Les Caterpillar se mettent 
en réseau

samedi 1er mai 2010.
 

Des représentants d’organisations syndicales de 
Caterpillar du monde entier constituent un front commun pour combattre les stratégies de la multinationale américaine.

Le symbole est malheureux, mais au fond, si emblématique. Ils étaient 70 représentants syndicaux de sites Caterpillar venus du monde entier. Et hier matin, ils sont restés à la porte de l’usine de Grenoble, juste le temps d’une photographie de « famille ». La direction a formellement interdit toute visite. « C’est un signe de mépris, mais c’est surtout un signe de faiblesse, commente Christian Pilichowski, un des responsables de la fédération CGT de la métallurgie. Ils mesurent le potentiel de force que nous sommes en train de créer à l’intérieur de Caterpillar. » Un an après le long conflit social contre les 733 licenciements qui avait secoué les deux usines de Grenoble et d’Échirolles, les syndicats cherchent désormais, sous l’égide de la Fiom, la Fédération mondiale des travailleurs de la métallurgie, qui en a fait un axe stratégique, à élaborer un « contrepoids » social face à la direction de la multinationale financiarisée, numéro un mondial des engins de génie civil. « Le contact avec les autres nous a cruellement manqué l’année dernière », regrette Alexis Mazza, délégué syndical central CGT de Caterpillar. Alors que, comme le souligne Fernando Lopez (lire notre entretien), « la multinationale ne livre pas beaucoup d’éléments même sur des choses aussi basiques que ses implantations dans le monde », ces deux jours de rencontres auront permis au moins de rassembler des « informations de première main » sur la situation de l’entreprise dans les différents pays.

L’intérêt du réseau : partager les informations

« Chez nous, des dizaines de milliers de travailleurs ont été mis dehors et Caterpillar commence à peine à les rappeler, mais pour occuper des temps partiels, et plus des temps complets », témoigne Denis Williams, représentant du syndicat américain UAW. Son collègue d’une autre organisation (Iamaw), Carl Gallman, pousse le raisonnement  : « Sur le site que je représente dans l’Illinois, ils ont dégagé près de 50 % des effectifs. Caterpillar profite de la récession pour attaquer nos droits, nos salaires, nos contrats. » Pour Roger Lenoble, syndicaliste CSC en Belgique et président du comité d’entreprise européen, « on a perdu près de 4 000 emplois en Europe l’année dernière et, en dehors de la France, ce sont les salariés en contrat précaire qui ont payé les pots cassés »…

Alors que le nouveau réseau syndical mondial de Caterpillar s’apprête à envoyer une adresse officielle à la direction, les syndicalistes présents à Grenoble se félicitent de l’initiative. « Les perspectives de reprise demeurent très incertaines, juge Ivan Del Percio, délégué FGTB sur le plus gros site européen de Caterpillar, à Gosselies en Belgique. Avec ce qui se passe en Grèce, on voit bien qu’il va falloir continuer de se battre, en nous rapprochant les uns des autres. » Pour Patrick Cohen, syndicaliste CGT à Échirolles  : « Après avoir licencié et poussé vers plus de flexibilité, la direction parle de réembaucher à partir de juin. Elle gagne sur toute la ligne en précarisant et en flexibilisant… Tout l’intérêt du réseau qui est en train de se mettre en place, c’est de partager ces informations, de les diffuser aussi à l’intérieur des usines pour que chacun comprenne la stratégie du groupe. »

Thomas Lemahieu


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