Ultimatum à Crépy-en-Valois : les Sodimatex prêts à allumer la mèche

lundi 5 avril 2010.
 

4) Le désespoir des salariés de Sodimatex.

http://www.youtube.com/watch?v=XPC1...

3) Samedi matin 3 avril 9h

Petit sursis pour la Sodimatex ? Les salariés, qui menaçaient de faire exploser une citerne de gaz dans leur usine, ont finalement conclu un accord de méthode avec la direction, dans la nuit de vendredi à samedi. Ceux qui réclament de meilleures indemnités de départ vont reprendre les négociations avec la direction, dès mercredi.

« Le protocole d’accord est signé, le processus de conciliation redémarre et les menaces contre l’entreprise cessent », a annoncé au bout de la nuit de vendredi à samedi, devant la presse, le préfet de l’Oise Nicolas Desforges, qui a présidé la réunion entre salariés et direction du groupe Trèves, dans la petite mairie de Crépy-en-Valois.

Dès mercredi, salariés et direction se réuniront pour négocier, en sous-préfecture de Senlis, laquelle doit présider un comité de suivi.

Discussions autour des conditions de départ

Après avoir quitté peu avant 20h très en colère la table de négociations entamées à la mi-journée, les salariés ont finalement repris les discussions vers 22h pour tenter de trouver un accord fixant le cadre des négociations.

L’enjeu de fond : les conditions de départ des 92 salariés du site, dont la fermeture est programmée depuis un an.

Les salariés réclament notamment une prime extra-légale de licenciement de 21.000 euros, semblable à ce qu’avaient touché leurs collègues d’une autre usine Sodimatex fermée en 2006.

Beaucoup reste à faire

Des conditions « loyales » de négociations ont été trouvées, selon l’avocate des salariés, Me Caroline Substelny.

Mais « il n’y a pas de négociations sur les montants pour le moment » a toutefois souligné l’avocat de la direction, Me François Farmine, qui indique en creux que si « le fil du dialogue » a repris, beaucoup reste à faire.

Deux commissaires aux comptes, un désigné par la direction et l’autre par le comité d’entreprise, doivent éplucher les comptes du groupe et se prononcer sur les demandes des salariés en matière d’indemnités de départ, a indiqué Hervé Mallet (FO), de l’intersyndicale.

« On débranche juste le détonateur, c’est tout »

Un conciliateur recueillera les avis de ces deux commissaires et rendra ses conclusions que l’Etat s’est « engagé à favoriser », selon Hervé Mallet.

En attendant, le maire UMP de la ville, Arnaud Foubert, qui craignait un « acte désespéré », n’a pas caché samedi son soulagement de voir s’éloigner au moins provisoirement le spectre de l’explosion de cette citerne de près de cinq mètres de long, que les salariés menaçaient d’incendier depuis jeudi.

« Ce n’est pas fini, a toutefois prévenu Patrick Testar (CFDT), de l’intersyndicale. Si mercredi on n’arrive pas à des avancées positives, on a bien précisé à notre préfet qu’on débranche juste le détonateur, c’est tout ».

Une vingtaine de salariés ont passé une deuxième nuit dans l’usine, avant une réunion prévue samedi pour décider des suites du mouvement. Les salariés devaient ensuite passer le week-end de Pâques en famille.

Source : http://www.20minutes.fr/article/395...

2) Exaspération et colère
contre l’indécence de Trèves

Depuis jeudi, les salariés de Sodimatex, une des usines condamnées à la fermeture par l’équipementier, menacent de faire sauter une citerne de gaz. Hier après-midi, la direction refusait toujours de répondre à leurs modestes revendications.

Très vive tension depuis jeudi soir à Crépy-en-Valois (Oise) où les 92 salariés de Sodimatex, un équipementier automobile du groupe Trèves, occupent leur entreprise en menaçant de faire exploser une citerne de gaz. Vendredi matin, encerclés par les escadrons de gendarmes mobiles, certains d’entre eux ont obstrué les accès et parsemé le site de cocktails Molotov, afin de prévenir toute intervention. « Si ça pète, ça ne soufflera pas que l’usine, avertit l’un des ouvriers devant les journalistes. Tant pis, s’ils veulent en arriver là  ! » Depuis l’annonce de la fermeture de cette usine, il y a un an, les salariés hurlent au scandale face à la délocalisation grâce à des fonds publics de leur production de moquette  : ils ont manifesté, négocié, porté plainte pour détournement d’argent public, occupé le siège social de Trèves pendant une nuit (lire L’Humanité du 13 octobre), etc. Aujourd’hui, ils sont arrivés à l’extrémité de leur désespoir, et ils s’y tiennent, devant les caméras, attirées par le spectacle du sang et des larmes. À deux doigts de la cata.

Le pse deux fois annulé par la justice

Ils sont ulcérés et on peut les comprendre  : juste avant les annonces de fermeture de deux usines et de 600 suppressions de postes, PTPM à Aÿ (Marne) et Sodimatex à Crépy-en-Valois, le groupe Trèves a reçu 55 millions d’aides publiques via le fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA). Les salariés ont même entendu le directeur du FMEA, Hervé Guyot, annoncer que l’aide accordée par ce fonds public était conditionnée à la restructuration du groupe, et notamment à la fermeture de ces deux entreprises (lire ci-dessous). Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) présenté par la direction de Sodimatex a été attaqué par les syndicats et deux fois annulé par des décisions de justice. Un conciliateur a été nommé, mais les discussions sont restées au point mort. Depuis des mois et des mois, les salariés réclament 21 000 euros d’indemnités et neuf mois de reclassement, quand la direction refuse d’aller au-delà de 5 000 euros de prime supralégale et quatre mois de reclassement. « Les 92 salariés de Sodimatex ont été poussés à bout. La direction les fait lanterner depuis des mois, elle les paye pour mettre leur production à la poubelle », affirme Gilles Masure, conseiller général PCF du canton.

