Le commerce mondial accélère la crise climatique (site national du PG)

jeudi 24 décembre 2009.
 

(communiqué de l’organisation espagnole "Ecologistes en Action", traduction S.M.)

Ecologistes en Action (EA) dénonce dans son rapport "changeons le commerce, pas le climat" les impacts du "libre" échange sur le changement climatique, et exige du gouvernement espagnol de mettre fin aux négociations avec l’OMC, condition nécessaire pour freiner le changement climatique. A l’occasion de la septième conférence ministérielle de l’OMC qui se tiendra à Genève du 30 novembre au 2 décembre 2009 - peu avant le sommet crucial de l’ONU sur le climat à Copenhague, EA met en évidence dans un rapport la relation entre libéralisation du commerce et changement climatique.

Les conclusions du rapport "changeons le commerce, pas le climat" sont claires et accablantes : le système mondial de "libre" échange est une des causes fondamentales de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui provoque le réchauffement global. 89.3% du total des émissions mondiales de GES proviennent de l’industrie, de l’utilisation d’énergie, de la déforestation et de l’agriculture industrielle. Malgré cela, les accords internationaux sur le commerce et l’investissement encouragent le développement des secteurs industriels intensifs en énergie, l’augmentation de l’extraction et du raffinage des combustibles fossiles et l’expansion de l’agriculture intensive. Toutes ces activités contribuent à la destruction de systèmes de régulation du climat comme les forêts.

De plus, le transport international est responsable d’une partie importante des émissions de GES. Près de 60% du pétrole utilisé dans le monde l’est par les activités de transport motorisé qui dépendent à 95% des combustibles fossiles. Cela génère entre 20 et 25% des émissions, mais jusqu’à 66% dans les pays industrialisés. La mise en pratique des engagements commerciaux pris dans le cadre de la ronde d’Uruguay de l’OMC a entrainé une augmentation de 70% du transport de marchandises (par rapport à 1992).

Au même moment, l’OMC et les diverses règles internationales sur le commerce et l’investissement rendent impossible une réponse rapide et efficace des administrations publiques au changement climatique, comme cela est montré dans le rapport du réseau international "notre monde n’est pas à vendre", dont EA est membre. Les normes sur la propriété intellectuelle, par exemple, augmentent le coût des technologies propres, les système de brevetage des êtres vivant donnent à des entreprises privées le monopole sur des variétés résistantes au changement climatique et limite ainsi la possibilité d’un contrôle public du processus d’adaptation, et la libéralisation des services énergétiques ralentit la transition vers des sources d’énergie renouvelable. Les négociations sur l’Accès au Marché Non Agricole (NAMA) sont utilisées pour remettre en cause des mesures contre le changement climatique telles que les "barrières non tarifaires", tandis que l’Accord sur l’Agriculture nuit aux tentative en vue de protéger et de promouvoir la production et la consommation locales et à petite échelle des aliments. Pire encore, les clauses de l’OMC sur les subventions restreignent ou empêchent les aides publiques au développement d’énergies et de technologies propres.

"La libéralisation commerciale est une menace pour le développement des mesures susceptibles de freiner le changement climatique", explique Tom Kuchartz, de EA. "Le gouvernement espagnol doit choisir entre combattre le changement climatique ou continuer à promouvoir des politiques qui représentent uniquement les intérêts économiques d’une minorité et qui créent systématiquement des crimes contre l’humanité comme la faim, la pauvreté, le manque d’eau, le déplacement forcé et des maladies qu’on aurait pu soigner".

Avec la libéralisation des biens et services environnementaux, prévue à Genève, l’OMC veut promouvoir les "fausses solutions" au changement climatique, comme le marché du carbone, les agro carburants à grande échelle, et les mal nommés "mécanismes de développement propre", par lesquels on prétend créer l’un des plus importants marchés financiers spéculatifs de matières premières au monde. "cela retarde dangereusement la transition nécessaire vers un modèle économique de l’après-pétrole, qui émettrait moins de GES".

D’autre part, la négociation par l’UE de traités commerciaux avec des dizaines de pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, aurait pour résultat des pertes économiques en termes de droits de douanes et, finalement, diminuerait encore la capacité de ces pays à supporter les effets du changement climatique.

Dix ans après la "Bataille de Seattle", quand plus de 100.000 personnes avaient exigé le démantèlement de l’OMC, le bilan des politiques de cette institution et de tous les accords de libre commerce est catastrophique, surtout pour les populations les plus vulnérables et pour l’environnement au niveau mondial. Après 15 ans d’opposition aux politiques de l’OMC, la société civile internationale a renommé l’OMC « Organisation Mondiale de la Crise ».

"Nous allons empêcher la conclusion de la ronde de Doha parce que nous avons besoin d’un virage à 180° du système mondial de commerce comme préalable pour pouvoir définir les stratégies contre le changement climatique à Copenhague", conclut Tom Kuchartz, "et cela implique la disparition de l’OMC, l’arrêt des négociations de traités bilatéraux par l’UE, et l’annulation des traités existants.

Écologistes en Action sera présent dans les mobilisations contre la réunion de l’OMC à Genève. Comme correspondant du réseau international "notre monde n’est pas à vendre", il rappellera au gouvernement espagnol sa responsabilité dans la crise alimentaire, financière et climatique actuelle.

Traduit de l’espagnol par SM

http://www.ecologistasenaccion.org/...


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