Estrosi, Sarkozy et l’identité nationale : C’Est Pas De La Haine, Voyons : C’Est De L’Antinazisme (par Sébastien Fontenelle, Politis)

samedi 19 décembre 2009.
 

« Le régime (...) a réduit l’identité à ce qu’il y a de plus primaire en l’homme et à la haine de l’autre. »

C’est pas moi qui l’ai dit, hein ?

C’est Christian Estrosi.

Le ministre UMP de l’économie.

Et comme il a raison.

Bravo, Christian Estrosi.

Naturellement : Christian Estrosi ne parlait pas du régime de Sarkozy.

Non mais attends : qu’est-ce que tu allais t’imaginer ?

Il parlait du « régime de Hitler ».

C’était hier, dans une tribune de haut niveau publiée par le quotidien Libération, et ça disait, en gros, qu’il ne faut pas tout confondre, mâme Dupont, et qu’il ne faut pas mélanger le débat sur l’identité, façon régime de Sarkozy, et l’instrumentalisation de « l’identité allemande » par « le régime de Hitler », naguère [1] - parce que bon, si le « danger (...) peut » incontestablement « survenir lorsque l’on manie la question identitaire dans un cadre totalitaire », il est « en revanche, (...) parfaitement légitime qu’un État démocratique s’en empare plutôt que de l’abandonner aux démagogues, à je ne sais quel aventurier de la politique, à je ne sais quel gourou attiseur de haine ».

Le ministre UMP de l’Industrie nous prie là, tu l’auras compris, de choisir entre Sarkozy et le nazisme - en nous adressant l’inquiétant message que si d’aventure un démagogue arrivait aux affaires et nous imposait, en lieu et place du régime démocratique et humaniste connu sous le nom générique de sarkozysme (décomplexé), un régime « totalitaire » calqué, par exemple, sur « le régime de Hitler », ce régime instrumentaliserait « l’identité » française, en la réduisant à « la haine de l’autre ».

Alors que là ?

Non.

Le régime de Sarkozy n’est pas (du tout) du genre qui excite « la haine de l’autre » - comme ferait « je ne sais quel aventurier de la politique » ou « je ne sais quel gourou attiseur ».

Pas d’ça chez nous, Raymond : c’est pas comme ça qu’on est.

Quand le régime de Sarkozy dénonce « le trop grand nombre de musulmans présents en Europe » ?

Quand le régime de Sarkozy énonce que tant que les musulmans sont « un seul », tout va bien, mais que dès qu’« il y en a beaucoup (...) il y a des problèmes » ?

Quand le régime de Sarkozy nomme « ceux qui arrivent » les Français de confession musulmane ?

Quand le régime de Sarkozy veut un bon musulman qui « ne parle pas verlan » et « ne mette pas sa casquette à l’envers » ?

Quand le régime de Sarkozy lance un « débat sur l’identité nationale » dont même Le Monde relève qu’il « tourne au débat sur l’islam » ?

Quand le régime de Sarkozy martèle en somme, en choeur avec un fier éditocrate, que nous avons « un problème avec la religion musulmane » ?

C’est pas (du tout) de « la haine de l’autre » : c’est de l’antinazisme.

Notes

[1] C’est assez curieux, hein, comme démarche ? Mais bon, il fait un peu comme il veut, Christian Estrosi - et, ma foi, s’il a envie d’introduire le nom de Hitler dans le débat sur l’identité nationale : c’est lui que ça regarde, c’est pas comme si on allait s’occuper de ses oignons.


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