Parti socialiste : Une retraite en trompe l’oeil

vendredi 5 février 2010.
 

Certes les symboles comptent en politique, mais le concret aussi. Le Bureau national du PS qui s’est tenu la semaine dernière a recadré la communication de Martine Aubry sur l’abandon de la retraite à 60 ans. Mais son communiqué unanime ne change rien sur le fond.

Martine Aubry tentait déjà depuis plusieurs jours de corriger ses déclarations. Ca ne vous rappelle rien ? Ségolène Royal était une experte en la matière, au point d’en faire une méthode de campagne. D’abord une déclaration provocante, puis des rectifications trop subtiles et tardives pour effacer l’effet produit. Au passage, un « tabou » en moins !

Ainsi Martine Aubry prétend qu’elle a juste constaté que les Français partaient après 60 ans (alors qu’elle a déclaré explicitement « on doit aller très certainement, on va aller très certainement, vers 61 ans ou 62 ans »). Après avoir salué la fin du tabou de la retraite à 60 ans, les dirigeants du PS accompagnent ce prudent repli en écrivant dans leur communiqué que « l’accroissement de l’espérance de vie, associée à une arrivée plus tardive sur le marché du travail, entraîne un départ réel à la retraite à 61, 62 ans ».

Les experts en matière de retraites auront noté le contre-sens. Contrairement à ce qui est écrit, l’allongement de l’espérance de vie n’est pour rien dans les départs de plus en plus tardifs. Sinon jamais la retraite à 60 ans n’aurait vu le jour après que l’espérance de vie ait augmenté considérablement pendant le siècle qui a suivi l’instauration de la retraite à 65 ans. Les départs de plus en plus tardifs ne sont pas une conséquence de la démographie mais d’une décision politique : l’allongement de la durée de cotisation mis en place par la droite. Or si le PS semble l’oublier c’est qu’il renonce à contester ce choix, même si celui-ci remet en cause en pratique le droit à la retraite à 60 ans.

C’est pourquoi il ne lui reste plus que la réaffirmation vidée de sens de l’attachement au vieux symbole. Le communiqué du Bureau national se prononce vigoureusement pour « le maintien de l’âge légal du départ à la retraite à 60 ans, c’est à dire la possibilité de faire valoir ses droits, quel que soit le montant de sa retraite ». Oui vous avez bien lu, quel que soit le montant ! Le droit à la retraite à 60 ans est devenu le droit de partir avec des retraites de misère ! Et même sans rien s’il le faut. Non mais !


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