Nous démissionnons du conseil national du PCF (par 14 membres du CN du PCF)

mercredi 21 avril 2010.
 

Nous tirons aujourd’hui les leçons du fonctionnement de la direction nationale du Parti communiste français depuis son congrès de décembre 2008.

Lors de la préparation de ce congrès, pour la première fois depuis de nombreuses années, la direction sortante avait décidé de présenter une liste pour le Conseil national dont étaient éliminés la plupart des camarades en désaccord politique.

En présentant une liste alternative1 en faveur de la transformation du PCF - une première dans son histoire -, nombre d’entre nous avaient voulu tenter une fois encore de contribuer à la vie du parti, à son évolution, en réfutant l’idée que la diversité n’a pas sa place au sein de ses directions et en refusant que cette place dépende du bon vouloir du noyau dirigeant.

Malgré les logiques d’exclusion à l’oeuvre depuis l’échec de la candidature unitaire en 2007 - alors que 10 000 communistes s’étaient prononcés pour le retrait de la candidature de Marie-George Buffet à l’élection présidentielle -, nous avons alors choisi de jouer le jeu de l’effort de conviction et du débat, en sachant que nos points de vue ne seraient pas nécessairement majoritaires.

Nous ne constatons pas seulement que la récente période se caractérise par une incohérence stratégique inédite ; nous constatons un recul de la vie démocratique en interne et une opacité croissante du fonctionnement de la direction.

Le Collège exécutif et le Conseil national ne sont pas de vrais lieux de décision ; le parti est dirigé par un groupe restreint non statutaire, qui s’affranchit de toute règle, notamment celle de la parité (la coordination nationale compte 8 hommes sur 9 membres). Ils accaparent le pouvoir, motivé d’abord par le maintien de l’appareil.

La vie du Conseil national est atone. Les ordres du jour sont le plus souvent déconnectés des enjeux du pays : absence de CN sur la crise ; annulation du CN sur la jeunesse ; réflexion en jachère sur les banlieues ; annulation de la séance prévue sur les modes de développement et les enjeux écologiques, etc.

Les rapports d’introduction n’ont jamais exposé clairement les points de vue en présence et les rapporteurs sont toujours « de toute confiance » pour le noyau dirigeant.

Lors des réunions du Conseil national, la secrétaire nationale bénéficie d’un temps de parole sans limites ; l’ordre des prises de paroles est à la discrétion de la présidence ; les interventions de ses membres n’ont aucun impact sur les résolutions…

Le successeur de Marie-George Buffet au poste de secrétaire national est décidé et annoncé par elle-seule.

Le congrès avait annoncé la transformation du parti. Une commission avait été créée… Elle est restée sans suite.

La diversité dans le parti n’est même plus énoncée comme une richesse ; elle est étouffée quand elle n’est pas ouvertement considérée comme une entrave, en contradiction avec la nécessité d’espaces politiques pluralistes, avec le besoin d’horizontalité et avec l’enjeu d’inventer une nouvelle façon d’animer l’action politique.

Enfin, lors des élections régionales, la mise à l’écart des Unitaires et celle d’autres communistes de différentes sensibilités a été systématique.

Nous ne voulons plus faire semblant d’être membres de la direction du parti.

Indépendamment de nos choix concernant l’avenir de notre engagement au sein du PCF, nous quittons le conseil national.

9 avril 2010

Julien Alapetite,

Gilles Alfonsi,

Cendrine Berger,

Patrick Braouezec,

Bernard Calabuig,

Christian Hervy,

Sylvie Larue,

Patricia Latour,

David Proult,

Rosita Jaouen,

Anne Jollet,

Philippe Stierlin,

Catherine Tricot,

Sylvie Tricot-Devert.

1 Cette liste, composée de militants aux points de vue très variés mais favorables à la transformation du parti communiste, a obtenu 17 % des voix des congressistes.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message