Du côté des justes : des organisations juives contre une situation coloniale aussi tragique qu’anachronique

jeudi 10 juin 2010.
 

Les « Justes », c’est le nom qui a été donné aux Européens de divers pays qui, lors de la seconde guerre mondiale, au péril de leur vie, ont aidé des juifs alors persécutés par d’autres Européens soumis ou fascinés par la barbarie nazie.

Avançons nous un peu, et admettons que c’est un nom honorifique qui pourrait aussi être donné à tout homme ou toute femme osant faire passer une exigence morale universelle avant l’obéissance aveugle à des lois, des décrets ou une idéologie aux objectifs explicitement ou implicitement plus restreints, instituant une inégalité de fait, qu’elle soit d’ordre social, national ou ethnique. Dans cette catégorie pourraient ainsi, par exemple, se retrouver les membres du réseau Jeanson et les autres participants au mouvement anticolonialiste français de résistance à la guerre d’Algérie.

Mais c’est aussi là qu’il importe, dès à présent, d’inscrire juifs et israéliens (ce qui, n’en déplaise aux idéologues, n’est pas, par définition, identique) s’opposant courageusement aux exactions souvent sanglantes de l’État d’Israël, jetés en pâture à l’opprobre public par les propagandistes de ce même État, et parfaitement passés sous silence par les principaux mass médias occidentaux.

EN PALESTINE ET EN ISRAËL

Ce peut être un bonheur de reconnaître une insuffisance : en l’occurrence, la liste des noms et des associations que nous proposons s’avère à coup sûr incomplète, car elle est circonscrite aux limites étroites d’un article paraissant dans les colonnes d’un mensuel aux moyens modestes. Tout un chacun aura donc à cœur d’en trouver des compléments tout aussi légitimes [1].

The Alternative Information Center [2], dont un des animateurs est Michel Warschawski. Cette organisation palestinienne et israélienne diffuse des informations et analyses politiques sur les deux sociétés et le conflit qui les oppose, et milite pour une coopération entre Palestiniens et Israéliens pacifistes fondée sur la justice et la solidarité.

The Israeli Committee Against Houses Demolitions [3], animé par Jeff Halper. Cette association israélienne non-violente s’oppose aux destructions de maisons par l’armée d’occupation en Palestine, ainsi qu’aux expropriations de terres, aux extensions des colonies, au confinement de la population palestinienne dans des ghettos.

The Israeli Center for Human Rights in the Occupied Territories [4]. Cette association israélienne née en 1989 par des juristes, des universitaires, des députés et des journalistes a pour objectif d’informer le public israélien sur les nombreuses exactions commises par l’armée israélienne contre la population palestinienne dans les territoires sous occupation.

Anarchists Against the Wall [5]. Les Anarchistes contre le Mur (AATW) est un groupe d’action directe qui a été créé en 2003 en réponse à la construction du mur israélien sur la terre palestinienne en Cisjordanie occupée. Le groupe travaille en étroite coopération avec les Palestiniens pour lutter par des moyens non-violents contre l’occupation.

Enfin, comment ne pas citer les Femmes en Noir, qui, sous les crachats et les quolibets, manifestent régulièrement pour marquer leur opposition à la politique menée.

EN FRANCE ET DANS LE MONDE

De plus en plus nombreux sont ceux qui refusent de se reconnaître dans la politique à bien des titres criminelle menée par les dirigeants actuels de l’État d’Israël, et surtout qui n’hésitent pas à le faire savoir. Qu’ils se définissent comme antisionistes ou post-sionistes n’entre pas ici en ligne de compte, d’autant moins qu’il peut aussi s’agir de prises de position individuelles fondées sur des critères éthiques se situant hors de ce type de différenciations. Là également, notre liste sera bien incomplète.

L’Union Juive Française pour la Paix [6], organisation laïque, milite pour la reconnaissance et l’application du droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien.

The International Jewish Antizionist Network [7] est un réseau juif international antisioniste créé en octobre 2008.

De création plus récente, le Cercle Juif pour une Paix Juste, fondé par des intellectuels français, considère que « l’enjeu actuel est d’aider l’opinion juive à dépasser son soutien inconditionnel à la politique d’Israël et à jouer son rôle dans l’amorce d’une solution de paix juste et durable au Proche-Orient. » [8]

S’il est impossible de ne pas rappeler ici le nom du juriste Richard Goldstone, gardons encore une petite place pour ceux du professeur Norman Finkelstein, de l’historien Ilan Pappe, du saxophoniste Gilad Atzmon, et, fait sans précédent, de ces juifs américains renonçant volontairement et publiquement à la nationalité israélienne et appelant au boycott d’Israël [9] !

N’est-il en effet pas temps de comprendre que le conflit en cours n’est en aucune façon une nouvelle Guerre contre les juifs, mais l’expression d’une situation coloniale aussi tragique qu’anachronique ?

Philippe Lewandowski

Notes

[1] Par exemple dans les liens vers les sites anticolonialistes et les sites solidaires, sur le site de la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien, consulté le 24-04-2010.

[2] AIC, consulté le 24-04-2010.

[3] ICAHD, consulté le 24-04-2010.

[4] BTSELEM, consulté le 24-04-2010.

[5] AATW, http://awalls.org/, consulté le 24-04-2010.

[6] UJFP, consulté le 24-04-2010.

[7] IJAN , consulté le 24-04-2010.

[8] Palestine : une parole juive contre l’occupation / Cercle Juif pour une Paix Juste, dans L’Humanité du 24 avril 2010.

[9] Article publié sur le site d’Euro Palestine, consulté le 24-04-2010.


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