Avec Mikis Théodorakis !

jeudi 23 juin 2011.
 

Je relaie l’appel lancé à l’initiative de Mikis Théodorakis. Certes , après tant d’explications ici et de longueur de colonnes d’arguments, je ne crois pas être arrivé davantage que d’autres à faire reculer le niveau des préjugés insultants que les griots du système ont psalmodié contre les Grecs « paresseux » et « dépensiers ». Les Grecs voleurs du fisc. « Un sport national » avait craché le bon docteur du FMI, Strauss Kahn. J’ai encore à l’esprit la hargne d’un Aphatie dénonçant au milieu des rires entendus sur le plateau de canal plus « les conneries de ceux qui mettent en cause le FMI » alors que les Grecs ont trop dépensé et « triché aux impôts ». Et vous vous souvenez des commentaires odieux de la madame Merkel sur le sujet. Mais le mur du mépris sera percé n’en doutez pas. Les Grecs eux-mêmes s’en chargeront. Ils ont déjà tellement fait ! Dix grèves générales dans une indifférence médiatique en bronze ! Les caméras étaient ailleurs et surtout aux environs du passionnant tribunal de New York ! Et puis les habituels eurolâtres avaient mieux à faire sans doute. Par exemple se tirebouchonner la cervelle à propos du droit d’inquisition médiatique dans la vie privée. Il n’en reste pas moins qu’à la fin c’est bien de « non assistance à peuple en danger », qu’il est question. Là, sous nos yeux, sous nos fenêtres. Le lâche Papandréou a été absout par tous ses confrères de l’internationale socialiste, Martine Aubry n’hésitant pas à saluer son « courage ». Théodorakis et nous, c’est le courage des gens qui luttent que nous saluons.

Grèce : Une déclaration du grand compositeur Mikis Theodorakis, ancien Résistant, ancien ministre

Avec le sens commun dont je dispose, je ne peux pas expliquer et encore moins justifier la vitesse à laquelle notre pays a dégringolé à partir de 2009, au point d’en arriver au FMI, perdant ainsi une partie de sa souveraineté nationale et passant à un régime de tutelle. Et il est curieux que personne jusqu’à présent ne s’est occupé du plus simple, c’est-à-dire de notre parcours économique avec chiffres et documents, de manière à ce que, nous ignorants, comprenions les causes réelles de cette évolution vertigineuse et sans précédent, qui a comme résultat la perte de notre identité nationale accompagnée de l’humiliation internationale.

J’entends parler d’une dette de 360 milliards, alors qu’en même temps je vois les mêmes dettes, voire de plus grandes, dans de nombreux autres pays. Par conséquent, celle-là ne peut pas être la cause essentielle du malheur. Ce qui me pose problème également c’est l’exagération des coups internationaux dont notre pays est la cible, d’une telle coordination quasi-parfaite contre un pays d’une économie insignifiante, ce qui finit par être suspect. Ainsi suis-je conduit à la conclusion que quelques uns nous ont culpabilisé et nous ont fait peur, de manière à nous conduire au FMI, qui constitue un facteur essentiel dans la politique expansionniste des Etats-Unis et tout le reste concernant la solidarité européenne est de la poudre aux yeux, pour cacher qu’il s’agit d’une initiative purement américaine, pour nous jeter dans une crise économique artificielle, de manière à ce que notre peuple ait peur, qu’il s’apprivoise, qu’il perde des conquêtes précieuses et enfin qu’il se mette à genoux, une fois acceptée la domination étrangère. Mais pourquoi ? Pour servir quels plans et quels objectifs ?

Bien que j’aie été et reste partisan de l’amitié gréco-turque, néanmoins je dois dire que je crains ce renforcement soudain des relations gouvernementales, et les contacts précipités entre ministres et autres acteurs, les déplacements récents à Chypre et la prochaine visite d’Erdogan. Je soupçonne que derrière tout ça se cache la politique américaine avec ses projets suspects, qui concernent notre espace géographique, l’existence de gisements sous-marins, le régime de Chypre, la mer Egée, nos voisins du nord et l’attitude arrogante de la Turquie, le seul obstacle étant la méfiance et l’opposition du peuple grec.

Tous, autour de nous, peu ou prou, sont attachés au char des Etats-Unis. La seule différence c’est nous, qui depuis la dictature de la Junte et la perte de 40% de Chypre jusqu’aux embrassades avec Skopje (Ancienne République Yougoslave de Macédoine) et les ultranationalistes Albanais, nous recevons des coups sans prendre conscience.

Il faudrait ainsi que nous soyons éliminés en tant que peuple et c’est ce qui arrive exactement aujourd’hui. J’appelle les économistes, les politiciens, les analystes, à me démentir. Je crois qu’il n’existe pas d’autre explication logique en dépit du complot international, auquel ont participé les européens pro-américains du type Merkel, la Banque Européenne, la presse réactionnaire internationale, tous ensemble ont participé au « grand coup » de la dévalorisation d’un peuple libre à un peuple soumis. Tout au moins, je ne peux donner aucune autre explication. Je reconnais que je n’ai pas de connaissances spécifiques mais ce que je dis, je le dis avec mon sens commun. Peut-être beaucoup d’autres pensent comme moi et nous le verrons peut-être les jours à venir.

En tout cas, je voudrais préparer l’opinion publique et souligner que si mon analyse est juste, alors la crise économique (laquelle, comme je le dis, nous a été imposée) n’est que le premier verre amer d’un repas de Lucullus qui suivra et que cette fois-ci viendront aussi des questions nationales cruciales, dont je ne veux pas imaginer où elles nous conduiront.

Je souhaite avoir tort.

Mikis Theodorakis

Athènes, le mardi 27 avril 2010

(Traduction de Dimitri, dimitri.over-blog.fr)


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