Pour DSK, le smic ukrainien à 66 euros (18 fois moins que le smic français), c’est trop !

vendredi 6 novembre 2009.
 

A l’annonce de l’augmentation de 20% du salaire minimum validée par le président ukrainien, Dominique Strauss-Kahn a hurlé au déficit ! Rapporté au revenus nationaux, l’augmentation représenterait un peu plus de 10€ par mois...

Le protectionnisme n’est pas un nationalisme

Halte là ! Le président du Fonds monétaire international veille ! Quand il voit un Etat frappé de plein fouet par la crise montrer des velléités de politique sociale, Dominique Strauss-Kahn rappelle aux sacro-saints principes du Fonds. A peine le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a-t-il esquissé le projet d’augmenter le salaire minimum ukrainien de 20% que DSK a frappé du poing sur la table : face au risque de voir le déficit budgétaire de l’Etat ukrainien croître de 10 milliards de dollars, il a menacé de ne pas mener à son terme le quatrième versement du programme d’aide du FMI d’un montant total de 16,4 milliards.

Le monopole total du FMI sur l’aide aux pays frappés par la crise...

Las, n’écoutant pas les sirènes de Washington, le chef d’Etat ukrainien l’a fait quand même ! Pour des raisons électoralistes, sûrement (le scrutin présidentiel est dans trois mois et Viktor Iouchtchenko est candidat) mais aussi pour des raisons bêtement sociales. Victime de la crise et sans grand atout économique, l’Ukraine possède l’un des salaires minimum les plus bas d’Europe : environ 700 hryvnias, soit 55€, le double du minimum dans la plupart des provinces chinoises. Une augmentation de 20% le porterait donc à... 66 € !

Mais c’est là l’insigne atout de cet organisme : « le FMI traite avec des pays à qui personne ne veut prêter, concédait Valdis Dombrovskis, Premier ministre letton. Il est presque toujours dans une situation de monopole ! » Aidé par le Fonds, la Lettonie a réalisé que les schémas sur lesquels étaient bâties ses prévisions étaient trop optimiste : là où les économistes du FMI prévoyait 5% de récession, le pays s’achemine désormais vers 18% de recul du PIB, une situation dans laquelle les objectifs de déficit du FMI (5%) sont intenables...

Mais l’argument ne semble pas avoir plus porté pour l’Ukraine, dont la devise a pourtant perdu un cinquième de sa valeur en une semaine fin octobre. Plutôt que de s’attarder sur la situation de ce pays, le FMI se contente d’appliquer sa grille de lecture et de rappeler à l’ordre les autorités locales si elles dépassent les 5% de déficit public. Pour avoir brisé le thermomètre de Washington, le patient Ukraine pourrait bien se voir couper la perfusion.

En imposant la même logique délétère du FMI, qui a déjà fait faillite en Amérique Latine dans les années 1980 et 1990, DSK se donne peut-être tous les moyens de plaire aux tenants du dogme neolibéral. Mais il se met dans une piètre posture pour devenir le challenger de Sarkozy en 2012 : le Smic français vaut 18 fois celui de l’Ukraine.

Est-ce bien raisonnable, Monsieur le Directeur général du FMI ?

Sylvain Lapoix


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