Les Islandais refusent de banquer pour les banquiers ! 6 articles (Solidaires, CADTM, ATTAC...)

mercredi 10 mars 2010.
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1) Le peuple islandais montre la voie

Les Islandais ont décidé à plus de 90 % de rejeter la loi qui prévoyait que l’Islande devait rembourser 3,8 milliards d’euros au Royaume-Uni et aux Pays-bas pour indemniser les clients fortunés britanniques et néerlandais de la banque islandaise Icesave qui avaient perdu leurs avoirs lors de la crise financière. Ainsi ces clients qui avaient joué sur les marchés financiers pour avoir des rémunérations mirobolantes de leurs investissements, et qui sont donc coresponsables de la débâcle financière, auraient dû être remboursés par le peuple islandais !

Ce vote du peuple islandais prend une signification particulière alors que le peuple grec essaie de résister à la violente purge que le gouvernement grec et l’Union européenne veulent lui imposer pour, là aussi, lui faire payer le prix d’une crise dont il n’est nullement responsable. Une même politique d’austérité drastique touche, ou va toucher, tous les pays européens. Partout l’objectif des gouvernements et des institutions de l’Union européenne est de faire payer la crise aux populations, alors même que ce sont les marchés financiers qui sont les responsables de la crise actuelle. Ce sont eux qui, par leur cupidité et leur aveuglement, ont plongé le monde dans la récession. Pour y remédier et pour les sauver de la faillite, les Etats ont dû emprunter auprès… de ces mêmes investisseurs internationaux qui maintenant leur reprochent un endettement dont ils sont les premiers responsables et dont ils profitent. Mieux encore, les banques et autres institutions financières empruntent de l’argent à la Banque centrale européenne (BCE) à un taux extrêmement faible (de l’ordre de 1 %) pour ensuite prêter de l’argent aux Etats à un taux beaucoup plus élevé.

Mais le scandale ne s’arrête pas là. Prenant prétexte d’attaques spéculatives, les instances européennes et les gouvernements veulent prendre des mesures visant à réduire drastiquement les dépenses publiques, notamment celles relatives à la protection sociale et aux services publics. Injustes socialement, ces mesures sont stupides économiquement. Réduire la dépense publique n’aura pour conséquence que de casser nette une activité économique qui peine à redémarrer. Conséquences inévitables : hausse du chômage, baisse des recettes fiscales et donc … aggravation des déficits publics.

Il faut rompre avec cette logique absurde en commençant à briser les reins à la finance spéculative et arrêter de laisser le financement des Etats dans les mains des marchés financiers. La BCE doit, soit directement, soit indirectement, pouvoir financer les Etats. Ensuite, plutôt que de réduire les dépenses publiques, il faut accroître les recettes de l’Etat. En France, deux moyens simples existent pour cela : supprimer les niches fiscales qui profitent aux plus riches et dont le coût pour le budget de l’Etat est de 70 milliards d’euros ; supprimer les exonérations de cotisations sociales dont bénéficient le patronat et qui représentent un manque à gagner de 30 milliards d’euros pour l’Etat. Au-delà, il faut imposer une réforme fiscale d’ampleur qui restaure la fonction de l’impôt en taxant fortement les hauts revenus et le capital financier.

Des solutions existent pour sortir du piège de la dette. Mais elles supposent un affrontement avec le patronat et les marchés financiers. Tous les gouvernements européens sont aujourd’hui en train de préparer une politique d’austérité drastique pour faire payer la crise aux salariés et plus largement aux populations, le tout sous le contrôle étroit de la Commission européenne et de la BCE. Il est aujourd’hui grand temps que les salariés européens se mobilisent pour imposer d’autres orientations. Cela devrait être un objectif partagé par toutes les organisations syndicales à l’échelle européenne.

Le 8 mars 2010

Union syndicale Solidaires

2) Islande : le Collectif pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde salue le Non massif au référendum sur la loi Icesave

Samedi 6 mars, les Islandais se sont rendus aux urnes pour se prononcer sur la loi « Icesave », qui prévoyait la nationalisation de dettes privées et l’imposition de mesures économiques antisociales afin de trouver les fonds pour rembourser ces dettes. Le CADTM se réjouit de l’écrasante victoire remportée par le Non, avec environ 93% des suffrages exprimés. Cela constitue une victoire importante contre le néolibéralisme.

