Réunion unitaire du 16 octobre : Contributions du PCF, du NPA, des Alternatifs

mardi 27 octobre 2009.
 

1) Contribution du PCF à la réunion du 16 octobre

Les réunions du 28 septembre et du 7 octobre n’ont pas permis d’avancer sur le point qui nous paraît être une clé de voûte : vérifier si nous pouvons aller ensemble aux élections régionales sur des objectifs politiques communs. L’objet de ce texte est de clarifier ces objectifs communs. Nous avons à maintes reprises posé cette question lors de nos deux rencontres, mais le flou a persisté. Tout s’est passé comme si certaines des organisations réunies estimaient que nous pouvions aller ensemble aux élections régionales sans lever ce flou, ou plus exactement qu’il n’était pas forcément gênant que deux positions existent au sein des listes que nous pourrions former sur des questions pourtant aussi essentielles dans une élection de ce type que la vocation majoritaire de notre démarche et le rapport à la question des majorités à constituer au second tour et de leur fonctionnement futur.

Cela nous paraît totalement impossible, car les questions posées sont essentielles. Cela nous paraît de surcroît suicidaire : la cacophonie que risqueraient de faire entendre ces listes conduirait très vite à les rendre inaudibles.

Nous ne pouvons pas aller à ces élections avec comme seule base d’accord un programme commun minimum que l’on pourrait résumer ainsi : ne pas faire de listes avec le Parti socialiste au premier tour. Bien entendu, la constitution de listes communes au 1er tour n’obligent pas à être d’accord sur tout. Mais cet accord doit exister sur les objectifs politiques essentiels. Il nous semble donc absolument nécessaire de clarifier par écrit ces quelques points qui nous paraissent être des « incontournables ».

Juste un point de méthode : n’engageons pas un débat d’amendements sans fin ! Il s’agit dans notre esprit de s’engager ensemble sur quelques points politiques clés sur lesquels nous devons savoir si nous sommes d’accord pour pouvoir aller éventuellement plus avant.

1) A mi-chemin du quinquennat Sarkozy, et alors que la crise capitaliste ce cesse de s’amplifier depuis un an, ces élections auront un double enjeu politique essentiel : elles décideront de l’avenir des politiques mises en œuvre dans des collectivités régionales dont l’importance ne cessent de grandir, et elles donneront du même coup un signal fort sur l’orientation des politiques nationales attendues par les Français.

L’UMP n’aborde pas ces élections comme des élections intermédiaires, mais avec des ambitions de victoires et de reconquêtes des pouvoirs régionaux perdus en 2004. Le pouvoir sarkozyste vise ainsi à disposer de nouvelles armes dans son dispositif de remodelage de la toute la société et à relancer son projet politique, qui bute désormais sur des mobilisations répétées et l’opposition d’une part grandissante de notre peuple.

Cela implique de placer au cœur de notre combat des régionales des objectifs permettant de contrer ces ambitions : tout faire pour empêcher la droite sarkozyste de reconquérir le pouvoir dans les régions et comme il serait illusoire de penser réussir cela en n’opposant à la droite qu’une union de façade, tout faire pour créer les conditions de majorités régionales susceptibles de mettre en ouvre des politiques en rupture avec les choix sarkozystes et les logiques libérales.

L’ambition majoritaire de notre combat n’est dons pas un pis aller, un supplément d’âme, une concession faite au second tour à la nécessité de battre la droite, elle doit être placée au centre de notre bataille.

2) Si des listes autonomes de large rassemblement allaient à la bataille au premier tour, pour changer les rapports de force à gauche et pour que puisse s’exprimer de la manière la plus forte et la plus claire possible dans ces élections le besoin d’orientations politiques et de majorités régionales clairement engagées à gauche, ces listes devraient dire dès avant le premier tour qu’elles travailleront au second tour sans aucune ambiguïté au rassemblement et à la fusion de toutes les listes de gauche et écologistes, avec l’objectif de battre la droite, de permettre l’élection et la constitution de majorités solidement ancrées à gauche , de participer à la mise en oeuvre des objectifs de gauche de ces majorités, en particulier des options que nous aurions portées au premier tour, en allant jusqu’à la participation aux exécutifs, à l’exclusion de toute participation du MODEM, si les conditions existent de mettre en oeuvre ces objectifs.

