69% des Français disent non à la suppression de l’histoire en Terminale S

mardi 15 décembre 2009.
 

Selon un sondage Ifop, 69 % des Français désapprouvent la suppression de l’enseignement obligatoire de l’histoire-géographie en terminale scientifique. Ce rejet unanime, qui réunit sympathisants de gauche et de droite, pourrait bien déstabiliser l’ensemble de la réforme du lycée.

Ragaillardi après l’approbation, jeudi soir, de la réforme du lycée par le Conseil supérieur de l’éducation, Luc Chatel a salué hier matin une « étape décisive ». Pour lui, c’est sûr : son texte entrera bien en vigueur « à la rentrée 2010 ». Pourtant, si l’instance consultative du monde éducatif a été relativement bienveillante, le ministre de l’Éducation nationale aurait tort de se réjouir trop vite.

Pour cause. Comme le montre le sondage Ifop réalisé pour l’Humanité, une large majorité de Français désapprouvent l’une des mesures phares de cette réforme. Á savoir la suppression de l’enseignement obligatoire de l’histoire-géographie en terminale scientifique. Les chiffres sont sans appel : 69 % des personnes interrogées « n’approuvent pas » la relégation de cette matière. Et ce même si les horaires qui lui sont consacrés passent de 2 h 30 à 4 heures en première. Le pourcentage de personnes n’approuvant « pas du tout » est particulièrement élevé (41 %). Et celui des personnes qui « approuvent » faible (22 %), voire très faible pour ceux qui « approuvent tout à fait » (6 %). Constat de Frédéric Dabi, directeur du département d’opinion publique de l’Ifop : « La tendance est très nette, il y a un rejet flagrant de cette proposition et aucune catégorie n’est prête à la soutenir. » De fait, même à droite, le refus est clair : 56 % des sympathisants UMP s’opposent à cette suppression (contre 36 % d’un avis contraire). Ils sont 79 % à penser la même chose chez les sympathisants de gauche. Comme un Soupçon de manipulation

Selon Frédéric Dabi, ces résultats montrent, tout d’abord, l’attachement des Français au symbole républicain du baccalauréat. « Á chaque fois, on constate un rejet systématique de toute mesure qui remettrait en cause la valeur nationale et humaniste de ce diplôme. » Il en va de même pour ce domaine sacré qu’est l’histoire. « Y toucher, en France, c’est agiter un chiffon rouge. Dans l’esprit de nos concitoyens, ce n’est pas une matière anodine. »

On peut voir, enfin, dans le résultat de cette enquête d’opinion, l’échec de Nicolas Sarkozy lui-même. De fait, le chef de l’État ne parvient pas, malgré tous ses efforts, à capitaliser sur les sujets « sociétaux-historiques ». « Que ce soit la lecture de la lettre de Guy Môquet ou sa volonté de confier la mémoire d’un enfant de la Shoah à chaque élève de CM2 (désapprouvée par 85 % des Français), toutes ces tentatives ont été rejetées de manière violente par l’opinion publique », note Frédéric Dabi. De fait, lorsque le gouvernement et son mentor parlent désormais d’histoire, le soupçon de manip ou de malveillance n’est jamais loin dans la tête des Français. Au point de les faire sortir dans la rue en compagnie des enseignants et lycéens ? Á voir. En tout cas, cette désapprobation unanime est un signe encourageant pour tous les opposants à la réforme du lycée. Ils sont moins seuls que ne le pense Luc Chatel…

Laurent Mouloud


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