Retraites : le gouvernement dévoile sa stratégie (par Gauche Unitaire)

dimanche 23 mai 2010.
 

Le gouvernement a rendu public le week end dernier ses premières « pistes » pour la réforme des retraites. Ce n’est pas encore le projet de loi définitif qui devrait être connu fin juin. Après la série de « ballons d’essais » qui ont occupé l’actualité ces dernières semaines, le document gouvernemental donne quelques éléments supplémentaires sur la stratégie du pouvoir.

Derrière les grands principes consensuels affichés « sauvegarder le système de retraite par répartition », « écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie Français », le message gouvernemental s’est focalisé sur un point : il faut une réforme « équitable ». Le gouvernement laisse donc entendre qu’il serait prêt à imposer de nouveaux prélèvements sur les hauts revenus (probablement ceux supérieurs à 100 000 euros annuels) et à taxer plus fortement le capital. Ce qui pourrait passer par un affaiblissement – qui pourrait être temporaire…- du bouclier fiscal. Le but évident est de permettre de justifier, au nom de cette équité, un report de l’âge de la retraite. Le gouvernement envisage pour cela deux leviers possibles : augmenter la durée de cotisation nécessaire pour avoir droit à une retraite à taux plein, augmenter l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite. Le renforcement des incitations à liquider sa pension de retraite au-delà de l’âge de 60 ans est en revanche écarté explicitement. Ce qui veut dire que les deux autres leviers sont eux sérieusement envisagés.

La publication de ce document pourrait marquer un tournant du débat sur les retraites. D’abord en avançant la remise en cause partielle du bouclier fiscal, qui constitue un des fondamentaux de la politique sarkozyenne, le gouvernement s’est mis dans l’obligation d’obtenir une véritable « réforme » substantielle, qui ne soit pas une victoire à la Pyrrhus. La question clé de la remise en cause de l’âge légal à 60 ans va donc probablement focaliser les débats dans les prochains mois. Et c’est bien une confrontation majeure qui va avoir lieu sur cet acquis historique des droits salariés, ce « tabou » que Laurence Parisot appelait à remettre en cause. Ce ne sera pas un simple débat technique mais bien un véritable choix de société qui va monter en puissance.

Ensuite, le gouvernement s’est mis lui-même dans une contradiction qui pourrait lui rendre la partie plus difficile : si le « problème des retraites » se réduisait à un « problème démographique » qui doit être traité par des « solutions démographiques », pourquoi diable le débat se focalise t-il depuis ces derniers jours sur la répartition des richesses ? Le fait que le gouvernement estime que le rapport de force lui impose d’ébrécher le bouclier fiscal peut ouvrir un espace politique plus important, une écoute plus forte parmi la population, pour ceux qui à gauche mettent au centre du débat la question de la répartition des richesses, la nécessité d’augmenter les cotisations patronales pour répondre aux besoins de financements.

La journée de mobilisation du 27 mai appelée par la CGT, la CFDT la FSU, Solidaires et l’UNSA revêt donc une importance cruciale. Elle doit constituer une première étape d’une mobilisation rassemblée des salariés du privé comme du public. La montée en puissance de la mobilisation citoyenne qui rassemble partis politiques, syndicats, associations et citoyens dans des collectifs larges est également une dimension complémentaire indispensable du rapport de force à construire


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