Délinquants solidaires contre l’article 2 de la LOPPSI, projet de loi sur la sécurité intérieure,

samedi 20 février 2010.
 

Jour de la liberté

L’article 2 de la LOPPSI, projet de loi sur la sécurité intérieure, accentue encore les restrictions à la liberté d’expression. Nous, qui voulons garder notre devoir d’alerte, notre droit de citoyens à interpeler le gouvernement, nous portons un masque à l’effigie de Sarkozy, une pancarte "casse toi pauv’con" ou encore en criant « Sarkozy je t’ai vu !"

Délinquants solidaires, nous revendiquons le droit à "troubler la tranquillité" de celles et ceux qui chaque jour "troublent la tranquillité" du peuple par leurs attaques incessantes contre l’intérêt général, les services publics et l’emploi. Nous publions donc aujourd’hui simultanément sur tous nos sites et blogs le même billet, assumant d’entrer ainsi en résistance à une loi qui muselle un peu plus les expressions de solidarité et de citoyenneté, afin que la voix de la population puisse se faire entendre haut et fort !

Art. 222-16-1. – Le fait de faire usage sur un réseau de communications électroniques, de l’identité d’un tiers ou de données de toute nature permettant de l’identifier, en vue de troubler la tranquillité de cette personne ou d’autrui, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15000€ d’amende.

Ce début de blog est une action concertée entre blog des membres du Parti de Gauche. C’est une première pour nous ! Et peut-être que ce ne sera pas la dernière. On va voir ce que ça donne en visibilité. C’est Corinne Morel Darleux qui nous a donné l’idée, et c’est elle qui a mis en musique la consigne. Cette action vient a la suite du débat parlementaire sur la LOPPSI dans lequel Martine Billard, notre député de Paris, s’est beaucoup investie et a fait un gros travail de sensibilisation sur les dirigeants du PG ! Moi je suis à la traîne pour cette publication car la note que j’avais montée hier s’est volatilisée à la suite d’une fausse manœuvre. Ici et à présent je vais m’en tenir a des questions qui touchent aux libertés, pour rester dans le ton de l’introduction. Il s’agira de l’affaire SWIFT, de la garde a vue et de l’émission a laquelle j’ai participé comme un grand, c’est-à-dire « dimanche plus », extrêmement bonne pour mon prestige et un peu moins pour mes messages…

BIG BROTHER EST MAL SERVI

Le Parlement européen a adopté une recommandation qui a fait grand bruit. Enfin juste un peu. Voila un vote qui aurait du réjouir les eurolâtres. Ils auraient du en tirer une de leurs habituelles ritournelles sur l’Europe qui agit. Mais comme il est question d’agir contre nos excellents et indépassables amis nord-américains, la fête est restée discrète. Même « le monde » n’en a pas rajouté. Pourtant la semaine d’avant le journal avait éditorialisé pour soutenir la ferme décision du conseil européen aux côtés de la Grèce alors que l’article reportage faisait un bilan consterné et cruel de l’impuissance européenne ! Donc le parlement a voté une résolution d’opposition aux états unis. Pour être exact, cette résolution refuse en fait une proposition de décision du Conseil des gouvernements en Europe. Pas n’importe laquelle ! Celle s’appliquant à la conclusion de l’accord de transferts de données bancaires à caractère personnel entre les États-Unis et l’Union européenne ! Les gouvernements européens, eux, s’étaient couchés ! Le Parlement a ainsi suivi la décision de sa commission des libertés civiles. Celle-ci avait décidé ce refus par 29 voix contre, 23 le 4 Février dernier. L’accord de droit de flicage en faveur des Etats Uniens avait pourtant été signé le 30 Novembre 2009 entre le Conseil européen (les chefs de gouvernements) et les Etats-Unis ! Il ne prévoyait rien moins que l’accès des autorités américaines aux données de la base SWIFT. Qui est Swift ? Cette société coopérative bancaire belge fournit des services de messagerie standardisée de transfert interbancaire à plus de 7.800 institutions financières. Oncle Sam, vêtu dans sa tunique bleue de Big Brother aurait pu surveiller et contrôler chacun de nos compte en banque ! Donc tous vos virements personnels à ben Laden ou vos cotisations à al Quaïda aurait été immédiatement détectées ! Génial non ? Et pas seulement ! Toutes vos cotisations, abonnements à des journaux, prélèvements automatiques et compagnie. Avoir accepté ça, Sarkozy en tête, est dans la droite logique des dérives totalitaires de la politique antiterroriste menées par les Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001. Cette politique est symbolisée par le Programme de traque du financement du terrorisme (TFTP). C’est le cadre dans lequel les Etats-Unis espionnent depuis 2001 la majeure partie des transferts financiers internationaux. Sollicitée par Washington, la société Swift avait donné son accord. En toute illégalité ! La société transférerait donc les données bancaires qui passaient par elle au Trésor états-unien. L’accord donné par les gouvernements en Novembre 2009 avalisait donc cette ingérence ! Et le délit de SWIFT, par la même occasion. C’est cela la vérité du régime de liberté individuelle que prétend être le libéralisme. Imaginez que Chavez organise un tel contrôle ! Pourtant il aurait bien des raisons de le faire ! Imaginez !