L’Islande a subi de plein fouet la crise financière et l’Etat a nationalisé les trois principales banques du pays, totalement privatisées en 2003, pour les sauver de la faillite. Le peuple islandais s’est mobilisé massivement pour faire payer le coût de cette crise aux responsables : les banques et les fonds spéculatifs. En août 2009, le Parlement a adopté une résolution pour conditionner le remboursement de cette dette aux « capacités de paiement » du pays. Le CADTM dénonce le FMI et l’Union européenne qui ont pesé de tout leur poids pour renverser cette orientation.

Dans la nuit du 30 au 31 décembre 2009, le Parlement a voté la loi « Icesave », qui visait à confirmer la nationalisation de ces dettes privées et à organiser, via des mesures d’austérité (gel des salaires, diminution des dépenses publiques…), le remboursement intégral (3,9 milliards d’euros) des montants avancés par les Etats britanniques et hollandais pour indemniser leurs « citoyens lésés » par la faillite de la banque en ligne islandaise Icesave en octobre 2008. C’est cette loi que les Islandais viennent de refuser catégoriquement.

Le CADTM reste très vigilant afin que ce choix soit respecté. Rappelons-nous ce qui s’est passé à propos du Traité de Lisbonne : alors que les Français avaient dit Non au Traité constitutionnel européen, le gouvernement français a tout de même fait approuver le Traité de Lisbonne qui l’a remplacé en passant par la voie parlementaire, tandis qu’après un premier vote négatif en Irlande, le gouvernement irlandais a imposé un nouveau référendum afin de parvenir au Oui.

Le CADTM demande au gouvernement islandais de refuser la logique néolibérale tout en garantissant la justice sociale. Pour cela, le CADTM propose une série de mesures concrètes qui pourraient être mises en place rapidement : nationalisation sans indemnisation du secteur bancaire, interdiction de nationaliser les dettes privées, moratoire immédiat sur le remboursement de la dette, mise en place d’un audit intégral de la dette islandaise en vue de répudier toutes les dettes odieuses ou marquées d’irrégularités, impôt exceptionnel sur le patrimoine des grosses fortunes afin de développer des emplois publics socialement utiles et respectueux de la nature… Cela serait conforme à la Déclaration sur le droit au développement, adoptée par l’ONU en 1986, qui stipule dans son article 2 : « Les Etats ont le droit et le devoir de formuler des politiques de développement national appropriées ayant pour but l’amélioration constante du bien-être de l’ensemble de la population et de tous les individus, fondée sur leur participation active, libre et utile au développement et à la répartition équitable des avantages qui en résultent. »

http://www.cadtm.org

3) Ils refusent debanquer pour Icesave

En Islande, la crise a emporté tout le secteur financier. La banque 
en ligne Icesave, qui opérait au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, laisse une ardoise de 3,8 milliards d’euros. C’en est trop pour 
les Islandais. Samedi, 
ils evraient se prononcer 
lors d’un référendum 
inédit pour ou contre 
le paiement de la dette 
de cette banque.

« Icesave, ça sonne comme une marque de vodka », nous confie Petra Karlsdottir. Mais Icesave est une banque en ligne, et sa faillite, en 2008, résonne comme une gueule de bois. « C’est un choc pour moi comme pour tous les autres », explique cette professeure de français. Car les 320 000 Islandais pourraient se voir contraints de régler l’ardoise de la banqueroute d’Icesave  : 3,8 milliards d’euros, soit 40 % du PIB islandais, ou encore 12000 euros par habitants.

Pour ne pas payer pour les banquiers, Petra votera « non », lors du référendum sur l’accord Icesave qui devrait se tenir le 6 mars.Les sondages donnent 60 % au « nei ». Icesave était une banque en ligne, créée en 2006 par sa maison mère Landsbanki, pour attirer des clients à l’étranger. Pratiquant des taux d’intérêts à 6,5 %, elle a recueilli l’épargne de plus de 300 000 Britanniques et Néerlandais. Après la mise en faillite de la banque, les gouvernements du Royaume-Uni et des Pays-Bas ont remboursé unilatéralement leurs citoyens. Et se tournent maintenant vers l’Islande pour obtenir remboursement. L’objet du référendum est d’approuver ou non l’accord entre Reykjavik, Londres et Amsterdam. Une telle consultation est inédite. Un « non » obligerait à la renégociation d’un accord.

