Le Parti de gauche pousse le PCF à se préparer pour 2012 (article de Libération)

vendredi 28 mai 2010.
 

Dans une lettre rendue publique ce lundi, le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon répond au PCF et renouvelle ses ambitions d’un grand parti à la gauche du PS.

Les partenaires du Front de gauche ne se sont toujours pas vu depuis les régionales. Deux mois après le dernier scrutin, PCF, Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et la Gauche unitaire (GU) de l’ex-LCR Christian Picquet en sont toujours à la case courrier.

Dans une lettre envoyée ce lundi, les responsables du PG ont répondu à la missive des communistes, datée du 12 mai et rendue publique six jours plus tard. Un courrier en forme de mise au point pour avancer vers 2012 et apaiser les tensions autour de Jean-Luc Mélenchon, qui s’était déclaré dans Libération, « capable » d’incarner le candidat unique du Front de gauche.

Le PG aurait-il gagné la bataille du « paquet électoral » ? Dans leur courrier, François Delapierre et Eric Coquerel, respectivement numéro 2 et 3 du PG, estiment que le PCF s’est rangé de fait à sa proposition de candidatures communes à tous les scrutin jusqu’en 2012 (cantonales, présidentielle et législative). « En évoquant à tour de rôle chaque élection, vous proposez en définitive un principe de candidature commune à chacune d’entre elle. (…) C’est décisif », font-ils remarquer. Or, la direction du PCF a toujours ouvertement rejeté cette proposition, mettant en préalable la mise en place d’un « projet partagé » à une candidature élyséenne commune.

Propositions « début 2011 »

Par ailleurs, pour les cantonales et les législatives, les camarades de Jean-Luc Mélenchon proposent au Front de gauche de constituer « une commission des candidatures » qui « recueillerait les propositions présentées à titre individuel ou collectif pour chaque circonscription et chaque élection ». Pas sûr que la proposition plaise au PCF. Dans leur courrier, la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet avait, pour les cantonales de 2011, hissé au rang « d’ambition nationale » la réélection des sortants et proposé la même chose pour les législatives. Histoire de ne pas se retrouver, comme aux régionales, avec moins d’élus à l’étiquette communiste à l’arrivée.

Quant à la présidentielle, point de tension entre PG et PCF depuis l’affirmation des ambitions présidentielles de Jean-Luc Mélenchon, les partisans de l’ex-PS estiment dans leur lettre n’avoir « jamais conditionné » la mise en place d’un programme commun « à la désignation du ou de la candidat(e) de notre choix ». Ils proposent la création d’un « comité de rédaction du programme partagé » d’ici la prochaine Fête de l’Humanité en septembre pour se préparer à 2012 et assure qu’ils feront des propositions pour la présidentielle « en début d’année 2011 ». Soit six mois avant le PCF.

Mais le message est clair : pas question de travailler avec le PS et Europe Ecologie (EE) : « Nous ne recommencerons pas l’épisode des "ateliers" ouverts au PS et à Europe Ecologie. C’est logique, puisqu’il est ici question de mettre en place le programme de gouvernement du Front de Gauche auquel ni le PS, ni Europe Ecologie ne comptent s’intégrer. »

De là, les responsables PG réitèrent leur ambition d’un « parti commun de la gauche d’alternative au capitalisme », dont les communistes ne veulent pas. « Nous n’excluons pas d’être, en vous attendant, à l’initiative de regroupements, précise le courrier du PG. Nous avons bien noté votre refus. Mais nous ne renonçons pas à vous convaincre. (...) D’ailleurs pour nous, le Front de gauche est d’ores et déjà une sorte de parti commun. (…) Nous renouvelons notre proposition de constituer un comité national permanent, large, du Front de Gauche doté d’un secrétariat et d’une double présidence. »

Autre insistance : l’adhésion directe au Front de gauche. Là aussi, dans leur précédent courrier, les communistes avaient décliné la proposition.

Enfin, pour éviter un nouveau ridicule dans les manifestations après celle du 1er mai où les formations avaient défilé dispersées, le PG propose au PCF « un tract et cortège commun » pour la journée de manifestation du 27 mai.

Ces propositions seront-elles suffisantes pour apaiser les tensions entre partenaires ? Pas sûr. Le PG reste sur ses fondamentaux dont ne veut pas le PCF (adhésions directes, parti commun, refus de discuter avec le PS et EE...) et les communistes, qui doivent remplacer Marie-George Buffet par Pierre Laurent au poste de numéro 1 lors du congrès du parti mi-juin, sont toujours crispés à l’idée d’une candidature Mélenchon qui se profile. Sur ce point, le PG menace même d’aller au clash si le rejet de l’ex-PS est répété publiquement par des responsables PCF : « Aucune discussion sérieuse n’est possible sans le respect de chacun. Nous déplorons donc vos attaques récentes contre le Parti de Gauche en la personne de Jean-Luc Mélenchon et la campagne qui s’en est suivie. »

En cause, une réponse de Patrice Bessac, porte-parole du PCF, précisant dans Libération que « le Front de gauche n’est pas une autocratie ». Les lieutenants de l’ex-socialiste annoncent que « si de tels débordements devaient se reproduire sans être désavoués, en dépit de cette solennelle mise en garde cette fois-ci formulée par écrit, nous en conclurons qu’il s’agit d’une ligne d’action délibérée, d’un double langage, et non d’initiatives personnelles comme cela nous a été expliqué. » Les querelles de famille ne sont pas terminées au Front de gauche.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message