Texte fondateur du Parti de Gauche Chilien (PAIZ : Partido de Izquierda)

samedi 5 décembre 2009.
 

Pourquoi maintenant, pourquoi nous .

Voici déjà vingt ans que le Chili est sorti de la dictature explicite et qu’il vit dans un système qui ne mérite pas le qualificatif de démocratique mais dont s’accommode presque tout le monde politique .Voici déjà vingt ans que l’atomisation des forces de gauche empêche la création d’ une alternative au pire des neo-libéralismes .Voici déjà vingt ans le messianisme des uns et des autres stérilise les luttes , les mouvements sociaux et les revendications populaires .

Voici déjà vingt ans que les « leaders » rejettent toute action quand ce ne sont pas eux-mêmes qui en ont inventé l’idée .

Si ce n’est pas maintenant... Quand ? Si ce n’est pas nous ....Qui ?

Nous , le peuple du Chili , assumons , une fois de plus , la responsabilité de faire l’histoire , le défi de faire en sorte que nos rêves deviennent réalité , la défense de ceux qui ont été mis à l’écart ,de ceux qui ont été réprimés ,niés , soumis , exclus , exploités et de ceux qui n’ont pas de droits . Pour l’audace , l’intelligence et la volonté politiques , la naissance du Parti de Gauche est une liberté de plus et une honte en moins . Les douleurs qui restent sont les libertés qui manquent .Personne ne peut être exclu de ce combat : la seule condition pour intégrer le Parti de Gauche c’est d’avoir la volonté de lutter pour les droits citoyens .

Notre vision part de quelques éléments qui permettent de comprendre la réalité politique et sociale chilienne et définit les tâches immédiates :

LE PEUPLE CHILIEN CONTRE LES HÉRITIERS ET LES BÉNÉFICIAIRES DU MODELE.

Tous les intérêts contradictoires qui croisent notre société se résument à une contradiction principale : celle qui sépare d’une part les héritiers assumés du legs de la dictature dans les sphères institutionnelles et économiques, d’autre part l’immense majorité du peuple chilien qui en paie les conséquences .

Vingt ans après le début de la mal nommée transition , la Constitution en vigueur est celle de la dictature et le modèle économique celui des Chicago-boys qui imposèrent la domination à outrance et sans contrepoids des marchés auto-régulés du neo-libéralisme .

LA POLITIQUE COMME POSSIBILITÉ DE NÉGOCE

Les organisations survivantes ont perdu tout contact avec le peuple chilien et avec la vraie société .

La dictature a détruit le dense tissu social qui caractérisait la société chilienne et a affaibli les structures politiques . Les vingt années de gouvernement de la Concertation ont achevé ce travail .

Les structures politiques survivantes ne sont qu’un « business »de représentation , une possibilité de négoce . Ses leaders ne pratiquent pas la politique mais le lobbying . Les partis ne réfléchissent pas : ils laissent cette tâche aux « Think Tanks » .

Les partis ne font pas s’organiser les citoyens : ils les éloignent de la politique pour assurer la « gouvernabilité » qui pérennise le modèle . Les partis n’offrent pas d’orientation : ils paient des entreprises »productives » , des cabinets de communication et de marketing .

LE PEUPLE CHILIEN N’EXISTE PAS

Le peuple chilien n’existe pas en tant qu’acteur de son propre destin . La Constitution de Pinochet impose le régime économique , fait de la grève une action anticonstitutionnelle , établit un match nul politique grâce au système électoral binominal , rend impossible la création de partis politiques enracinés dans la société réelle , interdit sa propre modification exigeant des majorités, qualifiées d’impossibles à atteindre, dans un régime binominal . Le peuple chilien ,-appelé de façon métaphorique « les gens » -, n’est pas le sujet de sa propre histoire mais à peine l’objet de la domination oligarchique .

Tout ceci conduit à la nécessité de lancer le Parti de Gauche dont la tâche fondamentale dans cette étape consiste à rendre au Chili sa qualité de République démocratique .

Nous naissons avec l’objectif de rendre possible une Assemblée Constituante qui dote le pays d’une constitution démocratique rendant au peuple chilien sa qualité de seul Souverain .Nous naissons pour unir dans un effort commun tous ceux qui n’admettent pas au dessus de leur tête le droit de veto d’un dictateur disparu .Nous naissons pour ouvrir à ce pays les portes de la liberté , pour reconstruire le tissu social qui fasse de la solidarité nationale un principe et une valeur de la République de tous .

Nous ne sommes une copie de rien mais le germe de quelque-chose de nouveau , nous sommes enracinés dans l’histoire des luttes sociales et politiques du peuple chilien . Nous ne surgissons pas de rien mais du ventre gravide d’une société qui doit accoucher d’un changement profond sous peine de sombrer une fois de plus dans une confrontation fratricide .

La société que nous voulons

Nous voulons l’émancipation globale de l’être humain . Le capitalisme nous entraîne vers des désordres économiques , sociaux , politiques et écologiques dangereux pour l’avenir de l’humanité , dangereux pour la démocratie .