Outre Icesave, les trois plus grandes banques du pays ont fait faillite. Nationalisées, elles laissent leurs dettes à l’État. En sus, la crise bancaire a fait découvrir aux Islandais un mal inconnu, le chômage de longue durée, et un taux de sans-emploi de 10 %. Ils ne veulent pas payer pour les erreurs de leurs banques. « Pour le citoyen lambda, il est difficile de comprendre ce qu’il se passe. » Thordur Einarsson entraîne les jeunes au football dans la banlieue de Reykjavik. Il est un peu excédé par cette crise. « On nous demande de payer pour une chose à laquelle nous n’avons pas participé », s’insurge-t-il.

Et dire qu’il y a deux ans, l’Islande comptait parmi les pays les plus riches du monde. La politique de vorace des banques met maintenant les citoyens en difficulté. « J’ai un ami qui paie davantage pour le remboursement de son prêt auto que pour son crédit logement », ironise Thordur. En effet. Depuis 1944, l’Islande connaît l’inflation. Ces dernières années, les banques ont trouvé la parade. Elles ne proposent plus que des prêts dont les taux d’intérêt sont indexés sur l’inflation. Celle-ci a fait un bon de prêt de 20 % l’an dernier. Pour contrer la hausse des prix, les banques proposaient également des prêts en panier de devises (yen, franc suisse…). Elles ont ainsi attiré des clients, mais quand la monnaie nationale, la couronne islandaise (ISK), s’est effondrée à la faveur de la faillite des banques, les taux d’intérêt ont grimpé. Les ménages doivent rembourser davantage que la valeur de leur gain.

Nous rencontrons Pall Heidar, lors d’un meeting de la Coalition des propriétaires de logement. « Je suis là pour le futur de mon pays », lance-t-il. Et un peu plus désolé  : « Mon beau-fils risque de perdre sa maison. » Car depuis octobre 2008, les Islandais se mobilisent, redécouvrent la politique. Tous les samedis, se tient une manifestation devant le Parlement. En janvier 2009, la « révolution des casseroles » a renversé le gouvernement de droite. L’un des quatre cents manifestants, Steinar, brandit une pancarte avec une photo de Samskip, l’un des riches qui a mené le pays à la ruine, selon lui. « Tout le monde est touché par la crise. Les prix sont montés à la hauteur des gratte-ciel, s’indigne-t-il. Les gens sont furieux  ! Ma mère pourrait perdre sa maison  ! »

Le principal problème du pays, ce sont ces familles croulant sous les dettes après avoir contracté des crédits indexés sur l’inflation ou sur des monnaies étrangères. Cela empêche le gouvernement de gauche de dévaluer la monnaie. L’inflation mettrait de nombreux foyers à la rue. « 1 400 familles risquent l’expulsion », prévient Fridrik O. Fridriksson, de la Coalition des propriétaires. Son association a lancé une grève du paiement des traites de crédit. « L’année dernière, 30 % de la population a participé à une précédente mobilisation de ce genre », se souvient Thorvaldur Thorvaldsson, militant de cette association.

C’est un système complet qui a fait faillite  : l’illusion qu’un petit État puisse s’enrichir grâce à la finance. Tout commence dans les années 1990 quand un ancien directeur de théâtre, fervent admirateur d’un ancien comédien, l’ex-président des États-Unis Ronald Reagan, prend les rênes du pays. Il s’agit de David Oddsson. Premier ministre, il invite à deux reprises le théoricien néolibéral Milton Friedman à Reykjavik et engage la libéralisation du pays, qui aboutit, en 2004, à la privatisation des banques. À force de délivrer des crédits sans s’assurer des capacités de remboursement, et en s’implantant à l’étranger, elles sont parvenues à hisser l’île au rang de géant bancaire. Leurs avoirs représentaient, en octobre 2008, dix fois ce que l’île produit en un an  ! Pour le plus grand malheur des Islandais. En 2004, David Oddsson quitte le pouvoir et l’année suivante devient… gouverneur de la Banque centrale. Il fait l’objet de la fureur populaire lors de l’hiver 2008-2009, et doit démissionner. Il se réfugie… à la direction du principal quotidien du pays, Morgonbladid.

