Le gaspillage de l’eau, c’est le pillage par le privé

mercredi 11 novembre 2009.
 

La gestion intégralement publique de l’eau, conçue et défendue à l’échelle mondiale et appliquée à l’échelle locale, est le seul modèle qui permet de garantir une exploitation raisonnée et la préservation de ce bien commun de l’Humanité

La presse vient de révéler l’incroyable scandale du délabrement du réseau d’eau potable en France, entraînant un gaspillage évalué à 2 milliards d’euros. Feignant de découvrir le problème, le gouvernement, par la voix de Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, s’empresse de rejeter la faute sur « Les collectivités [qui] ont l’obligation par la loi de rechercher les fuites », en menaçant « de leur demander de ramener leur taux de perte à 15 %, voire moins dans les zones urbaines denses ».

Mais ce gaspillage est avant le résultat du véritable pillage par les entreprises privées de ce bien commun de l’Humanité qu’est l’eau.

Aujourd’hui, en effet, près des trois quarts des communes font le choix de déléguer la gestion du service de l’eau aux multinationales Veolia, Suez, ou Saur, qui réalisent, comme l’ont démontré plusieurs fois des enquêtes menées par les associations de consommateurs, des marges bénéficiaires inouïes dans la plus totale opacité. Evidemment, les services de communication de ces compagnies du Cartel de l’eau ont immédiatement réagi pour dire leur accord avec la ministre sarkozyste, et « renvoient la responsabilité aux élus locaux », selon le JDD, en poussant la provocation jusqu’à prétendre - sans craindre les contradictions - que les réseaux français sont « en meilleur état qu’ailleurs » (Veolia) ou que leur rendement se situe « dans la moyenne européenne » (Suez)... il faudrait savoir !

C’est avant tout à cause de ces prédateurs, à qui des élus acceptent de déléguer leur mission de service public, que l’eau est aujourd’hui en France non seulement gaspillée, mais aussi de plus en plus marchandisée et polluée. Dans le monde, l’eau est en train de devenir un enjeu stratégique comparable au pétrole, sous la pression du modèle financier et productiviste, générant parfois des conflits armés.

Le Parti de Gauche considère que seule la gestion intégralement publique de l’eau, conçue et défendue à l’échelle mondiale et appliquée à l’échelle locale, est le seul modèle qui permet de garantir une exploitation raisonnée et la préservation de ce bien commun de l’Humanité. Contrairement à ce que dit le gouvernement Sarkozy, il ne s’agit donc pas de faire payer aux usagers et aux contribuables la remise en état d’un réseau que continueraient à exploiter sans vergogne les compagnies privées. L’eau doit redevenir publique !

Dans son manifeste pour les élections régionales, le Parti de Gauche déclare que « le droit à l’eau, la promotion de modes de consommation plus sobres sont également incompatibles avec une gestion privée qui pousse au contraire à la consommation irraisonnée et qui tire profit de l’inégalité d’accès croissante à cette ressource. » Le PG propose « que les régions mettent en place des structures Nous proposons que les régions mettent en place des structures régionales de gestion de l’eau. Ce afin d’inciter les communes à gérer ce bien commun en régie publique et de leur en fournir les moyens. De nouvelles politiques pourront alors être mises en œuvre, notamment sur le plan tarifaire : premiers mètres cubes gratuits afin de garantir le droit d’accès à ce bien commun, tarif progressif afin de décourager la surconsommation d’eau et la péréquation tarifaire afin de garantir l’égalité des citoyens. »

La bataille pour un grand service public de l’eau, partout sur le territoire, est centrale pour le Parti de Gauche. Il portera cette revendication lors de toutes les prochaines élections, mais aussi dans les mobilisations locales provoquées par la renégociation des contrats arrivés à terme. Il s’agit d’une bataille mondiale, et le Parti de Gauche participera également à la mobilisation contre le Forum Mondial de l’Eau qui se tiendra à Marseille en 2012, organisé par le prétendu Conseil Mondial de l’Eau, qui n’est qu’une officine des grandes multinationales du Cartel de l’eau.

Nicolas Voisin


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