La finance souveraine (Parti de Gauche)

mercredi 19 mai 2010.
 

L’Europe est de retour ? Elle s’est enfin accordée sur un chef : la finance de marché. Celle-ci fixe l’agenda. Le dernier plan européen a vite été bouclé pour l’ouverture des bourses asiatiques. Ses agences de notation, meilleurs juges de l’action publique selon Woerth, évaluent les politiques gouvernementales. Elle parvient à faire changer la politique des Etats, comme en Grèce, et ce dernier plan imposera la même austérité aux suivants. Elle peut même changer des traités négociés entre Etats et ratifiés par les parlements des plus vieilles démocraties du globe. Les Etats européens et la BCE se sont assis dimanche sur le Traité de Lisbonne qui interdit de prêter main-forte à un Etat membre de la zone Euro ou empêche la BCE de racheter des titres de dette publique. Car les banquiers l’avaient demandé ! Merkel nie farouchement cette profanation en arguant des exceptions prévues dans des cas « échappant au contrôle des Etats ». Disons alors qu’un dispositif permanent de garantie publique vient d’être monté sur le fondement d’articles dérogatoires. Si l’on appliquait en France l’article 16 prévoyant l’état d’urgence, nous serions toujours juridiquement dans le cadre de la Ve République mais le fonctionnement des institutions serait bouleversé !

Bien sûr ce plein exercice du pouvoir souverain par la finance serait impossible sans la légitimation du système idéologico-médiatique dominant. Elle n’a pas manqué. La « grande » presse a déclaré le plan européen bon puisque les marchés remontaient. S’ils étaient descendus le plan aurait été à jeter aux chiens. Les chiffres de la Bourse sont donc devenus le principal indicateur de bonne marche de nos sociétés. Ceux du chômage ne peuvent pas en dire autant. On lit que la finance a salué le « plan qui cassera la spéculation ». Tout le problème est dans ce bobard ! La finance, qui exerce le pouvoir proprement politique dévolu au souverain, n’applaudira jamais l’abolition de ses privilèges. Or c’est ce qu’il faut faire pour sortir de la crise : réintroduction du contrôle public, limitation des rémunérations, instauration de barrières à la circulation sans entrave des capitaux. Un tel plan ne ferait pas bondir de 20% en une journée le cours des banques et serait très mal noté par les marchés ! C’est ce que ferait un gouvernement du Front de Gauche. Les fayots Papandréou ou Strauss-Kahn s’en étranglent d’avance.


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