Déclaration de presse de Xekinima (Comité pour une Internationale Ouvrière - Grèce)

mercredi 19 mai 2010.
 

La mobilisation magnifique de ce mercredi à Athènes et dans d’autres villes de Grèce est sans précédent. Athènes a été littéralement envahie par des centaines de milliers de protestataires. C’était là la plus grande mobilisation syndicale depuis la chute de la junte militaire en 1974. La grève générale et les manifestations de masse ont été organisées pour envoyer le message clair de la plus déterminée des résistances contre les paquets de mesures d’austérité issues du gouvernement grec, du FMI et de l’UE.

De plus en plus de travailleurs comprennent que ces mesures n’ont rien à voir avec les “intérêts du peuple grec”, comme le dit le gouvernement, et qu’elles constituent surtout une tentative de forcer les travailleurs grecs à payer les dettes du gouvernement aux banques grecques et étrangères. Ces dettes ont été crées par une politique consciente de transferts continus de moyens financiers des budgets de l’Etat vers les capitalistes (à travers des diminutions de taxes et d’autres moyens) afin qu’ils puissent maximaliser leurs profits et afin d’aider le patronat grec à exploiter la main d’œuvre bon marché des Balkans au cours de ces deux dernières décennies !

Ce mercredi, la réponse magnifique de la classe ouvrière représente le début de nouvelles grandes luttes. Refuser les plans du gouvernement, du FMI et de l’EU est tout à fait possible !

Malheureusement, la journée historique de ce mercredi 5 mai a été entachée par le décès tragique de trois travailleurs de la banque Marfin. Nous exprimons toute notre peine et notre douleur et, en même temps, notre immense colère, face à la mort de ces trois travailleurs.

Bien entendu, la première responsabilité des émeutes revient au gouvernement soi-disant "socialiste" du PASOK car c’est sa politique qui a conduit la société dans une instabilité complète et, en conséquence, la violence est entièrement inévitable. La responsabilité de ces décès incombe également aux propriétaires de la banque MARFIN qui, comme cela devient de plus en plus clair, ont forcé leurs travailleurs à travailler le jour d’une grève générale, dans des conditions de grand danger puisque la banque était sur le parcours de la manifestation et que des conflits avec la police étaient attendus. En même temps, il semble qu’il n’y avait aucun système de sécurité contre les incendies ni aucune sortie de secours dans le bâtiment de la banque.

Ces faits n’acquittent toutefois aucunement les supposés groupes “anti-Etat” anarchistes de leurs responsabilités criminelles. Nous condamnons de la manière la plus ferme l’irresponsabilité criminelle de ces groupes “anti-Etat” anarchistes. Pareil évènement serait arrivé tôt ou tard et auraient coûté la vie de travailleurs à cause de leur incommensurable irresponsabilité. Ce n’est pas la première fois que ces groupes lancent des cocktails molotovs dans des lieux où des travailleurs doivent courir pour sauver leur peau ! Certains dans ces groupes expliquent leurs actes en se référant à l’idéologie anarchiste. D’autres sont simplement des agents de police déguisés qui agissent consciemment comme des provocateurs, comme cela a été démontré par de nombreuses preuves photographiques (mais cela n’entraîne aucune remise en cause de ces actions dans l’esprit des groupes anarchistes !) Au service de l’Etat capitaliste

Les actes de ces groupes fournissent les meilleurs services à l’Etat capitaliste, qu’ils prétendent pourtant vouloir détruire ! L’Etat exploite ces actions qui provoquent du dégoût et de la colère parmi la classe ouvrière, afin de justifier la répression d’Etat. Les méthodes de ces groupes hautement irresponsables et les discussions sur leurs activités criminelles dévient l’attention du mouvement de la classe ouvrière de la manière d’intensifier la lutte de classe ! Finalement, ces groupes sont caractérisés par une arrogance extrême : ils affirment parler au nom de la ‘révolution’ et confondent les convulsions immenses qui prennent place dans la société avec leur ‘rébellion’ individuelle, personnelle et complètement folle.

