Non au Traité Constitutionnel Européen ( Gauche républicaine)

vendredi 15 avril 2005.
 

Les porte-parole de la CNGR, des maires d’Île-de-France, Pierre Khalfa, représentant d’ATTAC, ainsi qu’Emile Zuccarelli, député-maire de Bastia et Jacques Bruhnes, député des Hautsde- Seine, se sont succédé au micro pour exposer les raisons du Non de gauche et ébaucher les grandes lignes d’une autre politique. Avaient également pris place dans la salle Alain Romandel et Daniel Guérin, conseillers régionaux, et Jackie Laplace, conseiller général de Seine-et-Marne. Vice-présidents de la CNGR, Jocelyne Clarke, Patrice Judille, Emmanuel Dupuy et Jean-Luc Gonneau ont dénoncé le credo libéral qui dès son article I-3 inspire le « traité constitutionnel ».

Son adoption sonnerait le glas des services publics mis en place en France à la Libération, a averti Jocelyne Clarke, rappelant au passage que l’autonomie de la banque centrale européenne était l’une des clés de la politique néo-libérale. « La concurrence libre et non faussée est une chimère », a insisté Jean-Luc Gonneau, ne serait-ce qu’en raison des disparités sociales entre Etats de l’Union, que le traité ne fera pas disparaître puisqu’il exclut toute harmonisation sociale et fiscale entre les 25.

Maire de Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne), François Roger a donné un exemple concret des ravages du libéralisme : dans sa commune, les 213 salariés de ABB se retrouvent sans emploi, bien que les carnets de commandes soient pleins et que l’entreprise dégage des bénéfices. Mais ceux-ci sont jugés insuffisants par les actionnaires, qui ont décidé unilatéralement de la fermeture ! Au total, 8 000 emplois ont été supprimés en 10 ans dans le Sud Seine-et-Marne. S’appuyant sur le principe du moins-disant social, l’Europe libérale ne peut qu’accentuer la désindustrialisation de notre pays. Or « notre peuple résiste et dit : ça suffit ! », s’est réjoui Guy Malandain, Maire de Trappes. Dans le même temps, cet ancien membre du PS déplore « qu’une partie de la gauche se sente à l’aise avec le libéralisme, qui cherche à prendre une revanche historique sur le mouvement ouvrier, qu’il s’agisse des services publics, des droits sociaux ou de la laïcité. Mettre l’homme au centre de la société, tel devrait être le projet européen. »

Maire de Limeil-Brévanne, Joseph Rossignol dénonce la reconnaissance du lock-out patronal à l’article II-88 du traité. Il constate que le modèle libéral appliqué en Europe interdit autant la relance par les salaires que par les grands travaux, dont Jacques Delors fut un zélé partisan il y a quelques années... Reconnaissant avoir longtemps hésité avant de se décider pour le Non, Daniel Breuiller, maire d’Arcueil s’en est pris à ceux qui agitent Le Pen comme un épouvantail. « Les gens se sentent exclus de la construction européenne, c’est justement cela qui fait le lit des nationalismes extrêmes. Il faut donc redonner force à la politique sociale pour que les peuples s’intéressent à l’Europe ».

Au nom d’ATTAC, Pierre Khalfa a fait remarquer que la cour de justice de l’UE, en cas de litige, tranche toujours en faveur de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée ». Il souligne que la campagne du Non de gauche n’est pas dirigée contre l’Europe mais contre le libéralisme. « Une affaire à l’échelle du siècle » Ancien ministre et président d’honneur du parti radical de gauche, Emile Zuccarelli a mis en garde contre la proposition fallacieuse de certains partisans du Oui, qui promettent de changer le projet constitutionnel une fois qu’il aura été adopté. Car « le traité fige les choses, a-t-il précisé, c’est une affaire à l’échelle du siècle. » Le député radical a dénoncé l’incohérence du projet constitutionnel, qui se prononce pour une défense et une politique étrangère communes, tout en proclamant l’attachement de l’Europe à l’OTAN, placée depuis toujours sous tutelle américaine ! « L’Europe, a-t-il insisté, doit jouer un rôle majeur dans le monde, en particulier dans les rapports Nord-Sud où elle doit mettre en avant sa tradition humaniste pour écarter tout choc des civilisations ». Pour conclure, Emile Zuccarelli s’est écrié : « Que l’on arrête de nous culpabiliser ! Si la France dit Non, il ne se produira aucun cataclysme ». Lui aussi ancien ministre, le député communiste Jacques Bruhnes a rappelé le taux d’abstention très élevé aux dernières élections du Parlement européen, dû à « l’immense inquiétude dans tous les pays de l’Union.

La désaffection des citoyens s’explique par leur vécu : le chômage, la précarité, les délocalisations... » Partisan de la construction européenne, il ne croit cependant pas que les pays du Vieux continent formeront une nation unique du jour au lendemain. Il faut donc procéder par étapes. D’autant plus que l’on n’a jamais demandé aux citoyens s’ils voulaient une constitution européenne, a observé Pierre Carassus en concluant ce Carrefour républicain. Le vice-président de la CNGR a dénoncé l’absence de débat à l’Assemblée Nationale, lors de la dernière législature, sur le texte qu’élaborait en catimini la convention Giscard. L’ancien député de Seine-et-Marne s’est félicité que le Non de gauche, dans sa diversité, développe un débat digne, à partir du texte et des faits, dans le respect de ses adversaires. Cela montre que « les Français se réapproprient le débat citoyen, pour dire qu’une autre politique est possible en France et en Europe ».


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message