Mélenchon, ragaillardi par les régionales, cherche à obtenir le soutien des communistes pour être candidat en 2012 (article de L’Express)

lundi 5 avril 2010.
 

Jean-Luc Mélenchon a beau avoir réussi ses régionales, il est mécontent. Le Parti communiste, son allié dans 17 régions sous la bannière du Front de gauche (7 % des voix), n’a pas répondu à sa proposition de candidature commune à la présidentielle. Il veut d’abord régler la succession de Marie-George Buffet et ne définira sa stratégie élyséenne qu’en juin 2011.

C’est tard, trop tard, s’impatiente Mélenchon, qui se verrait bien porte-drapeau de cette "autre gauche" : "Quand on a trouvé une personnalité capable d’entraîner l’électorat, comme cela a été mon cas, il est regrettable que le premier réflexe du PCF soit de temporiser ou de chercher à me démolir."

En camping-car à la Fête de L’Humanité

Deux rythmes, deux histoires. "Buffet représente un parti qui existe depuis presque un siècle alors que ma formation, le Parti de gauche, a été créée il y a seulement un an", pointe l’eurodéputé. Si la Place du Colonel-Fabien fait de la résistance, c’est qu’il ne lui a pas échappé que l’ancien socialiste, orateur hors pair, convoite depuis des mois ses sympathisants. A la Fête de L’Humanité, en septembre 2009, Mélenchon s’est littéralement installé sur place : il a loué un camping-car et dormi près des stands. Il était encore parmi les militants, à la gare du Nord, à Paris, en octobre, le jour du lancement de la nouvelle formule du quotidien communiste. A Creil (Picardie), au cours de la campagne, il est resté devant la gare à écouter les doléances des cadres locaux du PCF. Cinq minutes avant de reprendre le train, il s’est emparé d’une poignée de tracts et les a distribués - pour un peu, il oubliait les électeurs...

Dans les conseils régionaux, les élus de sa mouvance n’ont brigué aucune vice-présidence. Pas question d’avoir les mains liées. Marie-George Buffet s’étrangle : "Fait-on de la politique pour changer la vie ou pour garder une liberté de ton ?" Mélenchon suit une stratégie : pour gommer son passé d’ancien ministre de Lionel Jospin, il tente un dépassement par la gauche, histoire d’enfermer les communistes dans une image de gestionnaires. Lui, pêle-mêle, prône "la mise sous séquestre de l’usine Molex", décrète un "jour de deuil" pour la Poste, préconise une CSG sur les revenus de la finance. A la Saint-Valentin, il a fait distribuer des cartes postales "J’aime les services publics."

Cette tentative d’OPA pour le moins inamicale, le PCF - déjà miné par les démissions - tente de la minimiser. "Regardez le classement des personnalités politiques de Paris-Match, lance Marie-George Buffet. Je suis loin devant lui en termes de bonnes opinions." La secrétaire nationale peine même à prononcer le nom de Mélenchon et préfère avancer l’idée d’un hypothétique Front populaire du xxie siècle. "Trouvons une personnalité consensuelle qui puisse éviter la crispation", propose, de son côté, le député André Chassaigne. Autant dire, un trèfle - rouge - à quatre feuilles. "Déjà, avant 2007, les collectifs antilibéraux avaient passé des mois en vain à discuter pour dénicher une figure incontestée, rappelle Alexis Corbière, un proche de Mélenchon. A l’arrivée, les candidatures s’étaient multipliées."

Cette année-là, le PCF avait fini par se ranger, comme d’habitude, derrière un candidat maison. Mélenchon met d’avance un tel scénario au pilon : "Pour quelle performance électorale ?" Marie- George Buffet n’avait pas dépassé les 2 %.


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