Une victoire amère

On doit donc se réjouir que le Parlement ait ainsi rendu avis très majoritairement défavorable à cet accord. Je suis quand même déçu que le vote au Parlement européen n’ait pas été nominal. Il est donc impossible de produire ici une liste des eurodéputés ayant ou non refusé leur soutien à l’espionnage des Etats unis. Disons aussi que la « victoire du Parlement sur la décision du Conseil » est cependant à relativiser. En effet l’accord signé par le Conseil des gouvernements entrait provisoirement en vigueur au 1er Février 2010. Le Conseil s’est donc délibérément assis sur l’obligation qui lui est faite d’obtenir l’avis conforme du Parlement européen. Il a signé et appliqué ! Le Parlement ne dispose donc plus à ce jour que d’un droit de blocage de l’application d’un accord déjà entré en vigueur. C’est de ce droit dont il vient d’user. Amère victoire que celle là ! Par ailleurs, le texte de la recommandation n’est pas satisfaisant en soit. En effet, ce texte se borne principalement, dans son exposé des motifs, à dénoncer le fait que les données personnelles puissent être conservées pour une durée indéfinie. Il est aussi, dans l’esprit, favorable au « renforcement de la coopération transatlantique dans le domaine de la justice, de la liberté et de la sécurité ». La rapporteure, la néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert, membre du groupe ALDE y insiste dans son exposé des motifs. Elle y clame même son soutien à « une UE atlantiste ». Ca ne s’invente pas ! Il acte d’ailleurs dans son article 2 qu’il « demande à la Commission de présenter immédiatement des recommandations au Conseil en vue d’un accord à long terme avec les États-Unis sur la prévention du financement du terrorisme ». Ils se font peur d’un rien ces atlantistes ! Donc, pas d’illusion à entretenir sur la capacité de résistance de ces sortes de larbins quand il s’agit de résister durablement aux injonctions américaines. Même quand il s’agit de la liberté individuelle dont tous ces gens font des gorges chaudes à tous propos !

LA GAV SE GAVE !

Ce pauvre jeu de mots m’amène à l’autre point de cette note sur les libertés dans notre merveilleuse époque d’économie de marché et de société de liberté d’acheter ce que l’on veut si on peut. Je dis un mot de l’épidémie de garde à vue qui frappe notre pays. Les GAV, comme on dit dans le jargon des acronymes, sont devenues une menace permanente qui pèse sur chacun de nous. Les témoignages pullulent à ce sujet. Pour un oui pour un non, quelque soit l’âge et le prétexte, hop, au poste pour trois ou quatre heures. Si vous protestez assez fermement vous pouvez bénéficier d’un « outrage à agent ». A ce moment là celui qui vous a capturé fait fort. Il fait du chiffre comme un fou. D’abord parce qu’il a constaté un délit, un point ! Ensuite il vous a identifié, donc « affaire résolue », autre super bon point ! Puis il vous a chopé sur un deuxième délit, l’outrage, encore un point ! Et identifié comme auteur du délit, deuxième « affaire résolue » ! Le jack pot pour un véhicule mal garé et une ronchonnade avec l’agent qui verbalise, non ? Génial non ? Donc maintenant c’est la grande industrie de la GAV. Le chiffre donné par "Le Monde" est de 1% de la population mise en garde a vue en 2008 ! C’est énorme non ? Et pourtant c’est sous évalué !

TOUT LE MONDE AU BLOC !

