Après la consultation des militants du NPA (par Gauche Unitaire)

lundi 14 décembre 2009.
 

La consultation au sein du NPA jette une lumière crue sur une réalité que sa direction s’était jusqu’à présent efforcée de refouler : le NPA, loin d’être un bloc de certitudes face aux désarrois de toutes les autres forces de la gauche et du mouvement ouvrier, est lui aussi confronté à des choix décisifs, choix face auxquels plusieurs réponses opposées apparaissent.

Le score important obtenu par la position C (31,5%), qui défend la perspective de l’inscription du NPA dans la dynamique unitaire portée par le Front de gauche, témoigne que l’aspiration unitaire est puissante au sein du NPA. Cette donnée était évidente lors du congrès de fondation du NPA, alors que le choix pour les élections européennes était alors ouvert pour le parti naissant : soit une démarche unitaire, soit un cavalier seul. Les manœuvres de la direction majoritaire pour brouiller les cartes et éliminer bureaucratiquement une partie du courant unitaire qui s’était affirmé avait permis à celle-ci d’imposer cette seconde orientation. Ce qui a conduit à un premier échec du projet du NPA, avec la campagne ratée des européennes et le score du 7 juin. A nouveau le même choix provoque les mêmes réactions : le refus d’un nombre important de militants de cautionner une ligne d’isolement et de division pour leur parti.

L’élément nouveau par rapport au congrès de fondation du NPA est que cette fois, à l’opposé de cette aspiration unitaire, s’est affirmée avec la position B (28,5%), de manière explicite et cohérente, une orientation gauchiste et sectaire : refus de toute démarche commune avec les autres partis dénoncés comme « réformistes », refus d’envisager toute fusion de listes à gauche au deuxième tour, refus de se prononcer clairement quant à l‘objectif de battre la droite, conception des campagnes électorales comme relevant de la seule propagande « révolutionnaire »…

La double poussée en faveur de ces positions totalement opposées sur la question de l’unité conduit à la mise en minorité de la direction, la position A (36,3%). Cela représente un élément de crise pour le NPA et lui pose la question non seulement de son devenir mais du sens même de son action.

Pour la direction, dans ses composantes qui ont représenté le NPA lors des discussions unitaires, ce désaveu est le prix à payer pour l’échec des manœuvres menées ces derniers mois. En affichant la volonté de réaliser un large rassemblement, son objectif était d’œuvrer à dissocier le Front de gauche en affichant des offres unitaires en direction du Parti de gauche accompagnées de la dénonciation permanente du PCF. Une opération qui reposait sur le calcul qu’au final le PCF opterait pour l’alliance avec le PS.

D’où la dramatisation artificielle de la question de la participation aux exécutifs. Mais, au sein du NPA, beaucoup n’ont pas été dupes du peu de valeur de cet argument. Alors que le Front de gauche proposait une formulation équilibrée sur cette question, la direction du NPA en est venue à admettre qu’il ne pouvait y avoir à ses yeux d’accord possible que sur la base d’un refus de principe de toute participation aux exécutifs (sauf d’être majoritaire !), position maximaliste que ne partageait aucune autre force.

Il apparut alors clairement à tout le monde que la question des exécutifs relevait d’une argutie n’ayant d’autre fonction que de justifier le moment venu la rupture des discussions unitaires.

Pourtant, force est de constater que c’est cette rupture, débarrassée de tout faux semblant, qui est approuvée très majoritairement au sein du NPA. Ce dont témoigne l’addition des scores des positions A et B. Malheureusement, prolongeant et systématisant la ligne de l’affirmation solitaire que le congrès fondateur du nouveau parti avait esquissée (au prix, rappelons-le, du départ des militants et militantes à l’origine de la Gauche unitaire), on assiste à présent à un déplacement du centre de gravité politique du NPA vers les positions les plus dures, celles que partagent et la position B et une partie certainement significative de la position A.

C’est donc une orientation cohérente mais qui risque de s’avérer désastreuse qui se trouve renforcée. Orientation consistant à considérer les élections comme une simple tribune pour développer des positions propagandistes, à relativiser fortement les enjeux de l’affrontement entre la gauche et la droite pour la conquête des régions, à considérer les nécessaires changements d’équilibres politiques dans la gauche au seul prisme du renforcement de sa propre organisation, à envisager la présence des militants dans les organisations du mouvement social comme se limitant à la défense de positions radicales et à la dénonciation du rôle des directions comme principal sinon unique facteur expliquant les difficultés rencontrées…

Cette évolution du NPA interpelle toutes les forces attachées à l’affirmation d’une gauche de gauche, à même de disputer au Parti socialiste et à Europe écologie la prédominance dont ils bénéficient encore sur la gauche. Elle appelle à des confrontations politiques sur le fond des orientations en présence.


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