Laurent Fabius : "Je serai le Président d’une République solidaire, laïque, parlementaire et pro-européenne"

mercredi 15 novembre 2006.
 

1. Quelles sont les trois mesures-phare que vous avez défendues dans cette campagne interne et que vous mettriez rapidement en œuvre après l’élection ?

Ma première décision, après avoir constitué un Gouvernement comportant autant de femmes que d’hommes, sera de favoriser une augmentation du pouvoir d’achat par une revalorisation des salaires et des petites pensions : l’augmentation immédiate du Smic, avec en contrepartie une baisse des charges pour les PME, y contribuera. Afin de mettre l’environnement au cœur des politiques publiques, je créerai un poste de numéro 2 du gouvernement en charge du développement durable. Enfin, dès septembre 2007, je soumettrai aux Français par référendum les bases d’une République parlementaire nouvelle. Le chef de l’Etat sera politiquement et pénalement responsable, le Premier ministre sera le capitaine de l’équipe du changement, les droits du Parlement seront renforcés et les partenaires sociaux seront consultés avant toute mesure portant sur les principes fondamentaux de la sécurité sociale ou du code du travail. Voilà quelques uns des changements positifs que je proposerai à la Nation. Ils dessinent la France que nous devons bâtir : une France forte et solidaire, forte parce que solidaire.

2. Qu’est-ce qui vous différencie de S. Royal et D. Strauss-Kahn ?

Je suis partisan d’une gauche clairement de gauche pour faire face aux nouveaux défis du 21ème siècle : le dérèglement climatique, la mondialisation financière, les délocalisations, la marchandisation de la culture et de la recherche, la dilution marchande et géographique de l’Europe, la montée du communautarisme ethnique ou religieux. Les bonnes réponses ne viendront ni de la droite libérale, ni d’une social-démocratie à l’ancienne, ou d’une forme de blairisme régionalisé. Ce que les Français attendent de la gauche et du PS, ce n’est pas qu’ils subissent tout cela mais qu’ils proposent une alternative. En rééquilibrant le rapport de force entre les actionnaires et les salariés au bénéfice du monde du travail. En renforçant l’école et la laïcité. En agissant pour l’Europe sociale. J’ai appris de notre expérience collective et j’ai écouté les Français. Je veux mettre en œuvre une politique volontariste capable de répondre à l’urgence sociale et de préparer l’avenir. Je privilégie le fond sur la forme, le message plutôt que l’image. Mes propositions veulent enrichir notre projet socialiste, pas le contredire.

3. Quelle serait la "philosophie" d’une présidence Fabius ?

Je serai le Président d’une République solidaire, laïque, parlementaire et pro-européenne. Un Président qui écoute et qui décide. Qui impulse et qui arbitre. Qui renforce les autres pouvoirs : du Premier ministre, de l’Assemblée Nationale, des syndicats, des associations, des élus locaux, des citoyens. Un Président responsable et engagé. Et qui défend la France et le droit partout dans le monde. En un mot : un Président qui respecte les Français et agit pour eux.

4. Les sondages auprès de sympathisants PS vous donnent en troisième position. En quoi il ne faut, selon vous, en rien tenir compte de ces projections ?

Les sondages n’ont aucune valeur prédictive : rappelez-vous les erreurs magistrales de prévision pour l’élection présidentielle de 2002 ou le référendum sur la constitution européenne en 2005 ! Songez que, dans le cas de notre campagne interne au PS, on interroge tout le monde sauf... les militants socialistes qui sont ceux qui vont effectivement voter ! Ma candidature n’est pas promue par les sondages, mais elle s’inscrit dans le droit fil des mobilisations sociales et des votes intervenus depuis 2002 : pour la défense des retraites, pour l’Europe sociale, pour les services publics, pour un vrai contrat de travail à chaque jeune et non un CPE. J’affirme mon message : un PS fier d’être socialiste et qui s’appuie sur son projet collectif pour proposer une alternative au tout-libéral. Ce sont ces idées qui battront la droite, pas les sondages.

5. Dans l’hypothèse d’un second tour, des alliances seraient nouées. Y êtes-vous prêt et quelles formes pourraient-elles prendre pour votre part ?

Un premier rassemblement s’est opéré autour de moi. Des partisans du Oui à la constitution européenne me soutiennent, par exemple Gilbert Mitterrand. C’est aussi le cas de plusieurs responsables d’importantes sensibilités de notre parti comme le « NPS » ou « Rénover Maintenant » et de beaucoup de jeunes.Au second tour, ce rassemblement devra se poursuivre et s’amplifier. Tout est ouvert : par mes choix, je suis le mieux capable de rassembler toute la gauche, donc de la faire gagner.


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