« On veut pouvoir se reconvertir. »

Jeudi, lors d’une réunion de conciliation entre les avocats des deux parties, la direction a fait annoncer qu’il fallait choisir entre le PSE à ses conditions et le dépôt de bilan. Cette annonce a mis le feu aux poudres. Jeudi après-midi, les salariés ont occupé un carrefour de la zone industrielle, bloquant l’accès aux camions. La police est intervenue, usant de gaz lacrymogènes. Une intervention « ressentie comme une agression », selon la CGT. Après l’occupation, dans la nuit de jeudi à vendredi, les salariés retranchés dans l’usine menacent toujours de faire sauter la citerne de gaz. Des négociations s’engagent à la mairie de Crépy-en-Valois sous l’égide du préfet de l’Oise entre les syndicats et des représentants de la direction. « On attend de vraies mesures, on veut pouvoir changer de métier et se reconvertir. Si on revient sans ces mesures, c’est la catastrophe, explique à la presse Éric Lemoine, délégué CFDT. On va faire évacuer et faire péter la baraque, les gens sont déterminés, c’est con, mais c’est comme ça. » Hier en milieu d’après-midi, alors que les discussions se poursuivaient en mairie, un des négociateurs nous a confié que le groupe Trèves n’avance aucune proposition nouvelle.

Thomas Lemahieu et Olivier Mayer

1) Vendredi matin 2 avril

Les yeux rougis après une nuit de passée à occuper leur usine de moquettes pour automobiles, à Crépy-en-Valois (Oise), les Sodimatex restaient très déterminés vendredi matin. Depuis jeudi soir, ils menacent de faire sauter une citerne de gaz pour réclamer un meilleur plan social après la fermeture programmée de leur entreprise.

En tout début de journée vendredi, ils ont même installé une petite bonbonne de gaz agrémentée d’un dispositif incendiaire, sur le toit de l’usine, à l’aplomb de la grosse citerne de gaz, elle-même entourée de palettes prêtes à être enflammées.

Leur détermination reste donc totale, en attendant la table ronde qui doit se tenir dans la matinée, sous l’égide du préfet. Selon Bruno Fortier, adjoint au maire de Crépy, présent sur place, la table ronde à laquelle il devrait assister réunirait les avocats des deux parties (de l’employeur et du comité d’entreprise), six délégués du personnel et un conciliateur. Bernard Trèves, PDG du groupe Trèves, qui a racheté l’usine dans les années 1990, pourrait également être présent de même que la directrice des ressources humaines.

Certains salariés ont dormi à même les gros rouleaux de moquette, d’autres ont veillé tard sur quelques chaises à discuter de leur sort. La fermeture de l’usine, qui emploie 92 salariés, a été annoncée le 10 avril 2009. Depuis, les négociations sur le plan social entre la direction et les salariés ont échoué.

« On n’est pas des voyous »

Jeudi soir, les Sodimatex ont expliqué avoir installé des palettes autour de la citerne de gaz extérieure qui sert à alimenter leurs charriots élévateurs et se sont dits prêts à y mettre le feu pour la faire sauter. En désespoir de cause, cette citerne est devenue leur dernier moyen de pression pour tenter de négocier avec leur patron un plan social digne de ce nom.

« On n’est pas des voyous, on est des êtres humains. Fatigués, dépités, déprimés mais toujours motivés », lance François Heindryckx, 42 ans, dont 21 chez Sodimatex. Avec ses collègues, il repasse le film de cette journée de jeudi qui devait être « une petite grève symbolique » et s’est terminée en camp retranché.

Mardi, « on nous a envoyé un conciliateur qui a proposé une prime de 15 000 euros », explique son collègue Fabrice Bel, 32 ans dont 10 ans de maison. Pour les ouvriers de Crépy, pas question de partir avec moins que leurs collègues d’une autre usine Sodimatex, liquidée en 2006, qui avaient obtenu 21 000 euros en plus des indemnités légales.

« Ils ont envoyé les gendarmes mobiles »

« Ce qui a déclenché tout le bordel, c’est quand ils ont envoyé les gendarmes mobiles », lance Fabrice Bel. A la mi-journée, les salariés ont occupé le rond-point devant l’établissement, mais quand les gendarmes mobiles sont arrivés pour les dégager, ils se sont enfermés dans l’usine, barricadant l’entrée. Puis, ils ont menacé de faire sauter la citerne. Le patron des gendarmes de l’Oise, le colonel Ronan Le Floc’h s’est rendu sur place. La situation qui était particulièrement tendue s’est légèrement apaisée dans la soirée.

« Je pensais jamais en arriver à ce point-là », lâche Jean-François Nicol, qui comptait sur la relance du secteur équipementier pour élever bon an mal an ses trois enfants, dont le plus âgé a 11 ans.

Les Sodimatex ont commencé à avoir des soutiens et notamment celui, jeudi soir vers à 21 heures de Xavier Mathieu, leader charismatique des Continental, venu soutenir leur action. Un peu plus tôt dans la soirée, la mairie de Crépy-en-Valois avait ravitaillé les ouvriers en victuailles pour tenir toute la nuit. Vendredi matin, tous attendent et espèrent que la situation pourra évoluer positivement grâce à la table ronde.

de Aurélie Ladet et François-Xavier Chauvet


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