De La conception matérialiste de la question juive

samedi 20 février 2010.
 

2è volet après le texte de Marx répondant sur La question juive

Du communautarisme politique à l’impérialisme, mais inversement, de la communauté culturelle au socialisme (ou communisme) international comme praxis de l’invention du partage, que ce soit unifié ou en réseau fédéré de la diversité (autre question). Cet texte, un manifeste de l’histoire intégrée des personnes et des sociétés, éclaire non seulement l’histoire de son temps, mais encore la question palestinienne, aujourd’hui.

Cette présentation de La conception matérialiste de la question juive survolera toutes sortes d’événements, ici et là, pour mémoire du contexte historique et des luttes de libération antérieures et contemporaines de Abraham Léon, et de celles qui lui succèderont. Marx, à propos de la religion dans La question juive, distingue entre l’individu et le citoyen, entre les droits de l’homme et les droits civiques, ce qui installe le statut de la laïcité commune entre tous, et la réserve du droit privé. Léon, qui connaît la dérive sioniste nationaliste, distingue entre la question communautaire intériorisée et la question politique extériorisée : entre l’impérialisme sioniste (une oppression de l’homme par l’homme) et le communisme international (d’abord un processus de lutte dans lequel les contradictions religieuses se résolvent pour y parvenir) — ici on ne peut se réserver, il faut choisir d’être avec le partage, ou contre. De la communauté au communisme. La Conception matérialiste de la question juive est la réflexion préalable d’une praxis fondée par la nécessité d’un choix (et d’une rupture avec la réalisation de l’utopie). C’est aussi la question des moyens et de la fin, la question de la cohérence entre la théorie et la pratique, et sa résolution intégrée, contre le stalinisme.

D’un voile et d’une calotte bibliques à l’autre il y a chaque fois un Livre de différence, le Coran inclus, et souvent une laïcité collective différemment comprise mais pourtant entendue, avec en outre des métamorphoses des communautés qui s’intègrent — parfois jusqu’à l’athéisme mais pas nécessairement — notamment dans chaque Internationale révolutionnaire ouvrière et particulièrement dans la IIIe et la IVe. Seuls les anarchistes, exclus depuis la seconde Internationale, font un principe irrévocable de l’athéisme... Mais tout fonctionne par communautés, aux fondements de la société socialiste. Il y a aussi en France une présence du Maghreb (dont la première tentative de colonisation remonte aux années révolutionnaires), émigration accélérée depuis la Prise d’Alger (1830), pour travailler dans les usines de plusieurs villes. Ce sont des populations musulmanes récemment émigrées d’Afrique du Nord, entre autres peuples d’Afrique et d’Asie objets de la colonisation, elles ne se structurent pas en communautés revendicatives, mais rejoignent le syndicalisme socialiste ou anarchiste. Dans les années 30, des ouvriers algériens organisent les premiers mouvements anti-impérialistes en France ; certains s’enrôleront dans les Brigades Internationales pour aller se battre en Espagne.

Pour mémoire des luttes anti-coloniales sur le terrain contre la France : en Algérie, c’est une femme mystique, la Kabyle "Lalla" Fatma N’Soumer, lettrée coranique de descendance maraboutique, à la beauté légendaire, insoumise à la famille et à la colonisation, qui devient chef d’une armée d’environ 14 000 femmes et hommes, après avoir unifié les cheiks de plusieurs tribus, organisant une résistance qui tient tête à l’armée française pendant dix ans. Arrêtée en 1857, les militaires français saccagent sa bibliothèque. Elle meurt, toujours détenue, en 1863. Au contraire, Abd-el-Kader défait par la France s’exilera à sa demande à Damas, où lors de massacres il sauvera de nombreux chrétiens maronnites, ce qui lui vaudra d’être décoré de la Légion d’honneur par Napoléon III ; il meurt en 1883. Le Moyen Orient arabophone connaît la création secrète du Congrès général arabe, en 1913, pour revendiquer une nation arabe après l’effondrement de l’empire Ottoman, mais il est réprimé par les Turcs. A partir de 1922, la région est sous un mandat britannique attribué par la Société des Nations.

(...) Suite de la présentation de l’ouvrage de Abraham Léon et téléchargement de l’intégrale de La conception matérialiste de la question juive, précédée de l’introduction de Ernest Mandel :


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