3) C’est donc avec des programmes régionaux visant à être mis en œuvre que nous devons aller à cette bataille. C’est une des conditions de la crédibilité politique de notre démarche.

2) Contribution du NPA

Au bout de trois semaines de discussions positives, nous souhaitons apporter notre contribution à l’approfondissement du travail unitaire engagé. Il s’agit à notre sens de mettre en place un cadre politique national permettant une présentation de liste de premier tour sur l’ensemble du territoire à partir d’une analyse politique des enjeux nationaux et régionaux du scrutin. Ce texte vise à faire connaître l’éclairage du NPA sur les questions posées dans nos réunions et qui n’ont pas toutes trouvé à ce stade de réponse commune. Comme nous l’avions proposé à la fin de la précédente réunion, chaque composante doit pouvoir contribuer à la réflexion commune sur programme et alliance. Voilà donc ce que le NPA propose à la discussion. Il va de soi que les propositions ci-après ne sont bien évidemment pas globalement à prendre ou à laisser.

Programmes et alliances sont deux questions liées. On peut faire front pour battre un adversaire, la droite, dans la rue et dans les urnes. Mais pour sceller une alliance susceptible de mettre en œuvre une politique, il faut un accord programmatique sur des bases solides, alternative à toutes les politiques de droite et aux politiques social libérales. Un programme inédit et ambitieux sur le plan social et écologique.

La recomposition rose/orange/verte au centre qui s’affirme n’est pas le simple fait d’un pragmatisme électoral. C’est le fruit d’un rapprochement programmatique basé sur l’idée qu’il existe une possibilité de gérer le système en le tempérant sur le plan social et écologique. A ce premier choix, il faut en opposer un autre : l’alliance de la gauche radicale, de « l’autre gauche », c’est à dire le bloc des anticapitalistes, des révolutionnaires et des antilibéraux. Il existe une base commune possible à cela. Cette base n’est pas tout le programme de chacune et chacun de nos mouvements. Ce programme part des aspirations de celles et ceux qui ne veulent pas subir les conséquences de la triple crise économique, sociale et écologique que connaît le capitalisme du XXIe siècle, de celles et ceux qui veulent inventer une démocratie directe et vivante qui ne s’arrête pas aux portes des entreprises et des quartiers populaires, de celle et ceux qui luttent au quotidien. Contre le chômage et les licenciements, contre les privatisations, pour la défense du pouvoir d’achat, la réduction du temps de travail, le droit à la sécu et à la retraite, pour un plan ambitieux de reconversion écologique, la mise en place d’un grand service public de l’énergie, contre toutes les formes de discrimination et d’oppression .... Et ce programme trouve sa traduction à l’échelle des conseils régionaux, sans toutefois se laisser enfermer dans le carcan budgétaire et légal..

Ce programme est la base des listes que nous entendons constituer dans les 21 régions. Nous nous engageons à le défendre dans les conseils régionaux et à le mettre en œuvre partout où le rapport de forces le permettra. Mais nous ne sommes pas prêts à brader nos idéaux, à tourner le dos aux aspirations populaires, à nos responsabilités d’écologistes radicaux, dans un gouvernement de région dirigé par le PS tel qu’il est.

Nous voulons être libres de nos votes. On ne peut pas allier, sauf à se renier, ceux qui subventionnent les lycées privées, les boites qui licencient et ceux qui veulent mobiliser les fonds publics dans l’intérêt des salariés et de la population, ceux qui veulent gérer le système et ceux qui veulent rompre. Le programme des socialistes et de plus en plus proche de celui du Modem et de plus en plus éloigné des aspirations populaires, d’un programme 100 % gauche.

En 2004, les socialistes ont annoncé que les 20 régions sur 21 régions métropolitaines qu’ils dirigeaient seraient un rempart pour protéger les populations contre la droite. La pratique a démontré que c’est loin d’être le cas. Il faut une autre politique, alternative aux gestions social libérales des régions.

Ces élections ont donc bien un double enjeu, national et régional. National car dans cette dernière échéance majeure avant 2012, il s’agit de faire naître une dynamique politique qui combatte résolument les mesures réactionnaires de Sarkozy et qui offre un projet réellement alternatif, en rupture avec les politiques d’accompagnement du système. Seule l’émergence d’un rassemblement de la gauche radicale pourra susciter espoir, dynamique et contribuer aux victoires de demain dont nous avons tant besoin.

