Grève du 24 novembre 2009 : Appels syndicaux raisons de la grève

mardi 24 novembre 2009.
 

1) Appel commun intersyndical FERC CGT et FSU

Les organisations FERC-CGT et FSU rappellent leur attachement au développement de l’enseignement et de la recherche, à la qualité, à la démocratisation du système éducatif et à la réussite de tous les jeunes.

Cela nécessite d’autres réformes, ambitieuses et les moyens de les mettre en œuvre. C’est pourquoi les organisations signataires dénoncent le projet de budget 2010 ainsi que les orientations des réformes en cours ou projetées qui sont autant d’attaques contre le service public et laïque d’éducation et de recherche et qui renforcent la sélection et la ségrégation sociale.

16000 suppressions de postes prévues dans l’éducation en 2010 ! 50000 suppressions en 5 ans !

Et 30000 suppressions de postes cette année pour toute la fonction publique, 135000 sur 5 ans.

Il faut mettre un coup d’arrêt à cette politique !

Les effets cumulés des suppressions de postes dans toutes les catégories de personnels et de l’insuffisance des recrutements entraînent la dégradation des conditions de travail des personnels et d’études des élèves ainsi que des étudiants, l’augmentation de la précarité. Cela prive de nombreux jeunes de l’accès aux métiers de la fonction publique.

La réforme de la formation des enseignants telle qu’elle est proposée va à l’encontre de ce qui serait nécessaire ; elle est toujours inacceptable. De l’école maternelle à l’université en passant par le lycée, la voie professionnelle ou la formation des maîtres, les réformes mises en oeuvre ou projetées, pilotées par la volonté de réduction des moyens et de transformation « libérale » du système éducatif, se traduisent par la mise en concurrence, la diminution de l’offre de formation, la caporalisation et des pressions accrues sur les personnels et le dévoiement de leurs missions. Elles aggravent la situation et sont contraires aux objectifs de démocratisation affichés.

Les statuts, missions, conditions de travail et gestion des personnels sont mis à mal par la loi de mobilité, la réforme administrative de l’Etat et la LRU.

C’est pourquoi les organisations FERC/CGT et FSU appellent les personnels à participer massivement à la grève unitaire du 24 novembre 2009 dans l’éducation pour exiger :

* les postes et les recrutements à la hauteur des besoins ;

* une réelle revalorisation des rémunérations et des métiers de l’éducation ;

* l’amélioration des conditions de travail et d’étude ;

* une véritable formation des enseignants ;

* le maintien et l’amélioration des statuts ;

* un plan de titularisation de tous les précaires et l’arrêt de recrutement de précaires ;

* de toutes autres réformes en mesure d’assurer la réussite de tous les jeunes.

Elles les appellent à :

* assurer la réussite des initiatives prévues (rassemblements, manifestations, …), avec le souci d’y associer les usagers et la population ;

* se réunir en assemblée générale intersyndicale pour débattre des suites à donner à cette journée de lutte et de la construction d’un véritable rapport de forces au niveau interprofessionnel.

Liste des manifestations prévues pour ce 24 novembre 2009

2) Appel à la grève le 24 novembre (SUD Education)

La Fédération Sud Éducation appelle l’ensemble des personnels à la grève, le mardi 24 novembre 2009, et à tenir des Assemblées Générales le 24 novembre afin d’organiser collectivement la suite du mouvement.

Avis d’alerte rouge !

Les prévisions de budget 2010 laissent présager un état d’asphyxie pour l’Éducation Nationale : plus de 10000 postes supprimés dans l’EN, qui s’ajoutent aux 30000 déjà supprimés ces deux dernières années ! Le gouvernement poursuit sa politique de casse généralisée des services publics en démolissant l’éducation, la poste, le fret ferroviaire...

Ça suffit !!!

Non aux suppressions de postes et leurs corollaires :

- le recours massif aux heures supplémentaires ;

- les classes surchargées ;

- la dégradation systématique des conditions de travail pour les personnels et les élèves ;

- le recours galopant à l’emploi de personnels précaires ;

- les suppressions d’heures de cours et la disparition programmée des RASED.

Oui à :

- l’augmentation des recrutements aux concours ;

- une véritable formation des enseignants ;

- la revalorisation de tous les personnels et de leurs salaires ;

- la défense de leurs statuts ;

- la titularisation sans condition de tous les précaires.

En conséquence, la Fédération Sud Éducation appelle l’ensemble des personnels* à la grève, le mardi 24 novembre 2009

(*enseignants et chercheurs, IATOSS et personnels éducatifs, titulaires ou précaires, de droit public ou de droit privé)

L’appel intersyndical à la grève du 24 novembre s’ajoute à la campagne de cartes pétitions et lettres aux parlementaires du collectif « notre école notre avenir ». Mais nous savons touTEs qu’une journée de grève et de manifestations et qu’une campagne d’opinion ne suffiront pas. Les journées de grève tous les deux mois, qui sont souvent la seule perspective donnée par les directions syndicales sont aussi insuffisantes pour contraindre le gouvernement à une autre politique... C’est pourquoi SUD éducation appelle les personnels à tenir des Assemblées Générales le 24 novembre afin d’organiser collectivement la suite du mouvement.

