche germanique.

L’accord de gouvernement passé entre les chrétiens démocrates (CDU), le parti libéral (FDP) et les Verts va permettre au ministre-président (CDU) Peter Müller de rester en place en dépit des treize points perdus lors du scrutin. Le chef de file des Verts, Hubert Ulrich, se prévaut « d’importantes concessions » de la CDU sur les questions environementales pour se justifier. Mais l’arrangement ne trompe personne. Il vise naturellement à empêcher coûte que coûte Die Linke de faire son entrée pour la première fois dans un exécutif régional à l’ouest du pays. Sous la houlette d’Oskar Lafontaine qui fut jadis ministre-président du Land, ce parti avait obtenu plus de 21% des suffrages, talonnant le SPD.

Ce type d’alliance porte aussi un sérieux coup au SPD. Rejeté dans l’oppostion, après la débâcle subis lors du scrutin du Bundestag, les sociaux-démocrates comptaient jouer d’un meilleur rapport de force au sein du Bundesrat, la chambre haute du parlement allemand, composée de représentants des pouvoirs des Länder, pour contrer le gouvernement Merkel 2, fruit d’une alliance de droite pure sucre entre CDU et FDP. Et l’espoir de mieux s’opposer à partir des régions s’évanouie d’autant plus q’un autre accord de gauche possible a capoté en Thuringe quelques jours plus tôt, cette fois du fait des dirigeants régionaux du …SPD.

Le glissement à droite des Verts n’est pas à proprement parler une surprise puisqu’un flirt avec la CDU avait été engagé en Sarre bien avant le scrutin. Et les écologistes ne sont-t-ils pas déjà au pouvoir dans le Land de Hambourg avec la CDU ? En fait les Grünen disputent aux libéraux le même électorat bourgeois bohême des centres-ville. Et si beaucoup restent attachés à une tradition de gauche, ils sont de plus en plus nombreux à la direction nationale du parti, à plaider,au nom du pragmatisme, tel l’ex ministre des affaires étrangères Joschka Fischer, pour des « alliances à la carte. »

Bruno Odent

LES RÉSULTATS DU SCRUTIN DU 30 AOÛT 2009 EN SARRE

Droite chrétienne-démocrate (CDU) : 34,5 % (contre 47,5 % en 2004) Droite libérale (FDP) : 9,2 % (contre 5,2 %) Parti social-démocrate (SPD) : 24,5 % (contre 30,8 %) Die Linke : 21,3 % (contre 2,3 % pour le seul PDS cinq ans plus tôt) les Verts : 5,9 % (contre 5,6 %)