Ancien employé de Landsbanki, qui délivrait les comptes Icesave au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, Gunnar Orn Jonsson est revenu au pays après la crise. « Icesave servait à attirer des capitaux en Islande, prévient-il. L’argent était ensuite prêté par exemple pour faire des acquisitions en Europe, principalement au Royaume-Uni. » D’où l’expansion du secteur bancaire de ces dernières années. Le tout se faisait dans un contexte « de participations croisées » entre entreprises. L’une possédait l’autre, et inversement. L’un des riches hommes d’affaires du pays, auquel les banques ne faisaient plus crédit pour acquérir des entreprises au Royaume-Uni, s’est même tout simplement offert une banque, qui ensuite lui octroyait des crédits  !

L’argent coulait à flots. C’est là-dessus que veulent revenir les Islandais. « Il faut revenir aux fondamentaux » devient un leitmotiv. Gulfy Arnbjornsson, secrétaire de la centrale syndicale ASI, compte sur plusieurs secteurs de l’économie réelle  : « les pêcheries », « l’agriculture raisonnée », « les industries qui demandent beaucoup d’énergie ». Grâce à la géothermie (chaleur du sous-sol) qui a l’avantage d’être renouvelable, l’Islande pourrait construire des panneaux solaires et accueillir des serveurs de données. Les fondamentaux de l’économie réelle sont plutôt bons, fait-on valoir à Reykjavik. Le problème est « que les entreprises sont fortement endettées », s’inquiète Sigridur Ingibjorg Ingadottir, députée du Parti social-démocrate. Principale force du gouvernement, son parti a obtenu 29,8 % des suffrages en avril 2009. Steingrimur Sigfusson est ministre des Finances de la République d’Islande. Ces dernières années, à la tête du mouvement de la Gauche verte (VG), situé à la gauche de la social-démocratie, il n’a eu de cesse de critiquer les politiques libérales. Avec 21,9 % aux élections d’avril 2009, son parti est le deuxième de la majorité. « Ce n’était pas une situation idéale d’arriver au gouvernement en plein milieu de la crise. » C’est la première fois de l’histoire d’Islande qu’il y a une majorité de gauche au Parlement. Pour Sigfusson, il était important que la gauche gagne. « Nous ne pouvons faire autrement que de couper dans les dépenses de l’État, mais nous faisons des choix. » Les secteurs de l’éducation et de la santé voient leurs dépenses réduites bien moins que les autres secteurs. Du côté des impôts, il fait valoir un impôt sur le revenu plus progressif, et une augmentation de l’impôt sur les revenus du capital, « pour que le fardeau porte sur les plus hauts revenus ». L’Islande a mauvaise presse, et Sigfusson ne voit pas d’alternative au Fonds monétaire international (FMI) et au Conseil nordique pour emprunter les fonds nécessaires au financement de la dette publique. « La priorité est d’obtenir l’aide du FMI », estime-t-il. Mais Londres fait pression pour qu’il conditionne son aide à un accord sur Icesave. Le syndicaliste Gulfy Arnbjornsson est du même avis. Personne n’est satisfait de l’accord avec Londres et Amsterdam, mais « toutes les alternatives sont plus coûteuses que cet accord ». Car en attendant, les robinets du crédit sont fermés à l’Islande, rendant difficile la reconstruction de l’économie.

Sur le sujet Icesave, la majorité gouvernementale est divisée. Ogmundur Jonasson était ministre de la Santé, membre du mouvement de la Gauche verte. En désaccord avec la loi Icesave, il a démissionné cet hiver. « Nous avons découvert que nous étions victimes d’un capitalisme néolibéral rapace, explique-t-il. Nous faisons face à un front uni de l’étranger », Londres faisant pression sur le FMI. Comme tous les opposants à l’accord, il veut que « l’Islande prenne ses responsabilités ». Le « non » doit permettre une entente plus favorable… La mobilisation populaire a déjà remis les ministres des Finances britannique et néerlandais à la table des négociations. « Les peuples étrangers sont de plus en plus conscients que ce n’est pas un conflit entre États, mais une dispute entre le peuple et le capital », se réjouit Ogmundur Jonasson. Il espère que cela aidera l’Islande. En attendant, malgré la crise, l’Islande commence à revivre. « Nous aurons toujours notre poisson, veut croire Thordur Einarsson. Nous allons le vendre. Nous vendrons notre aluminium, nos produits. Et l’on continuera à jouer au football. » Quand nous nous quittons, un garçon d’une dizaine d’années arrive en courant pour l’entraînement. Il tope dans la main de son entraîneur. Sur cette petite tête blonde pourrait peser la dette Icesave  : 12 000 euros.