Pour Sud Éducation, il faut mettre en débat dès maintenant la question de la grève reconductible dans l’EN et la construction d’un véritable rapport de force au niveau interprofessionnel.

3) Pourquoi les enseignants reprennent encore la rue

Article de L’Humanité

Ça repart ? Voire. En tout cas, une chose est sûre : après quelques mois de relative accalmie, le climat dans l’éducation nationale et l’enseignement supérieur se dégrade à vue d’oeil. Pour la première fois depuis la rentrée, les enseignants sont appelés ce mardi à la grève par la FSU ainsi que la Ferc CGT et Sud éducation. S’y sont jointes les organisations lycéennes Fidl et UNL, ainsi que l’Unef, Sauvons l’université et Sauvons la recherche. Des manifestations sont organisées partout en France. Dans la capitale, le cortège partira à 14 h 30 de Port-Royal (14e arrondissement),

direction Saint-François-Xavier (7e). Quelle que soit son ampleur, cette manifestation« doit permettre de lancer des mobilisations futures », explique Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU. Petit tour d’horizon des sujets qui fâchent et qui ne cessent de s’amonceller sur le bureau de Luc Chatel.

1. SUPPRESSIONS DE POSTES

Gros dégâts à tous les étages

Dès sa prise de fonction, Luc Chatel a mis fin au relatif espoir né après le départ de Xavier Darcos de la rue de Grenelle : non, il ne compte pas revenir sur le dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Résultat : le projet de budget 2010, débattu actuellement au Parlement, prévoit bien 16 000 suppressions de postes dans l’éducation. Qui viendront s’ajouter aux 13 500 de 2009, aux 11 200 de 2008… Au final, depuis 2002, ce sont près de 62 000 postes qui auront été supprimés dans les écoles, collèges et lycées. Un constat qui pousse la FSU et la Ferc CGT à réclamer « des recrutements à la hauteur des besoins ».

Car sur le terrain, les répercussions de cet « appauvrissement sans précédent de l’école publique », dixit le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, se font sentir de manière toujours plus aiguë. Pour essayer de maintenir dans les classes un taux d’encadrement vaguement identique d’une année sur Première journée de mobilisation

2. FORMATION

Colère unanime des syndicats !

Au coeur du mouvement universitaire du printemps dernier, avant d’être prudemment remise à plat, la réforme de la formation des enseignants, qui vise à recruter les professeurs au niveau master 2 (bac + 5), est redevenue explosive. En cause : les arbitrages rendus il y a quinze jours par Luc Chatel et Valérie Pécresse. Concours concentrés sur la seule année de master 2, épreuves axées davantage sur le savoir disciplinaire que sur la pratique pédagogique, masters trop généralistes… Les choix des deux ministres ont littéralement (re)mis le feu aux poudres. Au ministère de l’Enseignement supérieur, on souligne que le projet actuel est « une ligne médiane, qui permet de concilier les préoccupations, souvent différentes, des uns et des autres ». Une « ligne médiane » qui n’a pourtant trouvé grâce auprès d’aucun syndicat enseignant, ni même auprès de la consensuelle Conférence des présidents d’université (CPU) qui a demandé, jeudi dernier, aux ministères concernés de « revenir sur les schémas proposés ».

Certains points irritent particulièrement. À commencer par l’absence d’une véritable aide sociale aux étudiants alors que la présentation du concours de prof est repoussée d’une année. « Ces mesures tournent le dos à la mixité sociale du recrutement des futurs enseignants », s’indignent ainsi les syndicats FSU, Ferc-CGT, SUD et Unef qui, dans un communiqué commun publié hier, dénoncent une réforme « inacceptable ! ». Autre point chaud : Luc Chatel et Valérie Pécresse n’ont pipé mot de l’avenir des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), voués à disparaître. Un coup de force que ne peut que déplorer la conférence des directeurs d’IUFM : « Enseigner est un métier qui s’apprend, rappelait-elle mercredi dernier, et ne peut en aucun cas se réduire à quelques stages pratiques. »

3. RÉFORME DU LYCÉE

Les lycéens ne sont pas dupes

Annoncée avec toutes les précautions oratoires d’usage, la réforme du lycée va-t-elle passer sans encombre ? Pas sûr. Reçues avec une relative bienveillance par plusieurs syndicats, comme le Sgen-CFDT et le SE-Unsa, les mesures dévoilées la semaine dernière par Luc Chatel n’ont, en revanche, pas convaincu le Snes-FSU. Jeudi dernier, le principal syndicat des professeurs du secondaire a même appelé les personnels à la grève aujourd’hui tout en leur demandant de « refuser » cette nouvelle mouture de réforme.

