Après Kissinger, Obama prix Nobel de la Paix ? Sidérant

lundi 19 octobre 2009.
 

Henry Kissinger avait déjà obtenu le Prix Nobel de la paix

On le sait, le Chili a rudement souffert d’un coup d’état militaire en 1973, aidé directement par la CIA sous la responsabilité du secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Henry Kissinger. La même année, "Dear Henry" comme l’appelait Richard Nixon se voyait récompenser d’un prix Nobel de la Paix. Une honte. La responsabilité directe de cet homme dans la terrible répression menée par Augusto Pinochet, avec lequel il eut des liens très rapprochés,est un fait établi, et son prix ne lui a jamais été retiré. Dans la préface du livre édifiant de Christopher Hitchens " Les crimes de Monsieur Kissinger" (éditions Saint-Simon), Laurent Joffrin, actuel Directeur de Libération, généralement peu sensible aux expériences de gauche conduites sur le continent latino-américain, reconnait qu’"Il apparait clairement que Kissinger a ordonné plusieurs assassinats politiques dans des conditions parfaitement illégales, en même temps qu’il déclenchait (..) en Amérique Latine, un répression d’une férocité inouïe." Pour seule justification, avec cynisme, H. Kissinger déclarera : "« Je ne vois pas pourquoi il faudrait s’arrêter et regarder un pays devenir communiste du fait de l’irresponsabilité de son peuple. »

26 ans plus tard, les responsables de la Fondation Nobel continuent leurs errements, de façon certes moins caricaturale, mais toujours fidèle à la même idéologie : la soumission à la politique étrangère de la première puissance économique. A présent, c’est le Président des Etats-Unis, M. Obama qui se voit attribuer d’un autre prix Nobel de la Paix. Toujours stupéfiant.

Même si les EU n’utilisent plus les mêmes méthodes qu’ils employaient dans les années 70, ils continuent de peser lourdement sur la politique d’Amérique Latine. Il y a quelques mois, ils ont laissé faire sans réaction un honteux coup d’état au Honduras.

Avec la crise, Nobel casse ses prix !

Il fallait oser. Barack Obama va recevoir un prix Nobel dit « de la paix ». Sidérant. L’homme, élu depuis moins d’un an, est à la tête de la première puissance économique de la planète qui regroupe à elle seule plus de la moitié du budget militaire mondial. Il est le Président d’un pays qui consacrera encore en 2010, donc sous son entière responsabilité, près de 660 milliards de dollars à son budget militaire, soit une augmentation de 2 % par rapport à l’année précédente. Il est « chef » d’une armée qui a encore 300 000 soldats hors de son territoire et qui est engagé actuellement dans deux conflits. Il prévoit prochainement l’installation de 7 nouvelles bases militaires en Colombie, 2 bases au Panama et 2 également au Costa Rica. Et, 876 autres bases militaires américaines sont déjà installées dans le reste du monde. Sous son autorité, l’année prochaine, les Etats-Unis ne retireront ni leurs troupes en Irak, ni en Afghanistan, et à l’inverse, selon son administration, les effectifs pourraient même finalement y augmenter, malgré les promesses électorales. Rappelons enfin, pour compléter ce rapide tableau, que, depuis son élection, la base de Guantanamo n’est toujours pas fermée, la date de janvier 2010 ayant été repoussée. Et puis, le Président Obama, certes fraichement élu lors des bombardements, est resté silencieux et inactif face au bombardement des populations civiles de Gaza, en janvier 2009.

Alors, pourquoi ce choix, selon la fondation Nobel, censé récompenser quelqu’un « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité » ? Peut-être justement pour masquer cette réalité, mais quelle piètre diversion. Certes, il serait stupide de mettre un signe égal entre Barack Obama et le sinistre George W. Bush, ce fanatique religieux ultra réactionnaire qui a fait tant de mal. Certes. Mais un homme politique doit être jugé sur ces actes et non sur ses discours. Et franchement, concernant les actes de M. Obama, on peine à voir, pour l’instant, la grande « rupture » qu’il était censé incarner avec la politique de son prédécesseur en matière de politique étrangère. La vérité est sans doute, que M. Obama, même s’il le souhaitait, ne peut s’extraire des logiques implacables qu’imposent de lobby militaro-industriel si puissant aux Etats-Unis. L’économie d’armement est un des principaux volants d’entrainements de l’économie de tout son pays. C’est d’ailleurs grâce à cette « force de frappe », sans rival, que ce pays reste la première puissance malgré la crise profonde qu’il traverse.

Malgré ses sourires, M. Obama défend les intérêts financiers de son pays, qui sont hélas contraire à toute logique de paix dans le monde. Ce sont eux qui sont à la source des principaux désordres du monde.

Avec ce choix, la fondation Nobel, au fonctionnement bien opaque, se décrédibilise définitivement.


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