Grèce : Grève générale nationale, massive et combative, contre le plan d’austérité (3 articles)

vendredi 7 mai 2010.
 

1) La Grèce est paralysée par une grève nationale d’un jour

Un pays totalement paralysé. Aujourd’hui, la Grèce est confrontée à la troisième grève nationale d’envergure depuis le début de la phase aiguë de la crise financière. Tout s’arrête ou presque. Ecoles, universités, crèches, administration et ministères sont fermés, les avions cloués au sol et les ferries condamnés à rester dans les ports.

Le plan d’austérité adopté dimanche par le gouvernement de Georges Papandréou suscite une vague de protestations dans le pays. La pression de la rue monte d’autant que les mesures d’économies censées ramener le déficit budgétaire actuel de 13,6% du PIB à moins de 3% d’ici à 2014, seront soumises jeudi au parlement grec.

« Ce qui se passe en quelques mois en Grèce ne s’est pas produit pendant trente ans. Le pays entame une réforme sans précédent », relève Loukas Tsoukalis, président de la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère à Athènes. Pour ce conseiller du président de la Commission européenne José Manuel Barroso, l’un des principaux ennemis de l’actuel premier ministre, ce n’est pas tant l’opposition que la société qui estime que le premier responsable de la crise grecque est la classe politique. « Les mesures prises sont douloureuses. Le niveau de vie des gens va chuter de 10 à 20% en raison de baisses de revenus et de hausses d’impôts.

Le moment critique interviendra cet automne, quand les mesures auront produit leurs effets. Et là, tout peut arriver. Si le programme d’austérité permet des résultats concrets (une stabilité des banques et des dépôts assurés, un taux de chômage qui n’explose pas), le gouvernement survivra. Dans le cas contraire, Dieu sait ce qu’il se passera. »

Loukas Tsoukalis fustige « l’irresponsabilité extraordinaire » des partis d’extrême gauche (12% de l’électorat) qui soufflent sur les braises du malaise grec en tentant « soit de grappiller quelques pour-cent pour les prochaines élections, soit de croire que la révolution est au coin de la rue ».

Membre du comité central du Syriza, coalition de la gauche radicale, Yiannis Bournous réfute l’accusation. "Jeudi, il est important, souligne-t-elle, de « briser le silence imposé à la société grecque par les médias dominants.

Le gouvernement cherche à tirer profit de la crise pour abolir les droits sociaux. Nous voulons créer un front social contre la coalition des multinationales et des banquiers ».

Charalambos Kasimis n’entend pas exagérer la résilience des Grecs. Professeur de sociologie à l’Agricultural University of Athens, il constate que les gens sont en état de choc, incapables de mesurer l’étendue de la crise. Sous tutelle de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, la Grèce a perdu son pan metron aristom, son juste milieu.

« Les gens autour de moi portent la crise sur leur visage. La classe moyenne va porter le gros du fardeau. Une majorité de Grecs pensent que nous payons le prix d’un système politique qui a longtemps été marqué par le clientélisme. Cette perception n’est pas sans conséquence.

Le 1er mai, à Corynthe, une parlementaire du Parti socialiste a été priée de ne pas revenir d’Athènes si elle vote en faveur du plan d’austérité. Ce même jour, l’ancien président du parlement grec, Apostolos Kaklamanis, a été séquestré et enfermé dans les toilettes d’un café. »

Politiquement, un consensus entre le Pasok et le principal parti d’opposition Nouvelle Démocratie existe, mais il est inconfortable pour cette dernière. Malgré les mesures impopulaires du gouvernement, le Pasok a toujours cinq points d’avance sur les conservateurs dans les sondages. Nouvelle Démocratie, dirigée par Antonis Samaras, n’en est pas moins tiraillée entre la nécessité d’appuyer le plan d’austérité pour faire oublier sa grande responsabilité dans l’effondrement financier de la Grèce et celle de ne pas être associé à Georges Papandréou dans la gestion de la crise. Jeudi, il n’est pas sûr que les conservateurs appuient le gouvernement.

Mardi, le ministre autrichien des Finances, Josef Proell, a été un exemple caricatural de l’attitude européenne dénoncée par les Grecs : « Quand on voit les mouvements de protestation en Grèce, notre patience, à moi et au reste de l’Europe, est quasiment à bout. » Loukas Tsoukalis ne s’en cache pas. Il faudra selon lui du temps pour réparer les dégâts causés par les dérapages verbaux et médiatiques entre la Grèce et l’Allemagne. « Certains médias allemands ont dépassé les limites et les Grecs ont riposté. » Même sentiment pour Charalambos Kasimis : « L’Allemagne ne s’est pas comportée comme un pays leader de l’Union européenne. Quant à l’aide financière de l’UE, elle est bien perçue. Ce n’est pas le cas de celle du FMI. Les Grecs ont le sentiment d’avoir perdu une partie de leur indépendance. »

Source : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/47a...

2) Troisième journée de grève nationale

Les grands syndicats du pays avaient appelé à une nouvelle journée de grève générale, la troisième depuis février, pour protester contre les nouvelles mesures d’austérité imposées par le gouvernement socialiste en échange de l’aide de l’UE et du FMI. Depuis minuit, les transports aériens et maritimes sont immobilisés et les dessertes ferroviaires interrompues.

La grève devait entraîner la fermeture des écoles et des administrations. Banques et grandes entreprises du secteur public fonctionnaient au ralenti. Les hôpitaux publics fonctionnaient avec un personnel d’astreinte.

Le pays est privé de toute information des radios-télévisions en raison du ralliement au mouvement du syndicat des journalistes. Les journaux ne devaient pas paraître jeudi.