Principal point de crispation : la nouvelle « autonomie » donnée aux lycées qui pourront, si la réforme passe, gérer à leur guise plus du tiers de leurs horaires. Une mesure qui doit ravir les huiles de l’OCDE mais qui ne manquera pas, selon le syndicat, de renforcer les inégalités entre établissements. Autre critique : la baisse des horaires de certaines disciplines afin de caser dans la semaine deux heures d’« accompagnement personnalisé », assuré par les profs. Verdict du Snes : « Cette réforme manque d’ambition et ne saurait répondre aux difficultés des élèves et à la demande de démocratisation du lycée. »

Les élèves partageront-ils ce constat ? Le gouvernement, qui avait dû replier ses gaules en retirant sa première réforme fin 2008, croise fiévreusement les doigts. Mais une chose est sûre : les organisations lycéennes sont plus que sceptiques sur ces nouvelles propositions. « Comment arriver à faire une grande réforme du lycée quand on supprime des moyens et des professeurs ? » interroge ainsi la FIDL. De son côté, l’UNL, première organisation, appelle aujourd’hui à des « réunion-débats » sur la réforme et « les lycéens qui le veulent à rejoindre les manifestations » contre les suppressions de postes. Bref, le temps s’assombrit pour Luc Chatel…

4. PRÉCARITÉ

Les enseignants sous pression

« On travaille à flux tendu », constate une instit chevronnée. Pris en étau entre les suppressions de postes et l’obligation d’assumer de nouvelles tâches, les professeurs affrontent, ces dernières années, une profonde dégradation de leurs conditions de travail. L’étude réalisée par le Snes-FSU auprès de 1 500 collèges et lycées, et publiée le mois dernier, est, à ce titre, particulièrement accablante. Une large majorité (66,4 %) des enseignants considèrent ainsi leurs classes « trop nombreuses » et « trop hétérogènes » pour y mener un travail efficace pour tous. « Le double discours qui, d’un côté, assure que tout va bien et qui, de l’autre, promet qu’en en faisant un peu plus, ça ira encore mieux, a atteint ses limites », analyse Roland Hubert, cosecrétaire général du Snes-FSU. De fait, la pression est maximale : selon cette étude, « 90% » des professeurs principaux avouent, par exemple, ne pouvoir en faire plus. Dans le même temps, pour pallier les suppressions de postes, l’éducation nationale multiplie le recours aux contractuels, recrutés au Pôle emploi et éjectés après qu’ils ont effectué leurs deux cents heures annuelles. Un dernier point exaspère la profession : malgré les promesses de Nicolas Sarkozy, les discussions sur une revalorisation salariale n’avancent pas. Actuellement, à niveau de qualification identique, les enseignants ont toujours des rémunérations inférieures de 35 % au reste de la fonction publique d’État. En octobre, Luc Chatel a proposé, royal, une augmentation « qui ne saurait être inférieure à 100 euros par mois ». Pas de quoi révolutionner la vie d’un prof des écoles premier échelon qui émarge à 1 338 euros net par mois… Signe des temps : selon un récent sondage CSA pour le Snuipp, les enseignants débutants sont 82 % à estimer qu’ils exercent un métier « plutôt dévalorisé aux yeux de la société ». Ils n’étaient que 59 % en 2001.

5. CARTE SCOLAIRE

Renforcement de l’école à deux vitesses

Pour Luc Chatel, il devient de plus en plus difficile de camoufler les effets délétères de l’assouplissement de la carte scolaire. Instaurée en 2007 par Xavier Darcos, cette réforme était censée favoriser la mixité sociale en ouvrant la porte des établissements cotés aux élèves des quartiers populaires… Las, c’est – sans surprise – tout l’inverse qui s’est produit. Comme vient de le constater la très officielle Cour des comptes, cette réforme purement idéologique a accentué la ghettoïsation des établissements les plus en difficulté. Ainsi, sur les 254 collèges classés « ambition réussite », 186 ont perdu « jusqu’à 10 % » de leurs élèves et généralement parmi les meilleurs. Résultat : les établissements boudés doivent gérer une concentration plus importante d’élèves en difficulté, avec, à terme, le risque de constituer des « ghettos scolaires »… Belle réussite !

Même s’il heurte les convictions de nombreux enseignants, ce creusement des inégalités – assumé idéologiquement – se retrouve à tous les échelons de la politique gouvernementale en matière d’éducation. Fin octobre, il y a eu le renforcement du financement des écoles privées, par le vote de la loi Carle. Ou encore, depuis plusieurs mois, la volonté de s’attaquer à la scolarisation des toutpetits à la maternelle avec la création, pour ceux qui pourront se le permettre, de jardins d’éveil payants. Le gouvernement tient à ce propos un double langage qui horripile les syndicats. « Il affirme, d’un côté, que ces jardins d’éveil sont là pour augmenter la prise en charge des enfants de deux à trois ans, mais supprime, de l’autre, des milliers de postes en maternelle ! » soulignait récemment Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp-FSU. De fait, le taux de scolarisation des enfants de deux à trois ans est passé de 35 % en 2000 à 18,1 % en 2007. Soit des milliers de familles, souvent pauvres, contraintes de retarder l’entrée en classe de leur enfant.

LAURENT MOULOUD


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