Après le débat sur la candidate voilée Partout, en France, en Europe et dans le monde, défendons la laïcité !

lundi 22 février 2010.
 

A l’heure où le gouvernement Sarkozy porte des coups brutaux contre la laïcité, notamment en faisant voter il y a quelques mois la loi Carle obligeant les communes à financer les écoles privées, il est important que la gauche continue de mettre sa défense au cœur de son action.

La laïcité est notre bien commun. Comme la retraite à 60 ans, ou les services publics, elle fait partie des acquis sociaux, arraché aux réactionnaires et aux anti-républicains, qu’il faut défendre. Certes, un climat nauséabond est actuellement entretenu par la droite pour montrer du doigt nos concitoyens étrangers comme responsables de la crise ou responsables des attaques contre la laïcité. Certes. Mais, est-ce une raison pour que certain à gauche fassent « imploser » cette ligne de défense en considérant qu’il n’y avait aucune importance à ce que les candidats n’affichent pas leurs convictions religieuses sur le matériel électoral… Vous aurez compris de quoi je parle. Je suis sidéré et en désaccord avec nos amis du NPA à propos de leur jeune camarade du Vaucluse qui porte un foulard sur la photo de leur liste.

Fraternellement, je leur dis : vous faites erreur.

Notre pays ne sera pas meilleur quand, demain, lors des campagnes électorales, chacun viendra arborer sa petite croix, sa kippa, son foulard, sa photo à la paroisse, à la mosquée où je ne sais trop où. Les convictions religieuses de ceux qui se présentent aux suffrages de leurs concitoyens doivent rester quelque chose de privé. Sinon, demain, tous les lobbys religieux viendront monnayer leur soutiens publics et la présence de fidèles sur différentes listes pour qu’elles soient saupoudrées de représentants de leur « communauté religieuse ». Non ! La République, ce n’est pas ça. La laïcité ce n’est pas non plus faire un saupoudrage financier sur toutes les religions au nom de l’égalité. C’est pourquoi au Conseil de Paris avec mes amis, nous votons contre les subventions financières aux crèches et aux écoles privés ! Je sais bien que les dirigeants du NPA sont d’accord sur ce dernier point et ne veulent pas cela, mais en agissant comme ils le font, ils font « sauter » un verrou supplémentaire. Dans la polémique, ils semblent dire que si une liste ne comprend un musulman publiquement, alors elle est raciste et "non représentative des quartiers populaires". Absurde. L’Islam, ce n’est pas la banlieue. Ce lien fait entre l’un et l’autre est révoltant.

Certes, certains crétins (je pense aux "Ni putes, ni soumises" qui veulent attaquer le NPA en justice) et petits manœuvriers (je pense à la rédaction du Figaro) profitent de l’aubaine pour « taper » sur le NPA à peu de frais. Ainsi va la vie politique. Personne n’est dupe. Mais, cela n’empêche pas que l’on a le droit, et même le devoir, de dire aux dirigeants du NPA qu’ils se trompent dans cette affaire. Faut-il le répéter : les révolutionnaires et les socialistes ne sont pas des « bouffeurs de curés » (encore qu’on a aussi le droit de considérer qu’ils sont porteurs d’obscurantisme), mais ils défendent la laïcité, c’est-à-dire le fait que dans « la sphère publique » et notamment lors des élections et dans les assemblées élus, personne n’affiche ses croyances religieuses.

J’ai entendu Olivier Besancenot riposter aux reproches qu’il subissait en disant que personne n’avait été choqué lorsque l’Abbé Pierre avait été élu avec sa soutane dans les années 50 à l’Assemblée nationale. Mais, c’est un bien mauvais argument. Premièrement, car depuis toujours les laïques français s’opposent à cela, et il est aujourd’hui interdit de se présenter à une élection en soutane. Olivier devrait le savoir. Défend-il le retour de la soutane ? Deuxièmement, l’Abbé Pierre n’était pas et n’a jamais été un homme de gauche. Son œuvre caritative ne doit pas faire oublier que sur nombre de points il était assez réactionnaire. Son engagement en fin de vie au coté du révisionniste Garaudy devrait suffire pour ne pas faire de cet homme un exemple.