Les transports urbains (bus, métro, trolleys, tramways fonctionnent cependant à Athènes de 10h (7h GM, 9h heure française) à 16h (15h heure française) pour permettre aux grévistes de participer aux rassemblements à l’appel des deux grandes centrales syndicales, la Confédération des salariés du privé (GSEE, 1 million d’adhérents) et celle du public (Adedy, 370.000). Les taxis travaillaient normalement dans tout le pays.

Les fédérations de commerçants avaient appelé leurs membres à se joindre à la grève, mais les commerces étaient ouverts normalement mercredi matin à Athènes et à Salonique, la grande ville du nord de la Grèce.

Une "lutte contre les mesures antisociales"

Le rassemblement organisé à Athènes mercredi par les syndicats est "le plus important jamais organisé" en Grèce, selon la Confédération générale des travailleurs de Grèce (GSEE), principal syndicat du secteur privé.

Près de 10.000 manifestants, massés sous un grand soleil derrière une banderole appelant à la "lutte contre les mesures antisociale" écoutaient des discours de dirigeants syndicaux des deux grandes centrales syndicales, la Confédération des salariés du privé (GSEE, 1 million d’adhérents), et celle du public (Adedy, 370.000) en attendant de commencer à défiler.

A Athènes, de nombreux calicots tenus par les manifestants appelaient à "faire payer la crise par les riches" ou critiquaient l’UE et le FMI, qui ont obtenu que le gouvernement grec mette en place des mesures d’austérité draconiennes en échange d’un plan de sauvetage de la Grèce de 110 milliards d’euros sur trois ans.

"FMI et UE nous volent un siècle d’acquis sociaux", proclamait l’une de ses banderoles.

De son côté, le Pame a réuni environ 10.000 personnes sur une autre place de la capitale.

Les grévistes s’apprêtaient à manifester dans le centre de la capitale jusqu’au parlement où sont discutées en commission les mesures de rigueur et d’austérité demandées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international.

Journée test

Parmi les mesures annoncées du plan d’économie figurent une hausse de la TVA, qui passera de 21 à 23%, une augmentation de 10% des taxes sur les carburants, l’alcool et le tabac, et un gel des salaires et retraites du secteur public.

"Ces mesures sont injustes, elles pèsent uniquement sur les personnes pauvres et vulnérables", a dénoncé Ilias Iliopoulos, le secrétaire général d’Adedy. "Nous continuerons à manifester et nous invitons les salariés à nous soutenir."

La participation sera observée avec attention comme un test du niveau d’opposition à ces mesures.

Les sondages traduisent une colère croissante de l’opinion publique. Les Grecs estiment payer le prix de la crise grecque alors que la corruption et l’évasion fiscale restent impunies.

Les investisseurs redoutent que le mouvement social mette en péril la mise en place de la réforme de la Grèce par le gouvernement.

Notre patience "est quasiment à bout"

Le vice-chancelier et ministre des Finances autrichien Josef Proell a affirmé que l’Europe perd patience avec la Grèce : "Quand on voit les mouvements de protestations en Grèce, notre patience, à moi et au reste de l’Europe, est quasiment à bout", a-t-il dit.

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a prévenu de son côté que la Grèce s’exposait au défaut de paiement si elle ne remplissait pas ses engagements, rappelant que le versement de l’aide serait conditionné à des contrôles stricts.

"S’il y avait des manquements" au programme d’austérité, "les versements seraient stoppés. Et alors le défaut de paiement menacerait à nouveau Athènes", a déclaré le ministre conservateur.

(Nouvelobs.com)

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu...

3) Grève générale contre les mesures d’austérité en Grèce

Le mouvement de grogne contre les nouvelles mesures d’austérité devrait prendre de l’ampleur mercredi dans les rues d’Athènes avec l’arrivée dans le cortège des salariés du privé.

Les deux grandes centrales syndicales du pays, l’Adedy, qui représente la fonction publique, et le GSEE, son pendant dans le secteur privé, ont appelé mardi à une grève générale de 24 heures, la troisième depuis le début de l’année.

Environ 4.000 enseignants, éboueurs, retraités et fonctionnaires ont manifesté mardi dans les rues de la capitale pour protester contre les nouvelles mesures d’austérité négociées par le gouvernement avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international.

Tous les avions seront cloués au sol mercredi et le pays devrait être paralysé. Le service minimum sera assuré dans les hôpitaux, les transports publics ne devraient pas fonctionner de la journée et certaines boutiques fermeront leurs rideaux.

Salariés, étudiants et retraités défileront jusqu’au parlement pour protester contre le plan d’économie de 30 milliards d’euros adopté par la Grèce.

Parmi les mesures annoncées figurent une hausse de la TVA, qui passera de 21 à 23%, une augmentation de 10% des taxes sur les carburants, l’alcool et le tabac, et un gel des salaires et retraites du secteur public.

"Ces mesures sont injustes, elles pèsent uniquement sur les personnes pauvres et vulnérables", a dénoncé Ilias Iliopoulos, le secrétaire général d’Adedy. "Nous continuerons à manifester et nous invitons les salariés à nous soutenir."

La participation sera observée avec attention comme un test du niveau d’opposition à ces mesures.

Les sondages traduisent une colère croissante de l’opinion publique. Les Grecs estiment payer le prix de la crise grecque alors que la corruption et l’évasion fiscale restent impunies.

Les investisseurs redoutent que le mouvement social mette en péril la mise en place de la réforme de la Grèce par le gouvernement.

Renee Maltezou et Ingrid Melander ; Marine Pennetier pour le service français

Source : Dépêche Reuters


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