Ce sont ces raisons fondamentales qui justifient que nous tournions le dos à toute alliance de premier tour avec le PS. Et c’est l’urgence sociale et écologique qui impose la clarté, la lisibilité de notre accord à l’échelle nationale. Donc un accord national et pas un accord à géométrie variable.

Sans hésiter, nous ferons tout pour battre les listes soutenues par Sarkozy et nous voulons utiliser la loi électorale telle qu’elle est pour obtenir un nombre d’élus qui correspond à la proportion de la population que nous représentons. Ainsi nous prenons notre part dans la défaite nécessaire du pouvoir central et nous permettons à nos électeurs du premier tout de revoter pour nous au second.

C’est pourquoi nous sommes prêts à envisager des fusions « démocratiques » ou « techniques » selon les dénominations. Évidemment, même démocratique/technique, c’est un geste politique. Et là dessus, nous avons une ligne de conduite :

• nous pouvons fusionner avec les forces de gauche avec lesquelles nous proposons l’unité dans la rue, face à la droite aux élections. Ce qui inclut le PS et ce qui exclut le Modem.

• avec le PS, la seule fusion possible, c’est une fusion pour battre la droite, assurer la représentation proportionnelle des rapports de force issus du premier tour et pas une fusion sur une base programmatique commune introuvable.

3) CONTRIBUTION DES ALTERNATIFS

Le processus de discussion engagé entre les forces de la gauche de transformation sociale et écologique doit conduire chacune de ces forces à exposer clairement sa stratégie : c’est la condition d’un travail en commun en confiance et dans la durée.

Pour les Alternatifs l’enjeu stratégique est de faire émerger une gauche alternative, féministe, autogestionnaire et écologique, à vocation majoritaire, ancrée dans les mobilisations et à même de porter et appliquer des objectifs permettant de dépasser le capitalisme productiviste.

Le combat contre ce système est à mener d’abord dans les mobilisations sociales et aussi dans les urnes.

La mobilisation populaire est la clef de ce combat, et ce, quelles que soient par ailleurs la place respective que peuvent donner nos diverses organisations aux luttes et aux élections dans leur stratégie. Etre en capacité de porter des réformes majeures d’abord dans les luttes, et si les conditions en sont remplies dans les institutions, est aussi un facteur de construction d’une gauche d’alternative. En effet, l’enjeu pour la population se situe sur ce terrain plus que sur celui du changement des rapports de forces entre formations de gauche, souvent renvoyées dos à dos dans une période de crise profonde de l’engagement et des perspectives politiques.

Le système capitaliste n’est plus supportable, sur les plans économique, démocratique, social, et écologique. On ne peut s’en tenir à des aménagements à la marge. Une alternative globale est vitale : là est la ligne de partage première avec les sociaux et écolos libéraux ;

Aucune de nos organsations n’est seule en mesure de construire une force politique efficace à une échelle de masse. Ensemble, nos organisations doivent constamment contribuer à développer l’échange, sans hiérarchisation entre le social et le politique, avec les mouvements d’émancipation, féministes, altermondislaites, écologistes, sociaux, démocratiques...

Nous ne pouvons préjuger de la forme que prendra/prendront la force/les force(s) politique(s) au service de l’émancipation. Au stade actuel, c’est un front commun durable des forces et organisations de la gauche de transformation écologique et sociale qui est à l’ordre du jour. Le front commun peut donner espoir dans les luttes, et force à nos propositions.

Sa durabilité est condition de crédibilité.

Nous devons assumer la rupture stratégique avec le sociaux et écolo-libéraux et leurs organisations, car nos projets sont contradictoires. Mais cette affirmation ne nous conduit pas à mettre un trait d’égalité entre la droite d’une part, le PS et les écolo-libéraux d’autre part, et ce, tant en termes de bases sociales que d’orientation. Nous pouvons assumer des compromis avec ces forces sur des plate formes communes, mais toujours à l’aune des rapports de forces et de contenus en mesure de changer vraiment la société, pas au nom d’un moindre mal souvent alibi de l’alignement.