Le débat doit donc continuer entre les forces de gauche, sans insultes ni propos blessants. Oui, on peut être contre le port du foulard sans être un raciste islamophobe. A l’inverse, on peut même d’ailleurs être pour le port du foulard en étant un raciste islamophobe. C’est-à-dire en considérant qu’après tout « les arabes sont comme cela, différents de nous et qu’on peut rien y faire ». Cette vision « essentialiste » de l’humanité n’est pas la mienne. Une religion, ce n’est pas une identité. Rappelons que la grande majorité des musulmans français, femmes et hommes, sont des laïques qui ne manifestent pas en public leur religion. Beaucoup participent à la vie politique et ils sont nombreux à être au PG par exemple. Et, pardons d’enfoncer des portes ouvertes, mais non, on ne peut être réellement et pleinement féministe et porter un foulard qui cache ses cheveux. On ne peut être pour l’émancipation des femmes et considérer, qu’en fonction de leur sexe, elles doivent cacher une partie de leur corps. La gauche doit faire de la pédagogie dans ce débat là, et non ajouter de la confusion. Le problème dans ce cas n’est pas d’interdire cette candidate, non. Elle a formellement le droit de se présenter. C’est sans doute une jeune fille de grande valeur dans son engagement. Mais, par son acte, et le soutien de ses camarades, elle participe à la confusion politique ambiante. Peut-être qu’à 21 ans elle ne le mesure pas. Dommage.

Mais, plus profondément, sans doute, y a-t-il un désaccord avec Olivier Besancenot sur ce qu’est la laïcité. Hier, je relisais un livre d’Olivier (coécrit avec François Sabaddo) : « Révolutions, 100 mots pour changer le monde » (Editions Flammarion). Et bien, page 289, avec grand étonnement, j’ai lu la phrase suivante : « ..Dans la société socialiste de demain, l’Etat veillera ainsi à la liberté de culte, à l’exercice du droit religieux, comme de tous les droits individuels. Il ne procèdera pas, comme l’ont fait les régimes bureaucratiques de l’Est, de manière répressive face aux phénomènes religieux. Les débats sur les questions religieuses relèveront de l’espace public ».

J’avoue ne pas comprendre, et même être en désaccord profond avec cette dernière phrase. En quoi les débats sur les questions religieuses doivent ils relever de l’espace public ? Débats entre qui et qui d’ailleurs ? A quelles fins ? Et ceux qui ne croient pas, que font ils ? Qui conclut le débat ? Etc. On le voit, il y a là une conception du rapport entre la religion et l’Etat assez originale dans la gauche, et particulièrement dangereuse par la laïcité.

Voilà. Une fois ces commentaires et critiques prononcées, je ne me trompe pas d’adversaire : celui qui veut casser la laïcité, c’est Nicolas Sarkozy. C’est lui qui veut réintroduire la religion dans la vie publique, ne l’aidons pas, même involontairement.

Un dernier exemple pour montrer que c’est un combat d’une brûlante actualité, en France et en Europe. Avez-vous entendu parler du juge italien Tosti ? Certains connaissent peut être déjà cette histoire.

Le juge italien Luigi Tosti avait été condamné à 7 mois de prison pour avoir refusé de rendre justice sous un crucifix. Cette condamnation a été cassée par la cour de cassation en juillet 2009. Cherchant à prendre revanche, le 22 Janvier 2010 le Conseil Supérieur de la Magistrature a révoqué le juge Tosti. Celui-ci a décidé de faire appel devant la Cour de Cassation de la République italienne. On peut signer une pétition de soutien sur le site de la Libre Pensée .

Partout, en France, en Europe et dans le monde, défendons la laïcité !


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