En conséquence, la première tâche à prendre en mains par le mouvement ouvrier organisé, et particulièrement par les partis de masse de gauche, est de faire face à cela par tous les moyens en défense des meetings et des actions de masse de la classe ouvrière, en les protégeant des groupes “anti-Etat”. Le KKE (parti communiste), SYRIZA (une coalition de gauche) et les groupes de la gauche radicale ont une responsabilité et doivent organiser des rassemblements unifiés, qui incluent une protection et un service d’ordre.

Les actes des partis de gauche ce mercredi – organiser des manifestations séparées – est une absolue irresponsabilité au regard des intérêts du mouvement ouvrier.

La question central en ce moment pour la classe ouvrière est de savoir comment devrait se développer le mouvement.

Les travailleurs et les pensionnés grecs savent que les mesures du gouvernement signifient une réduction du niveau de vie de l’écrasante majorité de la population de 20% à 30%. Aucun doute n’existe quant au fait que les travailleurs veulent se battre contre ces mesures. Cela vaut la peine de perdre 5, 10 ou 15 jours de salaire pour lutter contre ces attaques, et les travailleurs sont prêts à le faire. Mais une précondition pour cela est que la direction des syndicats et des partis de gauche appellent pour un tel cours décisif de l’action des masses. A notre avis, les propositions qui doivent être faites par les partis de gauche le mouvement de la classe ouvrière aujourd’hui sont :

Un appel immédiat pour une grève générale de 48 heures, avec des grèves générales répétées si nécessaire, combinée avec des actions de grève des différentes sections de la classe ouvrière. Cela doit être combiné à la création de comités d’actions démocratiquement élus par la base.

Pour l’occupation des lieux de travail, par exemple dans les mass medias, les docks, les dépôts de bus et de trains, etc., dirigés par des décisions prises démocratiquement par les travailleurs au cours d’assemblées générales. Ces occupations devraient être liées à de longues occupations d’universités et au blocage des routes nationales par le mouvement des petits fermiers.

Pour des rassemblement unifiés de masse de la part des partis de gauche, qui doivent être protégés des actions provocatrices des anarchistes et des provocateurs.

Les revendications centrales politiques doivent être que ceux qui sont responsables de la crise doivent la payer. Cela signifie de refuser de payer la dette aux banquiers, en Grèce et ailleurs, et de nationaliser le système financier, sous contrôle et gestion des travailleurs, comme étape à franchir immédiatement.

Cette lutte doit être coordonnée avec les luttes des travailleurs du reste de l’Europe, qui regardent aujourd’hui le mouvement qui se développe en Grèce avec espoir, à commencer par les travailleurs du sud de l’Europe (Portugal, Espagne, etc.) et d’Irlande, qui font face aux mêmes attaques. Nous devons lutter ensemble contre les politiques de l’EU et du FMI, contre l’Europe capitaliste et pour une Europe des travailleurs, une Confédération Socialiste et Unie d’Europe.

La gauche doit être conséquente dans ces déclarations et principes, nous devons dénoncer ouvertement et clairement le système capitaliste comme étant un système inhumain et barbare. La seule manière pour les travailleurs de vivre une vie meilleure est de lutter pour la nationalisation de toutes les grandes entreprises, sous contrôle et gestion démocratique des travailleurs. C’est la seule manière d’avoir de réels investissements productifs pour mettre fin au chômage et à la pauvreté et pour avoir une planification de l’économie orientée vers les besoins de la société dans son entièreté.

La lutte destinée à renverser la dictature du marché et la barbarie capitaliste ainsi que la lutte pour une société alternative, une société socialiste basée sur la démocratie ouvrière (et non sur sa caricature stalinienne), doit venir des partis de gauche. Cela peut inspirer le mouvement de la classe ouvrière en ces temps turbulents dans lesquels nous sommes entrés en Grèce, en Europe et globalement.


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