Pour ce qui concerne les élections régionales, cette démarche conduit les Alternatifs au positionnement suivant :

Les Alternatifs réaffirment leur orientation en faveur d’un rassemblement durable, dans les mobilisations comme dans les urnes, d’une gauche de transformation sociale et écologique, pour une alternative au capitalisme et au productivisme. Cette construction politique nécessite tout autant l’unité des organisations politiques de gauche de transformation sociale et écologique que la mobilisation et la créativité populaire, non comme relais des partis politiques mais comme contribution décisive au processus de rassemblement

Les régionales à venir peuvent être l’occasion de faire un pas en avant pour, ensemble, avec les citoyens-ne-s, les associatifs et les syndicalistes, porter les exigences des travailleurs et des classes populaires, et contribuer ainsi à encourager, renforcer l’unité contre la droite et le patronat pour changer le rapport de force.

Au premier tour, les Alternatifs défendent la perspective d’un accord national pour des listes communes de la gauche et de l’écologie antilibérales et anticapitalistes, sur la base d’une plate- forme et de propositions communes, listes indépendantes du PS.

Nous ne sous-estimons pas le travail qui a pu être mené par des élu-e-s du PCF, du PG et d ’autres courants dans les conseils régionaux, cependant, pour les Alternatifs des listes untaires larges de la gauche de transformation sociale et écoloqiue peuvent permettre de renforcer la présence de la gauche anticapitaliste et antilibérale dans les conseils régionaux, d’adosser le travail de ses futurs élu-e-s à une vrai dynamique politique et militante.

Pour le second tour, afin de battre la droite, les Alternatifs défendent une fusion démocratique assurant une répartition juste entre les différentes listes se réclamant de la gauche et de Régions Ecologie. Une telle démarche exclut des accords avec des listes intégrant le MODEM. 

Les élu-e-s issu-e-s du rassemblement de la gauche de transformation sociale et écologique seront au service des mobilisations et porteurs de propositions alternatives. En cas de victoire face à la droite, si le rapport de force ne permet pas d’appliquer un projet commun, nous ne nous engagerons pas dans une solidarité de gestion. Les élus s’engageront à soutenir toute proposition allant dans le sens du projet et à combattre toute proposition contraire.

Pour les Alternatifs, l’existence de divergences sur le type d’accords après le deuxième tour (participation ou non à l’exécutif régional) parmi les composantes du rassemblement ne doit en aucun cas être un préalable au rassemblement lui-même ; le pluralisme de celui ci doit être assumé et il faut battre la droite.

C’est avec la volonté d’aboutir à un accord politique pour les élections régionales, première étape d’un front commun durable à vocation majoritaire, que les Alternatifs participent aux réunions de toutes les forces de la gauche antilibérale et anticapitaliste.

Les Alternatifs agiront pour que s’engage maintenant, à partir de ce cadre unitaire, un large débat

• sur les contenus d’une politique en rupture avec la logique du système capitaliste et du productivisme pour les régions,

• pour une politique de solidarité et de coopération juste et équitable au niveau international

• pour des démarches et propositions communes au service des mobilisations populaires

• pour l’ouverture, à travers la mise en place de forums citoyens, de ce cadre unitaire aux citoyennes et aux citoyens, associatifs, syndicalistes, intéressé-e-s par les contenus et la démarche de ce rassemblement

• plus globalement pour des discussions sur tous les points à régler pour trouver un accord, y compris la démarche stratégique, permettant de construire l’unité de la gauche de gauche et de l’écologie radicale.

Afin de ne pas dissocier le dire et le faire, nous devons travailler à un programme pour les régions et aux mesures clés à porter dans les conseils régionaux, y compris dans le cadre de discussions avec le PS et les Verts. A défaut, nous reproduirions les vieilles démarches : programme radical pour les élections, compromis au rabais dans les institutions.

Notre responsabilité est grande : divisés nous laisserions le champ politique s’organiser à gauche autour d’un débat entre le PS et les Verts, avec l’appoint éventuel du MODEM. Construire notre unité, c’est refuser le choix sans espoir entre soumission au PS et marginalité, c’est aussi exprimer et traduire en positif à travers un projet alternatif l’écoeurement généralisé et la désepérance et la colère sociale grandissantes qui peuvent -faute d’espoir et de perspectives- faire l’objet d’une récupération par l’extrême-droite.


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