Analyse des résultats du 2ème tour des régionales (article national du Parti de Gauche)

mardi 30 mars 2010.
 

L’abstention se tasse mais reste massive

L’abstention recule légèrement entre les deux tours et passe de 54 % à 49 %. Un niveau qui reste très élevé, puisqu’il s’agit de l’abstention la plus forte jamais constatée à un second tour d’élections régionales, 15 points au dessus de l’abstention enregistrée en 2004. L’appel insistant lancé par l’UMP aux abstentionnistes n’a donc pas vraiment fonctionné, d’autant que ces nouveaux votants n’ont pas la plupart du temps voté à droite. La remobilisation d’électeurs de droite désabusés n’est perceptible que de manière très localisée, comme en Alsace.

C’est dans cette région, où l’abstention a le plus reculé entre les 2 tours, que l’UMP arrive à creuser l’écart avec la gauche et à conserver la région. Dans la plupart des autres régions, le progrès de la participation a au contraire plutôt conforté l’avance de la gauche. Comme en Ile de France où la gauche capte l’essentiel des 200 000 électeurs supplémentaires qui se sont déplacés au second tour, tandis que l’UMP n’engrange que très peu de nouveaux suffrages par rapport au total des voix de droite du 1er tour. Là où le FN avait pu se maintenir au second tour, le regain de participation a aussi contribué à faire grossir son score, comme c’est nettement le cas dans le Nord Pas de Calais où la majeure partie des nouveaux votants est engrangée par le FN.

Le naufrage historique de la droite

Avec 35 % des voix au second tour, l’UMP obtient un résultat encore plus mauvais que lors des précédentes régionales de 2004 (37 %) qui étaient déjà une défaite historique de la droite. Signe de la démobilisation persistante des électeurs de droite au 2nd tour, la droite devient minoritaire dans certains de ses fiefs historiques, notamment en région parisienne. Pour la première fois depuis que ce département existe, la droite est ainsi devancée par une gauche majoritaire dans les Hauts de Seine, le laboratoire de Nicolas Sarkozy. Des figures de la droite comme André Santini ou Patrick Devédjian se retrouvent minoritaires à Issy-les Moulineaux et Antony, villes dans lesquelles ils étaient majoritaires depuis 1983 ! Signe de la dimension nationale du vote, les 8 ministres têtes de liste enregistrent des défaites cuisantes et font en moyenne plus fortement reculer la droite par rapport à 2004 que les autres têtes de liste UMP. Darcos fait ainsi passer la droite de 33 % à 28 % en Aquitaine, Marleix de 47 % à 40 % en Auvergne et Létard de 28 à 25 % en Nord Pas de Calais, où l’UMP est désormais talonnée par le FN et même dépassée dans le département du Pas de Calais, où des pans entiers de l’électorat de droite a basculé vers le FN.

A gauche : prime au rassemblement et méfiance face à un PS hégémonique

Déjà à un niveau élevé en 2004 (50,3 %) et aux européennes, la gauche a dépassé les 54 % le 21 mars, un score qu’elle n’avait jamais atteint sous la 5ème République, à l’exception du second tour de la présidentielle de 1988. Là où la gauche était rassemblée au second tour, les reports de voix à gauche sont à un niveau exceptionnel. Alors que les différentes listes de gauche totalisaient 10,4 millions de voix au 1er tour, la gauche en engrange 11,4 millions au second tour, atteignant des scores tout aussi historiques dans de nombreuses villes : 67 % à Toulouse, 58 % à Paris (contre 50 % en 2004) et même près de 80 % à Montreuil.

Ce succès national de la gauche connait deux exceptions régionales notables. Dans le Nord Pas de Calais, terre de gauche historique et région de la première secrétaire du PS Martine Aubry, la liste de gauche stagne. Elle recule même par rapport à 2004 dans le département du Pas de Calais et dans plusieurs villes ouvrières (Lens, Béthune, Calais ...). Un signe du déficit persistant d’ancrage populaire de la gauche dominée par le PS. La gauche recule également par rapport en 2004 en Provence Alpes Côte d’Azur, en particulier dans des villes populaires comme Gardanne et Istres, mais aussi à Marseille. Il n’est pas anodin de constater que ce sont deux régions où le PS a particulièrement malmené le Front de gauche dans les fusions de listes pour le second tour. En Picardie, le refus de fait du PS de fusionner avec le Front de Gauche a aussi pesé sur le second tour, puisque la liste PS y obtient 48 % là où les différentes listes de gauche totalisaient 52,5 % des voix au 1er tour.

Le refus du bipartisme

La méfiance des électeurs vis-à-vis d’un PS hégémonique sur la gauche s’est aussi traduite avec force dans les deux régions où deux listes de gauche s’étaient maintenues au second tour après le refus du PS de fusionner avec elles. Or dans un cas comme dans l’autre, en Bretagne pour la liste Europe Ecologie et en Limousin pour la liste Front de Gauche - NPA, ces listes ont fortement progressé au second tour et le PS a nettement reculé par rapport à 2004. Le PS passe ainsi de 58,6 à 50,2 % en Bretagne, et la liste Europe Ecologie maintenue grimpe de 12 à 17 %. Dans l’ensemble du pays, le progrès de toutes les listes de droite ou de gauche qui se sont maintenues en triangulaires au second tour est d’ailleurs révélateur de la défiance d’une masse croissante d’électeurs face aux partis dominants PS et UMP. Un comble quand on sait que Sarkozy a décidé de passer à un scrutin uninominal à un tour pour les prochaines élections des conseils régionaux et généraux, ce qui conduirait justement à un bipartisme PS - UMP !


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