Grèce : "Les riches devraient payer pour la crise" (2 articles)

mardi 2 mars 2010.
 

1) Grèce : "Les riches devraient payer pour la crise"

Mercredi 24 février, les rues de la Grèce étaient vides, mis à part les deux millions de manifestants du secteur public qui faisaient la grève.

L’espace aérien du pays était interdit à tous les vols, les trains et les bateaux étaient aussi annulés, les écoles fermées et les services publics paralysés pour protester contre les sévères mesures du gouvernement, qui sont censées sauver le pays de la crise économique. Les journalistes ont eux aussi eu une grève de 24 heures.

Ce fut la seconde grève générale en deux semaines. Elle s’est associée à l’exaspération croissante contre la réponse de l’UE à la crise. L’action a été considérée comme la plus grosse depuis que le gouvernement socialiste de la Grèce a annoncé ses coupes pour amener le déficit du pays dans les limites fixées par les règles de la zone euro. La Grèce a désormais 12,7% de deficit public, plus de quatre fois ce qui est autorisé.

Les Socialistes ont proclamé que la solution passerait par le gel des salaires du secteur public, l’élévation de l’âge de la retraite jusqu’à 63 ans d’ici à 2015, et l’augmentation des taxes sur l’essence, l’alcool et le tabac.

Des manifestatiosn se sont tenues à Athènes et en Thessalonique. Le défilé devait être nonviolent mais des confrontations ont éclaté entre les manifestants et la police à la fin du rassemblement, moment où des grenades lacrymogènes ont été lancées. Trois personnes ont été mises en détention.

Le principal message syndical était que c’étaient les riches de Grèce qui devaient payer pour la crise, et non pas les classes moyennes et laborieuses.

« De tous le pays, un message fort d’unité, de lutte et de protestation a été envoyé », a dit Yiannis Panagopoulos, le chef du GSEE.

« Les travailleurs sortiront la société de la crise et répondront à l’effet domino de la spéculation par des manifestations en dominos. Ces manifestations sont un message de solidarité à tous les peuples d’Europe : un voie vers la solidarité et la cohésion sociale, meilleure que celle du catastrophique Pacte de Stabilité », a déclaré Alexis Tsipras, du Synaspismos.

« Le gouvernement devrait adopter un mélange de mesures économiques et sociales qui conduiraient non pas à la récession mais à la création d ’emplois », ont ajouté les syndicats.

Source : European Leflt News Portal, 25 février 2010.

Traduction : Marc Harpon pour le site du Parti de Gauche

http://www.lepartidegauche.fr

2) La Grèce paralysée, pour montrer qu’elle veut vivre

Source : http://www.humanite.fr/2010-02-25_I...

Alors que les émissaires européens étaient à Athènes pour contrôler les comptes et valider les mesures d’austérité proposées par le gouvernement, les citoyens, eux, manifestaient et se croisaient massivement les bras.

« Le gouvernement grec veut revenir sur le contrat fixé  : les salariés devront travailler plus longtemps, et ceux qui, comme moi, touchent déjà leur pension, ne sont pas garantis de son montant  ! » s’insurge Trikkas, barbichette au menton, lunettes teintées sur le nez. Sous le soleil, cet ancien journaliste a manifesté hier avec plusieurs dizaines de milliers de ses concitoyens dans la capitale hellénique.

Les syndicats déterminés à s’opposer à la « purge »

C’est d’abord en Grèce qu’est lancée la course à l’austérité européenne. En piste, les institutions de l’UE qui ont mis le pays sous tutelle, le gouvernement, qui défend bec et ongles, « la rigueur », et les syndicats et partis progressistes, déterminés à s’opposer à la « purge » annoncée. Ces derniers ont engagé hier une bataille qui sera probablement longue, de manière éclatante. Selon la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE), la grève a été suivie à 100 % dans plusieurs secteurs d’activité, à 70 % dans l’industrie et dans les banques. Et si le président de la chambre des petites et moyennes entreprises affirmait que la participation à la grève ne dépassait pas 10 % dans ce secteur, il faut souligner que la précarité, l’insécurité et la faible syndicalisation qui règnent dans les PME rendent plus difficile la participation au mouvement. Jusqu’aux sans-papiers qui ont défilé hier dans les rues d’Athènes, portant des autocollants « Stop Frontex », le plan européen contre l’immigration.

Plus de 45 000 manifestants battaient le pavé dans Athènes, en deux cortèges (l’un mené par les grandes centrales syndicales regroupant plus de 30 000 personnes, l’autre à l’appel du Front de lutte syndical (Pame), émanation du KKE, le parti communiste). D’autres manifestations avaient lieu simultanément dans les autres grandes villes du pays. Ainsi, ils étaient près de 10 000 à Salonique, dans le Nord. Incontestablement, les Grecs avaient décidé de se faire entendre, maintenant que le gouvernement a annoncé les mesures d’austérité destinées à réduire drastiquement le déficit du pays. Au menu  : le report de deux ans, à soixante-trois ans et demi, de l’âge moyen de départ en retraite, des réductions des salaires des fonctionnaires, des ponctions sur les dépenses sociales, une hausse de la TVA.

Dans le cortège, des fédérations du secteur privé, comme celle de l’alimentation et des boissons, ou des banques, étaient particulièrement visibles. « J’ai vingt-huit ans, je suis ingénieur en génie civil. Déjà, je ne trouve pas d’emploi. Si les gens travaillent plus longtemps, combien de temps devrais-je attendre encore  ? » s’inquiète Dimitri, qui défile avec les ingénieurs. « Nous voulons un travail, un salaire correct et une véritable assurance sociale. Notre pays doit respecter des normes de l’UE qui sont injustes », poursuit-il.

Evrydiki, vingt et un ans, étudiante, a choisi de rejoindre les rangs de la manif du KKE, dont elle est membre. « Nous sommes là pour défendre nos droits. Les mesures sont antisociales. Notre gouvernement, avec l’aide de l’UE, veut les imposer coûte que coûte », analyse-t-elle. Jusqu’alors sourd aux contestations, ce gouvernement, mené par le Pasok, entendra-t-il maintenant les citoyens  ? Si, pour l’heure, il n’a encore formulé aucune réponse, les syndicats ont déjà annoncé la couleur  : ce n’est qu’un début, « nous continuerons par des actions fortes des travailleurs au mois de mars », a déclaré Spyros Papaspyros, un dirigeant d’Adedy, le syndicat de la fonction publique. D’autres manifestations sont déjà prévues pour avril et mai. Une résistance d’autant plus remarquable que la plupart des grands médias pratiquent un véritable « bourrage de crâne », selon Trikkas qui précise  : « La télévision présente la purge antisociale comme la seule solution possible. »

Signe des temps et de l’importance du mouvement par-delà les frontières nationales, John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, s’est exprimé à la tribune et a tenu la banderole pendant toute la marche. « Vous avez parfaitement raison », a-t-il lancé à la foule. Retraites amputées, dépenses sociales rationnées, les prétendues solutions sont les mêmes partout en Europe. Et l’idée de la nécessité d’organiser une vaste riposte européenne aux dimensions sociales mais aussi politiques commence à se frayer un chemin.

Fabien Perrier


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