Face à Davos, dix ans de forums sociaux pour construire un autre monde (ATTAC)

jeudi 4 février 2010.
 

Pour la dixième année consécutive, débutent à Porto Alegre au Brésil cinq jours de débats pour tirer un bilan et dresser des perspectives face à la crise globale. Des représentants des mouvements sociaux s’y retrouvent afin de s’opposer aux idées défendues par le Forum économique mondial de Davos et de préparer les dix prochaines années d’un altermondialisme élargi et renforcé.

Depuis quarante ans à Davos, les multinationales et les maîtres de la finance entendent subordonner les politiques et les dirigeants des États à leurs propres intérêts, tout en cherchant à convaincre l’opinion publique mondiale. La dérégulation des marchés qu’ils ont impulsée a précipité le monde dans la crise économique. Depuis dix ans, à Porto Alegre puis dans le monde entier, le mouvement altermondialiste dénonce le néolibéralisme et propose des alternatives pour sortir de la crise et du système en place. Il démontre qu’un autre monde est possible.

Après le sommet contre l’OMC à Seattle, il a fallu un an pour rassembler et construire le premier Forum social mondial à Porto Alegre en 2001. Espaces de débats et de construction d’actions communes, les forums sociaux se sont multipliés dans le monde entier et attirent de nouveaux mouvements. En 2003, ils ont rendu possibles des manifestations mondiales contre la guerre en Irak. En janvier 2009 à Belém, en Amazonie, le Forum mondial a accueilli 130 000 participants et a initié une convergence des luttes et des analyses des mouvements sociaux et écologistes, dont la force s’est manifestée lors du sommet de Copenhague en décembre. Cette convergence est à présent un axe essentiel du renforcement du mouvement.

Le mouvement altermondialiste a ainsi contribué à une prise de conscience des impasses de la dérégulation des marchés financiers, du libre-échange, du productivisme et de toutes les formes de domination. Face à la pensée unique, il a transformé l’imaginaire des possibles. Il a porté dans le débat public des alternatives concrètes, comme la suppression des paradis fiscaux, le contrôle public des banques, la taxation des transactions financières et la réduction des inégalités de tous ordres, la nécessaire création de biens publics mondiaux. Ses propositions sont aujourd’hui discutées au plus haut niveau, sans pour autant être transformées en actes concrets qui permettraient de répondre aux urgences sociales et écologiques.

L’altermondialisme est un mouvement d’une portée historique, qui en est encore à ses débuts. Malgré son jeune âge, l’altermondialisme a décelé les racines de la crise actuelle. Dix ans après, il fait face à un contexte transformé, marqué par une grave crise économique et sociale, des recompositions géopolitiques majeures et une crise écologique sans précédent. Loin de s’essouffler, il intègre ces évolutions et continue de dessiner de nouvelles voies pour l’émancipation des citoyens et la transformation des sociétés, pour que les droits humains priment sur les intérêts d’une minorité de privilégiés.

Des initiatives sont prises cette année sur tous les continents pour construire des alternatives à la crise globale. La réunion qui s’ouvre à Porto Alegre n’est pas un Forum social mondial mais une rencontre anniversaire, qui sera suivie au cours de 2010 de bien d’autres forums thématiques ou régionaux, comme le Forum social des États-Unis en juin ou le Forum social européen en Turquie en juillet. Toutes ces initiatives convergeront lors de la prochaine édition du Forum social mondial, l’année prochaine à Dakar.

Attac France


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