16ème congrès mondial de la Quatrième Internationale

jeudi 15 avril 2010.
 

Le XVIe congrès mondial de la Quatrième Internationale s’est tenu fin février en Belgique. Quelque 200 délégués issus des quatre continents ont débattu de la situation mondiale, marquée par la convergence des crises économiques et écologiques, et des tâches des marxistes révolutionnaires dans ce contexte inédit.

Issue de l’Opposition de gauche au stalinisme bannie d’URSS à la fin des années 20, la Quatrième Internationale, soixante-douze ans après sa création, garde une forte capacité d’intégrer à son programme et à sa pratique militante de nouvelles questions politiques et sociales, dont les luttes féministes ou le combat LGBTI (Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Intersexe). Le réchauffement climatique et les dégradations de l’environnement étaient cette fois au cœur des discussions, qui ont été suivies par l’adoption d’une résolution écosocialiste.

Au sud-ouest du nouveau

La crise climatique est considérée comme une aubaine pour relancer des mobilisations à caractère internationale. En Amérique latine, la conscience de l’urgence est particulièrement aiguë. Les délégué-e-s vénézuéliens, mexicains ou péruviens ont témoigné de la vigueur des luttes écosocialistes dans leur pays, notamment parmi les mouvements indigènes. Majoritairement portés par des femmes, ces mouvements se battent pour la sauvegarde des forêts avec lesquels les indigènes vivent en symbiose – forêts qui sont accessoirement des puits de carbone indispensables à la régulation du climat. Dans ce contexte, la participation au «  sommet  » de Cochabamba convoqué par le président bolivien progressiste Evo Morales a été jugée prioritaire.

En Europe, on assiste, semble-t-il, à une renaissance de l’altermondialisme centré sur les thèmes climatiques et sur des bases plus radicales («  changer le système, pas le climat  !  »), comme l’a montré la manifestation massive de Copenhague. Il s’agit d’œuvrer à la transformation de cette mobilisation en un mouvement de masse capable de créer des rapports de force face aux gouvernements.

D’Amérique latine émane aussi la proposition du président vénézuélien Hugo Chavez de constituer une Ve Internationale, qui a pour principal avantage, salué par ailleurs par le Congrès, de pouvoir débattre dans un cadre plus large. Néanmoins, la proposition a été jugée avec circonspection  : l’histoire du mouvement communiste a montré combien il était problématique de construire une internationale centrée sur les objectifs politiques et diplomatiques d’un Etat, en particulier d’un Etat qui, comme le Venezuela, n’a pas rompu avec le système capitaliste.

La IVe dans le monde

Bien sûr, la Quatrième Internationale n’est pas une internationale de masse. Elle compte environ 30 000 membres, en incluant les sections sympathisantes, tel solidaritéS. Cependant, plusieurs groupes interviennent dans des cadres plus large et rencontrent du même coup un écho important au sein de secteurs combatifs du monde du travail  : c’est par exemple le cas des camarades de l’ISL (International Socialist Left) au sein de Die Linke en Allemagne, des camarades de Marea Socialista membres du parti de Chavez ou encore des camarades brésiliens participant à la construction du PSOL (Partido Socialismo e Libertade)  ; tissant des liens étroits avec le mouvement des paysans sans-terre, le PSOL cherche à prendre la relève du Parti des travailleurs qui s’est vendu au social-libéralisme de Lula.

En Afrique, l’Internationale est faible, même si elle peut compter sur des réseaux militants au Congo, en Afrique du Sud et surtout dans plusieurs pays du Maghreb. Aux Etats-Unis aussi, sa présence est peu significative (quelques centaines de militant·e·s dans trois organisations différentes). En Amérique latine en revanche, il existe une dynamique positive et les sections se renforcent.

En Asie, le tableau est contrasté  : elle est absente dans un pays aussi essentiel que l’Inde où les luttes ouvrières sont souvent dirigées par des groupes de tradition maoïste  ; elle n’est guère présente en Chine (un petit groupe basé à Hong-Kong). Cependant, le Pakistan semble offrir des perspectives encourageantes ; en effet, le Parti des travailleurs pakistanais et ses presque dix mille membres est sur le point d’adhérer à l’Internationale. En outre aux Philippines, la section la plus importante de la Quatre mène une lutte sans merci contre un gouvernement autoritaire, dans des conditions de semi-clandestinité. Signalons enfin la politique courageuse de nos camarades sri-lankais, dont l’organisation, à majorité cinghalaise, s’est opposée en bloc à la guerre impérialiste contre les habitant·e·s de l’Eelam tamoul et a apporté un soutien concret aux victimes civiles.

Un souffle nouveau en Europe  ?

En Europe, parmi les processus les plus prometteurs, mentionnons les camarades portugais engagés dans le Bloc de Gauche, les danois dans l’Alliance Rouge et Verte, le PPP polonais (Polska Partia Pracy) chef de file des luttes de mineurs dans ce pays, sans oublier la petite section qui vient de se créer en Russie sous le nom de Vperiod, véritable retour au source  !

Le processus de construction du NPA, dont quelque 2’000 membres revendiquent leur filiation à la Quatre, a retenu l’attention des délégué-es  : malgré ses défauts de jeunesse et les difficultés objectives, conséquence du reflux des luttes ouvrières constatées depuis mars dernier, le NPA est considéré par une majorité des délégué-es comme un exemple à suivre d’un point de vue tactique. Pour les années à venir, la construction de «  partis anticapitalistes larges  » sur une base d’indépendance de classe non négociable, c’est-à-dire avec le refus de toute participation à des gouvernements sociaux-libéraux, a en effet été privilégiée par le congrès.

De nos correspondants au Congrès

Correspondant(es)

* Paru dans le quinzomadaire suisse « solidaritéS » n°165 (26/03/2010), p. 8.


Signatures: 0

Forum

Date Nom Message