Total : les salariés de Dunkerque prêts "à se battre jusqu’au bout"

jeudi 4 février 2010.
 

"On ne se laissera pas faire, on se battra jusqu’au bout" : la mobilisation restait forte mardi parmi les salariés de la raffinerie des Flandres, partagés entre amertume et colère, après l’annonce par Total du report de sa décision sur l’avenir du site de Dunkerque.

Ils ont décidé de reconduire tacitement leur mouvement de grève entamé depuis le 12 janvier.

"Laisser les gens attendre encore six mois, c’est scandaleux et c’est se foutre de la gueule du monde", répète à qui veut l’entendre Philippe Wuyllens, délégué Sud, à la petite centaine de salariés rassemblés, sous une pluie battante, devant le piquet de grève installé devant le site depuis trois semaines.

"Leurs annonces, c’est de l’hypocrisie, de la fumisterie, c’est honteux de la part de notre direction", ajoute-il, alors qu’une épaisse fumée noire en provenance de pneus qui brûlent, s’élève dans le ciel.

"Y’en a marre qu’on nous prenne pour des cons et qu’on nous raconte des conneries", renchérit Bruno Becker, employé à la raffinerie depuis 15 ans.

Chez les employés du site, c’est la déception et l’amertume qui prédominent. Après l’annonce par Total du report de sa décision sur l’avenir du site, un mannequin représentant un salarié Total a été installé sous une guillotine, pour exprimer leur triste vision.

"On est déçus, en colère, on a encore une fois été trompés. On nous a menti pendant cinq mois et là, on recommence. On ne peut plus se permettre d’attendre six mois à nous laisser pourrir sur le site comme des malpropres", déclare Clément Mortier, qui travaille depuis trois ans à Dunkerque.

Total a annoncé lundi le report jusqu’à l’été de sa décision sur le sort de sa raffinerie de Dunkerque, précisant qu’en cas de fermeture un centre d’assistance technique et une école de formation seraient crées pour employer deux tiers des 370 salariés du site.

"On veut vous faire croire que nous les prolos, on va nous transformer en professeurs ? C’est de la foutaise tout ça !", explique Marcel Croquefer, délégué CGT, dont les propos sont accueillis par une salve d’applaudissements.

"On tiendra jusqu’au bout, pas question d’arrêter la grève. Battons-nous, il est grand temps de faire quelque chose. Il faut que les autres raffineries du groupe nous rejoignent", ajoute Jean Luc Carette, délégué Sud Chimie.

L’abattement laisse place à la colère. "On a été gentils jusqu’à maintenant, mais ça peut plus durer. Il faut vider les bureaux, chasser la direction d’ici", avance un délégué. Dans l’assemblée, plusieurs voix s’élèvent pour dire qu’il "faut séquestrer le patron, comme ailleurs".

Malgré la révolte qui gronde, les salariés demeurent réalistes. "Tenir encore six mois de grève, ça va être très difficile, voir quasi impossible. Physiquement, moralement, financièrement, on est déjà à bout", reconnaît Clément Mortier.

"On verra ce qu’on peut faire pour mobiliser les autres raffineries, créer un mouvement national, plus dur, mais plus court, pour avoir plus d’impact", explique le jeune homme.

Une manifestation des salariés, des élus de la région et de la population est d’ores et déjà prévue jeudi à Dunkerque et une réunion intersyndicale devra décider vendredi d’un éventuel mouvement de grève dans l’ensemble des raffineries du groupe.

02 février 2010


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