Christian Picquet en pleine campagne sur Midi Pyrénées

mardi 26 janvier 2010.
 

En campagne, pour l’urgence politique

Me voici de nouveau, ainsi que je l’annonçais au soir du grand meeting parisien du 10 janvier, en campagne. En campagne nationale, bien sûr, pour soutenir l’action du Front de gauche, de ses alliés des listes « Ensemble pour des régions à gauche », des candidates et candidats de Gauche unitaire sur celles-ci. En campagne régionale aussi, puisque le Parti communiste et le Parti de gauche m’ont fait l’honneur de me désigner à la tête de notre liste commune en Midi-Pyrénées, pour bien souligner le pluralisme de notre démarche conjointe.

J’ai, par conséquent, entamé mon périple sur cette terre de résistance, de rébellion et d’espoir. Il fallait cependant, avant de nous lancer, mettre la touche finale à la constitution des listes sur chaque département et trouver l’équilibre rendant pleinement visible l’entreprise inédite que nous avons initiée avec les élections européennes du printemps 2009. L’essentiel de cette partie du chemin est maintenant parcouru. Il demeure simplement à caler définitivement l’accord avec nos amis des Alternatifs. J’en suis néanmoins certain, la volonté d’aboutir surmontera les derniers obstacles subsistants.

Le plus important reste évidemment à faire : aller à la rencontre des électeurs et des électrices, singulièrement de celles et ceux qui attendent depuis trop longtemps, avec souvent de l’impatience ou parfois un immense découragement, qu’une gauche enfin à gauche leur redonne des motifs d’espérer. Notre ambition se situe à cette échelle… Non pas témoigner, occuper simplement l’espace de la radicalité dans un face-à-face assez stérile avec le Parti socialiste ou Europe écologie, se préoccuper seulement de regrouper une « autre gauche ». Mais agir pratiquement pour faire bouger les lignes, changer le rapport des forces entre partisans de l’accompagnement des logiques libérales ou productivistes et tenants de la rupture au service de l’intérêt général.

100% mouvement social

Notre carte de visite est finalement des plus simples : nous voulons être la gauche 100% mouvement social et 100% combat contre les injustices engendrées en série par le capitalisme. Ce n’est pas par hasard si j’ai lancé ma campagne à Villemur-sur-Tarn, aux côtés des Molex dont la lutte exemplaire a créé les conditions d’une réindustrialisation du site. J’ai d’ailleurs sur ma liste l’un des principaux animateurs de ce combat acharné, en la personne du syndicaliste Guy Pavan. Dans la foulée, ce 21 janvier, j’ai eu l’occasion de me retrouver dans la manifestation des services publics à Toulouse. Comme partout, la démonstration (5000 personnes) se sera largement résumée aux équipes syndicales de la CGT, de la FSU ou de Solidaires. Il n’empêche ! L’accueil aura été chaleureux dans tous les cortèges, et beaucoup nous auront assurés qu’ils viendraient à notre grand meeting de lancement, mardi 26, à Portet-sur-Garonne, où mes amis Marie-George Buffet et Mac Dolez nous feront l’amitié de leur présence. Lorsque je dis nous, je veux parler de tous mes colistiers et des chefs de file régionaux de la bataille, Charles Marziani pour les communistes et Guilhem Serieys pour les « pégistes »…

Toulouse est, chacun le sait, une place forte du mouvement social depuis des années. C’est sans doute la raison pour laquelle la répression s’abat avec une telle force sur ses animateurs. En allant, ce jeudi, saluer les salariés de l’énergie, j’ai ainsi pu rencontrer Rodolphe Barrès, l’un des deux syndicalistes d’EDF licenciés à la suite de la grande grève de l’an passé, et Dominique Liot, lui aussi cégétiste et figure de la gauche alternative en Haute-Garonne, qui a pris 21 jours de mise à pied pour voir osé rétablir le courant à une famille en difficultés.

