Le PCF se demande comment exister en dehors du Front de gauche

vendredi 30 avril 2010.
 

Il y a les « deals » gagnantgagnant… et il y a les situations - assez rares -où il n’y a pas d’issue positive. Le succès -relatif -du Front de gauche (attelage électoral du Parti de gauche et du PCF), qui a obtenu autour de 6 % des voix aux européennes et aux régionales, ne masque plus le déclin du Parti communiste, qui a perdu lors du dernier scrutin environ la moitié de ses élus. Aujourd’hui, la direction du parti s’interroge sur la stratégie à suivre : continuer le Front de gauche jusqu’à l’élection présidentielle ou présenter un candidat sous l’étiquette PCF et risquer de faire moins de 2 %, comme Marie-George Buffet en 2007.

« Nous sommes entre le marteau et l’enclume ! Pas mal pour des communistes ! », s’exclame un réformateur à moitié en dehors du parti. La peur de disparaître totalement pousse de nombreux militants à espérer la reconduction du Front de gauche, quitte à ce que le PCF, soutenant alors Jean-Luc Mélenchon, ne présente pas, pour la première fois, de candidat à l’élection présidentielle ! « Jean-Luc Mélenchon a su se faire apprécier des militants communistes grâce à sa détestation affichée pour ses anciens amis socialistes, analyse un militant. Il est en train de réussir une sorte de captation qui n’est pas sans rappeler la stratégie de François Mitterrand à notre égard à la fin des années 1970. Or, s’il fait tout cela, c’est bien pour négocier avec les socialistes un maroquin ministériel en 2012. » Le Parti communiste pourrait, certes, organiser des primaires internes au Front de gauche pour 2012. Mais Jean-Luc Mélenchon sait compter et n’acceptera jamais de se lancer dans une compétition qu’il n’a aucune chance de remporter, son parti ayant très peu de militants. Quant à casser le Front de gauche qui, jusqu’à présent, a masqué le déclin du PCF, quel leader du parti pourra en supporter la responsabilité devant les militants ? Fuite des « cerveaux »

« Nous sommes dans une situation de crise dans laquelle, quoi qu’on fasse, on aggrave notre cas, se désole un ancien cadre. La vérité, c’est que, à gauche, Europe Ecologie a pris notre place. Désormais nous sommes la dernière roue du carrosse ! » Ce que le PCF voudrait éviter surtout, c’est d’en être la cinquième. Au-delà du départ de nombreux élus comme les députés Patrick Braouezec, François Asensi et Jacqueline Fraysse, qui ont dénoncé un « raidissement dans la pratique démocratique », ou du maire de Sevran, Stéphane Gatignon, passé à Europe Ecologie, s’ajoute la fuite des « cerveaux » (notamment celle du philosophe Lucien Sève).

A deux mois du « congrès d’étape » du PCF (18-20 juin), Pierre Laurent, coordinateur national, a appelé en fin de semaine dernière les démissionnaires du parti à « revenir sur leur décision ». Mais les intéressés lui ont adressé une fin de non-recevoir.

de RENAUD CZARNES


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