Gaël de Santis

Source : http://www.humanite.fr/2010-03-03_I...

La cupidité au cœur de la crise

« J’ai bon espoir que les philosophies néolibérales cupides ne seront plus tolérées avant longtemps. Et pas seulement en Islande. La cupidité est devenue un modèle. En tant que ministre des Finances, je vais à des rencontres internationales. Et je trouve que la discussion est malheureusement fort courte. L’on parle du système de régulation, de ce qui est fait et de ce qu’il reste à faire. Mais jamais on ne touche les racines du problème. Nous devons discuter les fondamentaux moraux et idéologiques qui nous ont amenés à la débâcle, si nous voulons vraiment tirer les leçons de tout cela. » Steingrimur Sigfusson, ministre des Finances.

4) Outrage à la haute finance : Les Islandais rejettent à 93% contre 1,8% le plan de remboursement public des dettes d’Icesave (3 articles)

Les Islandais ont massivement dit "non" au plan de remboursement à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas de 3,8 milliards d’euros suite aux pertes de leurs épargnants dans la faillite de la banque Icesave, selon les résultats quasi-complets diffusés dimanche.

Après comptage de 98% des bulletins de vote, le "non" l’a emporté à 93% lors du référendum organisé samedi sur l’île, contre 1,8% pour le "oui". Le reste des bulletins étaient blancs ou nuls.

Ces résultats viennent confirmer les sondages, qui prédisaient tous une victoire massive du "non" au plan prévoyant le versement de 2,3 milliards de livres (2,5 millions d’euros) au gouvernement britannique et 1,3 milliard d’euros au gouvernement néerlandais, pour les fonds remboursés à quelque 340.000 de leurs citoyens ayant perdu leur épargne dans la faillite de la banque Internet Icesave.

Le président Olafur Ragnar Grimsson avait refusé de promulguer ce texte, dit loi Icesave, après avoir reçu une pétition signée par environ un quart des 320.000 habitants du pays, dont l’économie s’est littéralement effondrée lors de la crise financière. Une décision qui avait entraîné le référendum de samedi...

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/depe...

5) Islande : « non », les contribuables n’ont pas à payer Attac France

Les premiers résultats indiquent un rejet massif de la loi Icesave par les islandais, à plus de 95% contre (1% pour et 4% d’absention). Cette loi aurait obligé de verser 3,8 milliards d’euros, soit 12 000 euros par habitant islandais, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Les citoyens islandais refusent ainsi de payer pour les errements du système bancaire privé et de gouvernements irresponsables.

La banque en ligne Icesave opérait au Royaume-Uni et aux Pays-Bas en prenant tous les risques et en proposant des rémunérations mirobolantes à ses clients. Victime de ses propres combines financières, la banque s’écroulait dès 2008. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas réclament à présent à l’Islande le remboursement des sommes qu’ils ont dépensées pour dédommager les clients lésés par la faillite d’Icesave. Ils prétendent s’appuyer pour cela sur le droit européen et la garantie en dernier ressort de l’État islandais, ce que les Islandais contestent.

Dès 2008, suite à l’écroulement d’Icesave, le Royaume-Uni avait recouru à la législation antiterroriste pour geler les avoirs islandais, étouffant davantage l’économie islandaise. Aujourd’hui, pour faire payer la dette aux contribuables islandais, le Royaume-Uni et les Pays-Bas multiplient les menaces d’isolement économique, d’annulation des soutiens promis et de refus d’adhésion à l’Union européenne. Cela avec l’appui du Fonds monétaire international, de l’Union européenne et des autres pays européens, pour qui la bonne image du secteur bancaire européen passe avant la reconstruction économique et sociale d’un pays.

