A Amiens, pour les « CONTI » le « tous ensemble » prend sa plus belle signification (article national Parti de Gauche)

dimanche 17 janvier 2010.
 

« Quoiqu’il arrive, on a gagné ! Vous êtes là ! »

Malgré la neige et le froid, c’est plus de 1.500 personnes qui ont répondu présent à l’appel des « Conti ». Les Good Year d’Amiens, des syndicalistes, des salariés, des retraités, des femmes et hommes politiques. Tous sont venus soutenir Nathalie, Bruno, Franck, Gérard, Saci et Xavier, les 6 prévenus qui se sont retrouvés à nouveau devant le tribunal d’Amiens ce mercredi 13 janvier. Quand ils arrivent sur le point de ralliement devant la gare d’Amiens, leurs yeux brillent d’émotion : « Quoiqu’il arrive, on a gagné ! Vous êtes là ! ».

Rappel des faits : le 21 avril dernier, plus de 200 salariés, en attente du jugement pour faire annuler le plan social d’entreprise mis en place par la Société Continental, suite à l’annonce de la fermeture du site de Clairoix, ont pénétré dans la sous-préfecture de Compiègne. Le collectif unitaire syndical a fait venir les journalistes, les médias. C’est dire s’ils ont confiance dans la justice et sont convaincus que le verdict annoncé donnera de la légitimité à leur combat.

Xavier Mathieu, toujours dans cet esprit de discussion pacifique que les contis entretiennent depuis le début du conflit, tente de joindre la sous-Préfète, qui se dit « indisponible » Puis il contact le médiateur désigné par François Fillon, Monsieur Gustin. Celui-ci lui fait répondre « qu’il n’a plus de temps à perdre avec eux ».

Mais pour eux, cela ne fait aucun doute : puisque la direction générale de continental a contrevenu à la législation sur le droit du travail et que les procédures obligatoires à engager lors du plan social d’entreprise ont été ignorées, la justice va accéder à leur demande. On peut comprendre que l’attente et l’angoisse sont longues. Ils ont de l’espoir, ces salariés qui se sont battus depuis le 11 mars 2009, date de l’annonce de la fermeture du site de Clairoix.

Puis survient l’appel téléphonique leur annonçant que le Tribunal de Sarreguemines les a déboutés. Et l’explosion qui intervient alors n’est pas une explosion de joie mais de dépit et de colère. « C’était comme au moment d’un accident de voiture ! Nous avons vu défilé nos vies, nos enfants, notre famille... Un véritable traumatisme » expliquent ces salariés bafoués dans leur droit. Et c’est à ce moment que tout bascule : la colère l’emporte, comme elle emporte et fait voler des ramettes de papiers, bouscule des ordinateurs, des boites de crayons.

Ce mercredi 13 janvier, au tribunal d’Amiens, les prévenus restent dignes et calmes face au juge, qui a l’arrogance de remercier TF1 pour avoir transmis la vidéo qui a permis d’« identifier » les 7 salariés, avec la complicité de la direction de Continental. Xavier Mathieu n’émet que deux regrets : celui de n’avoir pas attendu d’être sorti de la sous-préfecture pour annoncer cette scandaleuse nouvelle et d’avoir pu « choquer » selon le juge, les agents administratifs de la sous-préfecture.

Tour à tour, les témoins défilent à la barre : les syndicalistes dénoncent les patrons voyous, les 33 mobilisations qui ont précédée le 21 avril ou aucun débordement n’a été déploré, le non respect des règles de procédures, le désengagement de l’état, qui avait crié haut et fort, par l’intermédiaire de Monsieur Fillon, Premier Ministre et Monsieur Chatel, Porte Parole du gouvernement, que « ce plan social était inadmissible » et « qu’aucun des 1.120 salariés ne serait laissé sur le carreau ». « Ils ont laissé pourrir le mouvement au lieu de prendre leur responsabilité » dit Didier Bernard, délégué syndical à Continental.

Puis vient le tour des témoins de moralité. Pour la première fois dans un procès, l’union s’établie entre les portes paroles des partis de gauche Jean-Luc Mélenchon, Marie-Georges Buffet, Olivier Besancenot, Nathalie Arthaud, Cécile Duflot et Benoit Hamon. Pour affirmer leur solidarité envers les salariés coupables de désobéissance civique, les intervenants affichent leur solidarité à l’égard des prévenus

Jean-Luc Mélenchon rappelle que les premiers responsables, les patrons, ne sont jamais poursuivis et qu’il est regrettable, encore une fois, que l’état, partie civile dans cette affaire, ait recours à la justice pour brimer la contestation sociale. Il réaffirme que le combat syndical est opposé aux actions de violences et que les salariés ne se battent que pour faire respecter leurs droits et défendre leur outil de travail.

Lors des réquisitoires, l’avocat général demande 2 à 5 mois de prison avec sursis, peines pouvant êtres commués en travaux d’intérêt général, « un verdict d’indulgence et de compréhension » dit-il.

2 poids - 2 mesures ! Pourquoi cette indulgence gouvernementale à l’égard de la direction de Continental ne serait-elle pas applicable aux six prévenus qui n’ont défendu que la sauvegarde de leur emploi, leur dignité et surtout l’intérêt collectif ? Verdict le 05 février prochain.

Laurence Sauvage


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