La "libéralisation" du marché de l’énergie est partout une catastrophe

mardi 17 octobre 2006.
 

Aux Etats-Unis

18 Etats américains ont libéralisé leur marché électrique, en désintégrant les opérateurs historiques, en libérant les prix et en créant des bourses d’échange de l’électricité. Cette libéralisation a conduit à une explosion des prix et à une perte progressive de capacité de production liée à un sous investissement chronique.

L’exemple emblématique de cet échec est la Californie, cinquième puissance économique mondiale, qui a dérégulé son marché à partir de 1996. En moyenne, depuis 1996, les prix de l’électricité y ont doublé, avec un pic à +200% à l’été 2000 (soit une multiplication par 4), avec des coupures de courant régulières de l’été 2000 à mai 2001. Cette situation conduisit à la faillite de plusieurs opérateurs, dont le géant Pacific Gas et Electric, ou encore le courtier Enron.

La seule solution pour sortir de cette anarchie a été d’instaurer un rationnement administratif des consommations (!) avec achat direct du courant par l’Etat californien lui-même. Le redressement de la situation a coûté au total 42 milliards de dollars de fonds public à l’Etat de Californie, qui a même frôlé la banqueroute à cette occasion.

Encore aujourd’hui, les capacités de production californiennes sont durablement fragiles, en raison de l’absence d’infrastructure productive de long terme. Des ruptures momentanées d’approvisionnement continuent de se produire, notamment en été.

En faisant le bilan de cette libéralisation, les économistes américains (MIT notament) estiment qu’un tiers de la hausse des prix de l’électricité en Californie est directement lié à des manipulations financières de marché pour maximiser à court terme les profits.

D’autres Etats américains ont vécu des situations désastreuses après la libéralisation de l’énergie. La continuité d’approvisionnement n’y est plus assurée, y compris dans l’Est des Etats Unis où 50 millions d’habitants ont été plongés dans le noir pendant 24 heures en août 2003.

Au Canada

La libéralisation entamée en Ontario en 2002 a dû être stoppée à peine un an et demi après, en raison du doublement des prix et des insuffisances de production. L’Etat d’Ontario a finalement déboursé 700 millions de dollars canadiens en 2003 pour éviter le black-out.

Au Royaume-Uni

La libéralisation précoce a eu aussi des effets désastreux : coupures de courant à londres et Birmingham à l’été 2003 ( à cause de pannes du réseau), explosion des prix et faillite de British Energy en 2002, qui a dû être renflouée par de l’argent public (980 millions d’euros).

La désintégration des activités de production, de fourniture et de transport a conduit à une dégradation rapide de la maintenance du réseau électrique. National Grid, gestionnaire du réseau, estime que le budget de maintenance devrait être doublé rien que pour le maintenir en état.

( extraits de l’hebdomadaire A Gauche n° 1055)


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