Les lobbies financiers accusent maintenant les Islandais de ne pas prendre leurs responsabilités. Nous considérons au contraire qu’ils prennent une position responsable : pour la première fois, de façon concrète, les citoyens refusent de payer pour les énormes risques pris par des banques privées et des investisseurs dans le seul but d’une rentabilité maximale du capital. Ce « non » a été soutenu par la société civile islandaise dont Attac, qui vient de se créer en Islande. Il fait écho aux mobilisations des citoyens grecs qui refusent de payer les pots cassés de la crise sous la pression de la spéculation monétaire. Il donne corps à toutes les revendications visant à imposer de fortes régulations publiques au système financier, à commencer par une taxation internationale sur les transactions financières.

Attac France,

Le 7 mars 2010

Source : http://www.france.attac.org/spip.ph...

6) Les Islandais se rebellent contre la haute finance internationale

Source : Rue 89

Ce qui est en train de se passer en Islande, avec la décision du président Olafur Ragnar Grimsson de suspendre l’indemnisation des créanciers spoliés par la faillite de la banque islandaise Icesave, relève de l’outrage à la haute finance internationale.

Pire, d’une promesse de « révolution populaire » contre la toute-puissance du FMI, puisque le président islandais s’est carrément mis en tête de soumettre la ratification de la loi d’indemnisation à référendum auprès de ces administrés. Crime parfait, assez inédit à ce niveau, de lèse-majesté.

On imagine la tête (et la réponse) des administrés-contribuables, déjà saignés à blanc par la débâcle de leur pays, devant cette question saugrenue :

« Souhaitez-vous, chers administrés et contribuables, rembourser des années durant et même au-delà de 2024, les 3,8 milliards d’euros (soit près de 40 % de notre PIB) avancés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas lors de notre gadin d’octobre 2008 ? »

Nous avions dit ici-même qu’une des phases cruciales de la crise en cours serait la défaillance en chaînes des puissances publiques. Après celle de l’Islande, nous avions eu les sinistres craquements dans la majorité des Etats américains, à commencer par ceux d’une Californie en quasi banqueroute. Plus récemment, Dubaï était redescendu de son piédestal en se révélant incapable de régler seul sa dette. Puis la Grèce elle-même peinait à fournir un plan de redressement potable…

Attaque à bout portant dans les flancs de l’empire vacillant Le fait nouveau, c’est que cette fois-ci le pays en question vient de refuser de se plier aux diktats de cette haute finance qui jusqu’à peu régulait de fait les affaires du monde. Rappelons-le, loin d’être perdue dans ses glaces lointaines, l’Islande appartient de plein-pied au cercle des pays dits riches et frappe depuis le 17 juillet dernier aux portes de l’Union Européenne.

Les autorités financières et politiques n’ont pas tardé à sentir le danger. Elles ont multiplié les consultations internationales pour organiser la riposte devant cet affront et lancé les premières salves offensives :

* Chantage à peine voilé quant à la candidature européenne du trublion

* Menace pour les versements du solde de l’aide promise

François Leclerc souligne à juste titre les risques d’une dangereuse jurisprudence si le « peuple » islandais y allait de son pied-de-nez à l’empire. Et cite la déclaration guerrière de Paul Myners, secrétaire d’Etat britannique aux Finances, promettant au débiteur récalcitrant un « statut de paria » :

« Le peuple islandais, s’il devait arriver à cette conclusion, dirait en réalité que l’Islande ne veut pas faire partie du système financier international, que l’Islande ne veut pas avoir accès au financement multinational, national et bilatéral et ne veux pas être considéré comme un pays sûr, avec lequel faire des affaires. »

Pas sûr que la remontrance suffise. Quelques oreilles attentives n’en perdent probablement pas une miette et pourraient fort écouter d’autres sirènes : les pays de l’ancienne Europe de l’Est (dont l’Ukraine qui vient d’avouer son incapacité à payer le gaz russe), l’Espagne, l’Irlande… D’ailleurs, même en Chine…

Le résultat du référendum islandais est d’une importance capitale pour la suite des évènements mondiaux. Une confirmation noniste du bras d’honneur de leur président serait un coin meurtrier, et peut-être fatal, planté dans les flancs de l’empire vacillant par un de ses membres jadis les plus émérites. Avec tous les risques potentiels de faire tache d’huile.


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