Les élus PG n’ont pu constituer un groupe commun avec les élus PCF au Conseil régional Ile de France

mardi 13 avril 2010.
 

D’abord, mon opinion est qu’il s’agit d’un cas particulier dont il ne faut pas tirer de règles générales hâtives. Je rappelle qu’à Paris, capitale de notre pays, avec Danielle Simonnet, nous siègeons au Groupe Communiste et élu du Parti de Gauche, composé de 10 membres (désormais grâce à nous deuxième groupe de la majorité devant le Groupe Verts) sur les 163 Conseillers de Paris qui composent notre assemblée. Notre groupe, certes dont l’histoire est différente de celles des listes Front de Gauche, est présidé par Ian Brossat. Quand nous l’avons constitué, plusieurs questions avaient déjà été tranchées par les faits. Aujourd’hui, même si il nous arrive d’avoir des débats animés entre nous, Ian écoute et tient compte de nos réflexions et commentaires. Nous n’avons pas le sentiment d’y être méprisés ou marginalisés. Et c’est ainsi que les choses devraient continuer.

Donc j’insiste, personne au PG ne considère que, désormais, il serait impossible de siéger dans le même groupe que nos amis communistes. Non. C’est l’inverse. Partout nous faisons groupe commun avec les élus communistes. A l’Assemblée nationale, au Sénat, dans tous les Conseils régionaux où nous avons des élus, etc… Partout.

La question à se poser est donc pourquoi ce qui est possible partout, ne le fut pas à la Région Ile-de-France ?

Participation aux exécutifs : Déclaration des conseillers régionaux du Parti de Gauche Ile de France

Il faut essayer de répondre clairement à cette interrogation car je ne vais pas dire que la fin de semaine a été bonne pour la cohésion au sommet de l’attelage des partis qui constituent le Front de Gauche. L’exception d’Ile de France est voyante, j’en conviens, et du coup elle est parlante. Pour moi, et je ne suis pas le seul, le coup est d’autant plus douloureux qu’il s’était créé une ambiance de militantisme très fraternel dans la campagne autour de Pierre Laurent. La carte des résultats en atteste. A Paris intra muros où je milite, ce fut éclatant puisque très visible.

Mais, la campagne était plus dure qu’il n’y paraissait du fait des déchirures du Parti communiste. Non seulement parce que Patrick Braouzec, lui, n’avait pas digéré sa mise à l’écart et que ses proches n’étaient donc que faiblement motivés. Non seulement parce que Marie-Georges Buffet a dû courageusement prendre la tête de liste et s’imposer la contrainte d’une campagne dans le 93 parce que l’un de ses propres camarades, Stéphane Gatignon, Maire de Sevran menait la liste d’Europe écologie. Sans oublier le premier vice président communiste du Val de marne, lui aussi tête de liste d’Europe Ecologie dans son département. Mais aussi parce que l’ancien secrétaire général du PCF, Robert Hue, menait la danse contre nous et ce n’est pas rien que cet homme en région parisienne.

En matière de tireurs dans le dos et de savonneurs de planches, il y avait foule. Je ne parle pas du deuxième tour où les changements de départements des candidats communistes ont été accueillis assez fraîchement par les divers groupes de communistes dans la mesure où ils bouleversaient, semble-t-il, des engagements pris entre eux. Bref, en région parisienne, nous avons vécu une intense hétérogénéité de notre partenaire. La consigne entre les militants du PG à Paris, fut « motus et bouche cousue, on milite et on regarde ailleurs ». Le bonheur de l’action l’emportait sur toutes ces parties de billards à douze bandes auxquelles, à la vérité, nous ne sommes que faiblement intéressés, conscients que de toute façon nous n’y pouvions rien.

Alors que s’est il passé ne permettant pas l’existence du groupe commun ? Après avoir écouté mes camarades, et lu les différentes déclarations publiées ici et là, j’ai découvert avec étonnement une nouvelle facette de Pierre Laurent, que j’avais jusqu’à présent toujours trouvé si amical (j’ai encore en mémoire une soirée commune fraternelle avec Patrick Appel-Muller en Bourgogne lors de la campagne européenne), dans ce nouveau rôle si caricatural que je croyais réservé aux « grands chefs à plumes » socialistes. Comme nous n’étions pas d’accord avec son refus de poser des conditions programmatiques aux socialistes et de les négocier, c’est lui, personnellement qui prend la décision de passer en force.