Lorsque l’on replonge, comme je suis en train de le faire, dans une campagne de terrain, où l’on rencontre à chaque pas ces hommes et ces femmes formant l’immense majorité de la population et auxquels les Sarkozy, Fillon et Parisot ont déclaré une guerre totale, on mesure combien l’image renvoyée par la gauche s’avère littéralement insupportable. Ce 21 janvier, par exemple, quelle colère s’exprimait à l’encontre de Martine Aubry, laquelle venait benoîtement d’admettre qu’il fallait faire sauter ce symbole que représente le droit de partir en retraite à 60 ans. Y compris de la part de militants ne cachant pas leur appartenance au PS…

Spirale du renoncement…

Éloquent, vraiment, ce dérapage de la première secrétaire à quelques semaines seulement des régionales ! L’ampleur de la mutation frappant la social-démocratie européenne s’y révèle sans fard. Les principaux dirigeants de cette famille politique ne songent plus à protéger des droits fondamentaux des salariés, alors qu’une immense majorité de ces derniers arrivent exténués en fin d’activité. Il ne leur vient plus à l’idée d’évoquer cette vérité d’évidence : alors que les entreprises du Cac 40 viennent d’afficher 600 milliards d’euros de bénéfices pour l’année 2009 (comme quoi, la crise n’a pas frappé tout le monde avec la même brutalité !), alors que la rémunération des grands patrons s’établit en moyenne à plus de 310 fois le Smic, que M. Proglio vient juste de tenter de se faire verser près de deux millions d’euros pour brader une partie du marché de l’énergie à la pieuvre Véolia, il suffirait d’une augmentation de 0,25 point par an de la part patronale des cotisations retraites pour financer le versement des pensions à leur niveau de 1993 (date de la première contre-réforme initiée par M. Balladur) jusqu’en… 2040. C’est le rapport du Conseil d’orientation des retraites qui l’établissait dès 2001…

De fait, tout atteste que les sphères dirigeantes de la rue de Solferino ne sont plus motivées que par la volonté d’afficher leur respect des exigences du capital, autant que par la recherche à droite de leur salut électoral. Pas après pas, il se dessine ce faisant une impitoyable cohérence dans le renoncement, l’abandon de cette conquête arrachée de haute lutte qu’est la retraite à 60 ans allant de pair avec le ralliement de facto au programme du Modem, lequel ne s’écarte en rien de la vulgate libérale en la matière… Martine Aubry, elle qui a placé sa campagne des régionales sous l’égide du « bouclier social » (cela ne manque pas de sel, n’est-ce pas ?), s’est-elle seulement rendu compte qu’en s’exprimant de cette façon, à cet instant précis, elle rendait les armes du combat idéologique à l’adversaire, qu’elle se dérobait à toute bataille pour la justice avant même qu’elle ait pu être livrée et que, du même coup, elle poignardait dans le dos le mouvement syndical et les salariés de ce pays ?

Qui, après cela, peut encore douter de l’enjeu national du scrutin des régionales ? Si ne gauche digne de ce nom tarde à renaître, le risque est que nous nous retrouvions vite au beau milieu d’un champ de ruines. Et, à l’instar de son homologue italienne, la droite ne verra plus alors se dresser aucun obstacle sur sa route. Indubitablement, battre Sarkozy et ses affidés, c’est donc s’atteler à la reconstruction urgente d’une gauche authentiquement à gauche.

... et logique de concurrence boutiquière

Il en est un qui ne le comprend manifestement toujours pas, en dépit de la crise dans laquelle il a lui-même plongé son organisation, c’est Olivier Besancenot. Le Nouveau Parti anticapitaliste vient de le désigner à la tête de sa liste en Île-de-France. D’un côté, je me réjouis que mon ancien camarade cesse enfin de se dérober à l’épreuve du suffrage universel, en prétendant - comme il le faisait lors de la campagne des européennes - que seules les luttes ont de l’importance, alors que celles-ci buttent précisément sur l’inexistence d’un débouché politique à la hauteur de l’attente sociale. De l’autre, je me désole du splendide isolement où il semble se complaire, sans tirer la moindre leçon du nombre invraisemblable d’échecs essuyés en moins d’un an, son entrée dans la compétition électorale ne visant manifestement qu’à conforter cette logique de concurrence boutiquière engagée avec le Front de gauche qui lui tient lieu de projet.