D’abord le chiffre. Les garde a vue 2008 auront été de 800 000 et non 570 000 comme annoncé par le ministère de l’Intérieur ! En effet le ministre avait oublié de comptabiliser les garde a vue pour délits routiers ! Déjà ce chiffre coupe le souffle, non ? Et maintenant on y regarde de plus près. Et ça s’aggrave ! Les 800 000 GAV se concentrent en effet sur une classe d’âge réduite. Il y a en effet environ 13 millions d’enfants de moins de 13 ans dans notre pays. On ne peut légalement les placer en GAV ces petits imbéciles qui feraient pourtant un super gibier facile a menotter et provoquer sans risque ! Après ça il y a environ 20 millions de plus de 60 ans qui ne sont pas les plus exposés à ce risque. En effet, certes ils courent moins vite et sont donc plus facile a ceinturer mais ils ont souvent le bras long et des relations jusque dans la presse. Sans compter qu’ils ont souvent des revenus et sont capables de se payer de bons avocats. Bref, ils savent se défendre ! Donc soixante trois millions de personnes moins trente trois, il ne reste que trente millions en vivier pour prélever 800 000 gav. Faites le compte.

LA GAV C’EST GRAVE !

Maintenant si on regarde qui est réellement capturé, on constate que la plupart des personnes placées en GAV ont entre 15 et 35 ans. Cette tranche d’âge représente environ 15 millions de personnes ! Ca nous donne donc 5,3% de cette population placée en GAV en 2008 ! Si l’on considère que ce chiffre est cumulatif avec les années, le risque d’être placé en GAV au moins une fois dans sa vie est non négligeable ! Heureusement que certains y passent plusieurs fois par an ! Ca diminue le risque pour les autres et ça améliore les chiffres puisque ce sont des récidivistes que l’on compte alors et ça prouve que la police surveille de près les délinquants ! Et pour terminer ce tableau d’honneur de l’efficacité répressive, signalons que la France a été souvent épinglée par le comité de prévention de la torture (Conseil de l’Europe) pour l’état lamentable des geôles de GAV.Ce n’est pas rien que ces garde à vue ! Un passage en GAV entraîne automatiquement l’inscription au fichier STIC. Le simple fait d’y figurer produit une interdiction d’accéder à certains emplois. Par exemple vigiles, bagagistes dans les aéroports. Et même certain poste de la fonction publique. Ce fichier est d’ailleurs très critiqué par la CNIL qui n’est pas vraiment un organisme révolutionnaire avec son président, Alex Turk.

LAPIX ET LE RENARD

Donc c’est avec à l’esprit cette ambiance que je suis allé a mon rendez vous du dimanche. C’était a Canal plus. Sur le plateau des stars, en face de madame Lapix et de son déroutant sourire. Juste avant moi passait madame Le Pen. Je suis abonné à cette famille moi ! La dernière fois déjà je passais avant le père et maintenant après la fille ! Rude cliente celle-là. Madame Lapix était un peu vidée quand elle je suis arrivé sur son perchoir a trois mètres au dessus du sol. Le reportage auquel je devais réagir traitait d’une prison sans barreau à Casabianda en Corse ! Comme cette prison existe depuis soixante ans je me demande ou était l’actualité. Surtout la semaine du vote sur la commission Baroso et de la crise grecque. Mais bon ! Pourquoi pas, même si ce n’est pas trop valorisant. Là, j’avais une tache de salubrité publique à accomplir. Car en attendant mon tour au pied du perchoir j’avais eu, en écoutant les commentaires des personnes qui étaient là, un avant gout de ce pensaient tous « les vrais gens » de ce documentaire. « ah ben ! Ils ne s’emmerdent pas les taulards ! » « Ben, dis donc, vaut mieux être violeur que travailleur, si tu veux des vacances en corse ! » Et ainsi de suite. Terrible ! Comme si la réalité de la prison en France, c’était ça ! C’est un taux d’occupation des cellules à 130 % ! Quatre ou cinq personnes dans quelques mètres carrés, empilées sans intimité et en toute promiscuité. Largement plus de 60 000 détenus ! Ils étaient 30 000 en 1981 ! Et pourtant la part des crimes reste stable. Alors même qu’avec le viol, une nouvelle incrimination existe qui compte comme crime ! Ce qui augmente de 50% ce sont les violences aux personnes et aux biens. Violences aux personnes type vol à l’arraché de sac ou de téléphone portable ! Dites, vous voyez, c’est quand même une drôle de société dans laquelle nous vivons !


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