Régionales : les élus PG ne participeront pas aux exécutifs régionaux (Texte Public Sénat)

Nous lui disons que s’il en est ainsi nous préférerons être « non inscrits » plutôt que dans un groupe non seulement constitué sur ces bases mais en plus dont il avait déjà décidé qu’il serait présidé également par un communiste. Il n’entend rien. Nous allons céder, il en est sûr. Ne sommes nous pas des gens totalement incompréhensibles, nous qui refusons une Vice-présidence ? Il croit à une menace en l’air. « On ne lâche pas », dit-il en réunion de groupe ! Soit. Nous non plus. Jamais. On est comme cela au PG. Ce récit m’a un peu rappelé les affrontements au sein du groupe socialiste quand Jean-Pierre Caffet (Président du Groupe socialiste) voulait nous imposer de voter pour la privatisation de la collecte des déchets ou des subventions pour des crèches privées confessionnelles. Cet entêtement est notre marque de fabrique. Tête de bois, plutôt que tête à claques, car jamais tête de c… ! Qu’on se le dise. A l’arrivée, nous sommes « non inscrits » plutôt que soumis. Profitant de l’aubaine, le PCF, sous la houlette de Pierre Laurent, s’approprie le nom « Front de gauche ». Le Front de Gauche sans le Parti de Gauche : un couteau sans lame !

Pour autant, de cette situation conflictuelle nous ne ferons pas un cas général. Nous savons très bien à quelles injonctions doit répondre Pierre Laurent avant le congrès où il doit prendre la place de Marie Georges Buffet. Notre intérêt bien compris, celui de l’existence même du Front de Gauche, est qu’il soit élu aussi largement que possible.

Pour autant, pas question que quiconque se figure venir à bout de nos engagements en passant en force. Les communistes affirment sans cesse leur droit une identité et autonomie complète. Nous aussi, puisque la formule du parti commun, le Die Linke à la française nous a été refusée. Nous ne jouerons pas les jeux de rôles qui sont le lot de la politique à gauche depuis trop longtemps. Nous avons dit que nous irions dans les exécutifs si les conditions politiques pour y siéger étaient acceptées. Ces conditions, la méthode, tout avait été débattu des heures durant avant la campagne. Pour finir, en Ile-de-France elles n’ont même pas été posées sur la table. Jean-Paul Huchon n’a même pas eu à dire oui ou non. Personne ne lui a rien demandé au cours des discussions en tête à tête qu’il a eu avec les communistes et dont toutes les autres composantes du Front de Gauche ont été écartées. Donc, nous tenons parole auprès de tous ceux qui nous ont écouté et suivis dans la longue phase des négociations préparatoires à la fabrication des listes. Ce qui donne tant de relief à cette affaire de l’Ile de France, c’est que Pierre Laurent est le futur numéro un du Parti communiste. Et que de notre côté, nos quatre élus régionaux sont membres du secrétariat du Parti de Gauche. Dont le délégué général et le secrétaire aux relations unitaires, ceux là même qui ont négocié les accords régionaux et nationaux.

Ce qui est choquant aussi, c’est que ce différent que nous avons voulu traiter politiquement en exposant nos raisons politiques, reçoive pour toute réponse un communiqué du responsable communiste Gabriel Massou selon lequel l’origine de notre différent serait le problème de « l’attribution de la présidence de la base nautique de Draveil en faveur de François Delapierre » le délégué général de notre parti. Ah, ah, ah ! On se pince pour croire à la bassesse d’une telle assertion. L’élue du 13e, ma collègue et amie Emmanuelle Becker, m’assure que ce M. Massou est, dans la vie, un homme sympathique. Mouais... Je ne le connais pas personnellement et là n’est pas le sujet. J’ai plutôt tendance à penser que cette sorte de communiste là est coutumière de l’injure et il faut savoir garder son sang froid car elles sont proférées précisément pour créer des incidents. Il va de soi que notre parti a la plus vive considération pour cette base nautique (dont je dois avouer que j’ignorais l’existence). Cependant je suis au regret de dire que sur le plan de la géographie politique du Front de Gauche et sur celui des missions que nous avons confié aujourd’hui à notre Délégué général elle n’est pas centrale au point de justifier un incident conduisant à une rupture du groupe à l’assemblée régionale.

Ce n’est pas glorieux de traiter ainsi mon ami François Delapierre. Et c’est bien mal le connaître. Il n’est pas permanent, c’est un salarié, comme la quasi totalité des membres de la direction du PG. François fournit tout son engagement en dehors de ses heures de travail, lui. Gabriel Massou, prétend que « la course aux places » nous aurait motivés. Pfeuu ! Nous aurions quitté le PS, fondé le PG et tout le reste, dans le seul but d’obtenir ici une base nautique ou là une Vice présidence… ?!? Qui peut croire à une telle argumentation ? J’ai de la peine pour ceux qui mordraient à un tel hameçon.

Pour finir, puisque Gabriel Massou place la discussion sur ce terrain, (et de fait insulte le PG) je propose d’établir le bilan global d’attribution des postes et des places à la fin de la partie, et à quelles forces elles reviennent au final.

Bah ! Arrêtons là. Que l’on cesse d’employer des arguments « corne culs » contre les positions du parti de Gauche et revenons à la politique, encore la politique, toujours la politique. C’est à l’analyse commune de la période et des tâches qu’elle impose qu’il faut travailler. Aujourd’hui comme hier, l’union reste un combat, et longue vie au Front de Gauche !


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