Pire, je viens de lire ses propos au « Talk Orange-Le Figaro ». Abordant l’incontournable question de son attitude au second tour, il persiste dans le refus de principe de toute participation à un exécutif régional, même si c’était sur la base d’un rapport de force permettant d’y appliquer des mesures de rupture, et il va jusqu’à résumer d’un trait lapidaire sa conception de la « fusion technique » avec les autres listes de gauche : « Ou la majorité de gauche sortante préfère garder la majorité avec un contre-pouvoir à sa gauche, ou elle perd la région. » Non seulement le débat des derniers mois ne l’aura pas fait bouger d’un iota, mais il s’aventure sur le terrain bourbeux consistant à se désigner lui-même comme une possible force de nuisance pour le reste de la gauche. Semblant oublier au passage un « détail » : c’est Madame Pécresse, initiatrice de la libéralisation de l’enseignement supérieur, qui porte dans cette région les couleurs du sarkozysme ! Terrible incompréhension de ce qu’attendent électrices et électeurs de gauche, de leur volonté de sanctionner dans les urnes une droite arrogante et destructrice de tous nos acquis ! Faut-il vraiment rappeler au porte-parole du NPA que c’est une ignorance du même ordre qui avait, en 2004, conduit les listes LO-LCR à un résultat calamiteux ?

Message d’espoir à Montauban

Je terminerai cette note par une belle touche d’optimisme. Ce vendredi 22 janvier, j’ai lancé notre campagne régionale à Montauban, à l’occasion de la présentation de la liste sur le Tarn-et-Garonne. Dans cette ville, aux dernières municipales, un collectif baptisé « Montauban citoyenne, À gauche de toutes nos forces » avait d’un certain point de vue préfiguré le rassemblement que nous avons initié, au plan national, pour les européennes, afin de tenter de faire chuter Madame Barèges qui est à la droite locale, en tailleur, ce que l’hôte de l’Élysée est à l’UMP national… en costume-cravate. « Montauban citoyenne » avait recueilli plus de 10% des suffrages, avec le soutien du Parti communiste, du noyau militant qui forma ensuite le Parti de gauche, d’acteurs et actrices du monde syndicaliste et associatif.

C’est tout naturellement que ses initiateurs se retrouvent à présent dans la démarche du Front de gauche. À l’instar de Marie-Claude Bouyssi, chef de file de la bataille des municipales, de figures locales du PCF (comme David Pellicer ou encore Joëlle et André Gréder), d’animateurs du PG (telle Yvette Frot), de Guy Pavan, le syndicaliste de Molex qui réside précisément dans le département, et de bien d’autres (qu’ils me pardonnent de ne pas les citer toutes et tous, mais l’énumération serait trop longue), engagés dans le combat social ou altermondialiste. Et la force de frappe militante que cela représente est à la mesure du dynamisme que produit le rassemblement. Nous avons pu, de nouveau, le mesurer à l’assistance fournie (150 personnes, au bas mot) qui se pressait, ce 22 janvier, à la Maison du peuple, pour nous écouter décliner quelques unes de nos propositions. J’en suis sûr, chacun se souviendra longtemps de ce grand moment de fraternité et de détermination partagées…

Une sacrée équipe, vraiment, dont le dévouement à la défense de ses concitoyens n’a d’égal que la détermination à ne pas céder un pouce de terrain à une droite avide de tout casser et de tout privatiser, à ne rien abdiquer, finalement, de ce qui fait l’identité fondatrice de la gauche. Ensemble, nous nous sommes retrouvés samedi matin, sur le marché de la ville, à deux pas de la célèbre Place nationale, et cela fut une nouvelle démonstration de l’écho que rencontrent nos idées.

Si j’ai pris un peu de repos, ce dimanche, je repars à la bataille dès lundi. Avec la conviction, ressourcée par l’expérience que je vis au quotidien, que nous sommes partis pour une belle campagne !


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