Congrès de la CGT : les minoritaires ont un candidat face à Bernard Thibault !

lundi 9 novembre 2009.
 

Ce serait une première pour la CGT depuis 1948 et la scission avec Force ouvrière. Le secrétaire général, Bernard Thibault, qui se présente pour un quatrième mandat à la tête du premier syndicat français (en audience), pourrait avoir un challenger lors du 49e congrès qui se tiendra à Nantes du 7 au 11 décembre. Samedi 24 octobre, à Paris, une cinquantaine d’adhérents ont avancé le nom de Jean-Pierre Delannoy, 57 ans, responsable des métallurgistes du Nord, comme porte-parole de l’opposition et candidat potentiel. Pour aller au bout de cette démarche, il faudrait que ce dernier soit élu à la commission exécutive qui élit le secrétaire général.

"C’est une candidature symbolique mais cela créera un précédent pour peser dans le débat sur l’orientation de la CGT", reconnaît l’intéressé, qui a travaillé chez Bombardier (ferroviaire) et est adhérent de la CGT depuis 1972.

Samedi, face à une banderole "Pour un syndicalisme de classe et de masse", se sont retrouvés des opposants historiques comme "Continuer la CGT" ou "Tous ensemble", des représentants d’unions locales (UL) du Nord, des militants de Rhône-Alpes, de la région parisienne. Ils prévoient un meeting à Nantes dans les premiers jours du congrès mais restent sans illusions. "C’est un congrès d’opérette, les délégués sont triés", a dénoncé un métallurgiste, membre de l’UL de Douai. Ils reprochent à M. Thibault un syndicalisme "d’adaptation au capitalisme" calqué sur celui de la CFDT. "La direction tend à liquider l’identité de classe de la CGT qui fait sa force et son histoire", dit une courte déclaration rédigée à l’issue de la réunion.

Virulents, les opposants sont conscients de leurs faiblesses. "On a du mal à rassembler, reconnaît Robert Pelletier, responsable CGT chez Schindler (ascenseurs), et il n’y a aucun représentant des boîtes comme Continental, Molex, GoodYear..." Le risque pour la direction réside dans la conjonction de ces oppositions avec le mécontentement de nombreux militants.

La critique du capitalisme, vivifiée par la crise, réveille les tenants d’un syndicalisme de "lutte de classes". "Avec la crise, l’orientation de la CGT, sa participation à l’intersyndicale avec le peu de résultats obtenus face au gouvernement et au patronat, semble patiner, analyse René Mouriaux, spécialiste du syndicalisme. La direction est en difficulté face aux impatiences d’une partie de la base."

Bernard Thibault, lui, n’est pas inquiet. "Il y a des militants qui se la racontent un peu sur le potentiel de mobilisation des salariés, explique-t-il au Monde, et c’est une vraie divergence sur l’analyse de la situation." "Que l’on s’interroge sur ce que la CGT fait, ne fait pas ou devrait faire, c’est légitime, mais dire que la direction a une responsabilité particulière dans la dégradation de la situation sociale n’est pas sérieux", fait valoir M. Thibault, qui présente la "progression" (en pourcentage) de son syndicat lors des élections prud’homales de décembre 2008 comme un élément clé de son bilan.

Rémi Barroux


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