La poursuite incessante du gain pour quelques rares personnes génère de la pauvreté et de la misère en même temps qu’elle creuse les inégalités à un niveau insupportable . En exilant la possibilité de l’action politique dans la sphère économique et en affaiblissant la solidarité nationale et la redistribution de la richesse créée avec l’effort de tous , elle avilit le citoyen et le transforme en client.

En assumant et en protégeant l’héritage de la dictature elle séquestre les lois et la Constitution privant le citoyen de ses droits les plus élémentaires . En institutionnalisant les privilèges pour ceux qui en ont le moins besoin , elle élimine d’un coup de plume le principe d’égalité et méconnait les exigences de l’intérêt général .

Pour atteindre l’objectif d’émancipation que nous proposons nous ne pouvons ni accepter ce système ni nous contenter de l’adapter et de « l’humaniser « . Nous devons le dépasser avec un autre type de développement qui fixe des limites à la sphère mercantile élargissant le champs d’action publique au bénéfice de l’intérêt général . Nous devons proposer de nouvelles formes de biens patronaux qui baseraient leur fondement sur les intérêts nationaux ,régionaux et locaux .

Nous voulons une refondation républicaine de la démocratie . L’intérêt général doit s’imposer par l’intermédiaire de la participation citoyenne . La citoyenneté et ses droits , doivent être étendus à tous les niveaux de nos institutions et dans toutes les sphères de notre économie, à tous les secteurs de la vie publique en incluant la protection de l’écosystème , la justice , le travail , la santé et l’éducation .Le produit de nos richesses basiques doit être utilisé pour le bienêtre du peuple chilien .

Nous entendons donner la priorité à la démocratie parlementaire qui s’oppose à la logique autoritaire présidentielle , revaloriser le suffrage universel et fonder une nouvelle République dans laquelle la consultation du peuple sur des thèmes qui affectent l’ensemble de la nation soit en règle .

La défense et la promotion de l’égalité des droits , de la laïcité et de l’égalité hommes / femmes doit être un principe fondamental de notre République . La reconnaissance des peuples autochtones , de leurs langues et de leur culture doivent être inscrits dans la Constitution Démocratique . Nous savons qu’il est illusoire de demander au capitalisme de donner des preuves de vertu prenant en compte le Bien Publique . Nous remettons en question le productivisme parce que nous croyons en le progrès humain et social .Nous affirmons l’urgence de modifier le mode de consommation et de production forgés par le capitalisme . Le développement harmonieux de nos régions , de nos provinces et de nos localités doit passer au- dessus de l’ irrationnelle mondialisation qui tue nos capacités productrices .

Nous nous prononçons pour une planification écologique au service d’un autre développement , qui protège les richesses maritimes et terrestres que renferme notre pays . Nous voulons commencer le plus vite possible la redistribution des recettes et de la richesse , en la rééquilibrant en faveur de l’immense majorité du peuple qui la produit par son travail , grâce à ses efforts , son intelligence et au temps qu’il lui consacre .

Nous voulons favoriser l’intégration économique régionale avec les pays voisins , créant des conditions pour avancer vers une intégration politique qui garantisse la paix , le développement et la stabilité . Nous voulons proposer au pays une méthode pour le changement social , méthode basée su l’extension et l’agrandissement des droits démocratiques , dans l’éducation et dans la mobilisation populaire , dans le développement des organisations syndicales , associatives , sportives , culturelles , coopératives , de voisinage et d’entreprises .

Nous n’oublions pas que le progrès social résulte souvent de la lutte d’intérêts contradictoires et des rapports de force . La conquête du pouvoir politique auquel nous aspirons ne sera efficace que si elle est accompagnée de la construction de larges majorités sociales et de la mobilisation citoyenne consciente qui fasse du peuple chilien l’auteur et le constructeur de son propre avenir .

CONSTRUISONS LE CHILI

La gauche , Un Parti , Un Projet

La création du Parti de Gauche (PAIZ) répond à la nécessité de rendre l’espoir au peuple chilien . Il s’agit de construire les réponses appropriées à la crise du capitalisme et à la catastrophe sociale , écologique, et démocratique que celle-ci a entraîné avec elle , changeant radicalement de société .

Le parti de gauche est l’outil pour renverser la droite et conquérir la majorité politique autour d’un programme républicain et démocratique qui laisse derrière lui la logique capitaliste .

Le Parti de Gauche Chilien propose la République Sociale fondée sur la souveraineté du peuple . Elle promeut une politique écologique basée sur un autre modèle de développement économique , social et environnemental opposé au modèle productiviste et consumériste .

Le Parti de Gauche s’est nourri des cultures politiques socialistes , de l’histoire des luttes des peuples autochtones , du combat ouvrier et syndical , des mouvements latino-américains , étudiants ,féministes ,antiracistes ,écologiques , laïques , rationalistes et démocratiques qui ,au cours de plus de cinq siècles , depuis l’arrivée du conquérant , lui ont ouvert les portes vers la liberté et ont fait reculer la tyranie .

Par dessus toutes ces choses le Parti de Gauche est une organisation qui regarde vers l’avenir , consciente de la nécessité de construire une alternative de gauche à la trop longue domination de la droite .

Traduit de l’espagnol par Michèle Del Valle

Source : Partido de Izquierda (PAIZ)


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