Tunisie : Taoufik Ben Brik condamné à 6 mois de prison

vendredi 27 novembre 2009.
 

Le journaliste tunisien dissident jugé dans une affaire "montée de toutes pièces" a été condamné à six mois de prison ferme.

Le ministère français des Affaires étrangères a réagi négativement. "Nous regrettons cette décision et rappelons notre attachement à la liberté de la presse en Tunisie comme partout dans le monde", a dit un porte-parole.

"Ben Brik passera six mois de prison, trois sur les accusations de violence, deux sur la charge de dégradation de biens et atteinte aux bonnes moeurs d’autrui et un pour avoir enfreint l’éthique", a précisé Radia Nasraoui, avocate du journaliste.

Accusé d’« agression, atteinte aux bonnes moeurs et aux biens d’autrui » à l’endroit d’une femme, le journaliste, qui a dénoncé la falsification de sa signature au bas des procès-verbaux de la police, a qualifié cette accusation d’« affaire montée de toutes pièces ». Son avocat, Me William Bourdon, a jugé « inquiétant » que l’affaire soit jugée sur le fond le jour même de l’ouverture du procès. « Je suis assez pessimiste quant au verdict. »

« LA VOIX DE LA TUNISIE » BÂILLONNÉE

La veille de son procès qualifié de « politique » par son épouse, Azzad Zarrad, plusieurs personnalités politiques venues exprimer leur solidarité avec le journaliste et les démocrates tunisiens étaient réunies dans une salle de la mairie du 2e arrondissement. Sous des affiches clamant « libérez les prisonniers d’opinion » ou « Taoufik Ben Brik, la voix de la Tunisie », ils ont, unanimement, dénoncé les privations des libertés fondamentales, dont celle d’expression. « Les droits de l’homme n’ont pas de frontières », a rappelé le maire, Jacques Boutault.

De son côté, Khemaies Chammari, qui a été vice-président de la Fédération internationale de défense des droits de l’homme et député en Tunisie, inquiété à de nombreuses reprises, a lu un poème écrit en prison par le journaliste.

L’émotion ne l’a pas empêché de s’insurger contre « ce procès préfabriqué qui lui est fait » et « la multiplication des arrestations abusives ». En réalité, en Tunisie, depuis la réélection de Ben Ali avec un score de 89,4°%, le régime durcit son autoritarisme. Michel Tubiana, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, Florence Aubenas (journaliste), Daniel Mermet (journaliste), Moncef Marzouki (président du CPR), Wala Said (journaliste irakienne), Hassane Zerrouky (journaliste)… nombreuses sont les voix de ses collègues à avoir pris fait et cause pour cet homme engagé.

Les personnalités politiques, aussi, ont exprimé leur soutien. La sénatrice verte Alima Boumediene, a invité « à poursuivre le combat face à une Tunisie de plus en plus policière » et à « mettre les élus face à leurs responsabilités ». « Alors qu’aujourd’hui, au Maghreb, reculent les libertés, il faut développer une alliance des luttes sociales et syndicales », a-t-elle poursuivi. Pierre Laurent a porté la voix du PCF, affirmant la nécessité de mener le combat en faveur de Ben Brik, et soulignant que « chez nous aussi, l’ambiance devient de plus en plus nauséabonde, inquiétante.

Tous les démocrates des deux versants de la Méditerranée ont besoin de s’unir ». Pour mémoire : après la victoire de Ben Ali le 25 octobre, Nicolas Sarkozy avait envoyé un courrier de félicitations à son homologue tunisien. C’est dire !

Fabien Perrier


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