Présidentielles 2012 "il vaut mieux faire envie que pitié"

mardi 15 juin 2010.
 

Voici une nouvelle vague de sondage dont je devrais être bien content ! Elle me place à 5 ou 6 % des intentions de vote pour les élections présidentielles. C’est le quatrième du genre avec ce résultat, un mois après que le premier d’entre eux ait été fait et me place à ce même niveau. Cependant on connait la réticence extrême de nos équipes face à ces outils de communication. Je fais donc la part des choses. CSA de son côté ne teste pas mon nom. Mais cet institut proche des socialistes, nous a toujours placé un ou deux points en dessous de ses collègues et trois en dessous du niveau du vote réel. On se souvient qu’il nous évaluait brillamment à trois ou quatre pour cent pendant toute la campagne des européennes ! Cette fois ci le sondage d’IFOP est fait sans référence de parti accolée au nom propre des candidats que l’institut propose. Mon nom a donc été testé sans autre précision d’appartenance politique. Comme si j’étais une étiquette a moi tout seul. On pensait me rassurer en me disant qu’il fut fait de même pour les autres. Etrange. Que dois-je penser du résultat dans de telles conditions ?

Mais, dites, à propos, quand devient-on candidat à l’élection présidentielle ? Le bon sens suggère la réponse : on devient candidat quand on se déclare comme tel. Non ? Précisément : non. En fait, pour être très précis on dira que ce n’est pas la seule manière de devenir candidat. On devient candidat quand les instituts de sondage testent votre nom dans la liste du panel de ceux qu’ils croient possibles. Du coup, on devient ensuite candidat d’une autre façon. Quand les autres vous demandent si vous avez l’intention de l’être ! Si la question est répétée sans cesse d’un média à l’autre, vous devenez alors un candidat potentiel sérieux. C’est une catégorie intermédiaire. La gestion de ce statut est extrêmement délicate. La crédibilité d’un camp peut dépendre de ce que l’on fait de ce potentiel. Dans le cas du Front de gauche, ma candidature potentielle a été inaugurée par un sondage de l’IFOP pour le journal "Sud Ouest". Comme il me faisait ressortir à 6 % des intentions de vote, cela a justifié que mon nom soit avancé de nouveau à trois reprises dans d’autres sondages qui fournirent le même résultat comme je viens de le dire. Je me suis donc trouvé d’abord installé dans le paysage des enquêtes d’opinion. On voudra bien noter ce point essentiel à mes yeux : je n’avais rien demandé ! Je n’avais rien déclaré ! Mais franchement, était ce si inouï ?

Je précise que je n’ai été nullement vexé ni fâché de me voir apprécier au point de trouver six pour cent d’intention de vote dans ce qui n’est certes qu’une enquête mais qui n’est tout de même pas banal. Comme dit l’adage : "il vaut mieux faire envie que de faire pitié". Je trouverai donc totalement hypocrite de jouer l’indigné ! Dans la mesure où les premières réactions des dirigeants communistes qui se sont exprimés (ce n’est pas le cas de tous) ont été clairement hostiles, il ne fallait pas être grand clerc pour deviner que cela deviendrait un sujet piquant pour les médias. Peut-on honnêtement le leur reprocher ? Qui est responsable, en toute honnêteté sinon ceux qui ont créé l’évènement en donnant l’impression que cette candidature soulevait polémique ? Ceux là se sont tirés une balle dans le pied, et cela me réjouis profondément ! A partir de là un deuxième seuil a été franchi. Tout le jeu médiatique a consisté à essayer de me faire dire si j’étais candidat pour m’entendre dire que je ne pouvais rien dire. De cette façon en toute logique de la politique spectacle, il n’y a que du bon à m’interroger sur ce sujet. Soit je réponds oui et c’est un (petit) évènement. Soit je réponds non et c’en est un autre car cela révèle les tensions que mon nom provoque ! Car je dois expliquer pourquoi je ne le suis pas alors même que les enquêtes d’opinion nous sont favorables. J’espère que tous mes lecteurs suivent la mécanique que j’essaie de décrire. Encore une fois, je le rappelle ce n’est jamais moi qui prends l’initiative de ce genre de question. Bien sûr, c’est aussi un confort de situation pour moi : je n’ai rien besoin de dire, ce sont les autres qui s’en chargent ! Et maintenant voyons la difficulté. Car il y en a une, et elle est de taille !

Car quoiqu’il en soit je reste assez amer. En effet, je vois bien que la campagne de dénigrement des dirigeants communistes contre moi fonctionne. Elle colle au sol l’envol que contient la dynamique du Front de Gauche. Les seuls qui me dénigrent viennent ainsi de nos propres rangs et cela en l’absence de toute contre proposition. C’est du démolissage pur. Sans autre but que de démolir. Car sinon tous les autres s’en fichent et je les comprends. Le résultat c’est qu’on fait du sur place. Les tireurs dans le dos marquent des points. En effet, l’image de notre rassemblement et du Front de Gauche recule au profit de celle de la querelle parfaitement artificielle martelée par les « identitaires » communistes et les organes de presse du PC favorable à l’alliance avec le PS. Ceux là viennent de passer deux mois à taper sur le même clou destiné à m’habiller pour l’hiver. Entre leur passionnante opposition entre le « projet et le paquet » version « l’Huma Dimanche », ou les dénonciations de « l’autocrate » que je serai après avoir dit que « je me sens capable », version « Huma » quotidienne, la machine à claques n’a pas chômé. Le reste de la presse, amusé, m’interroge donc régulièrement sur mon éventuelle candidature. C’est bien normal puisque ça sent le gaz ! Et toute réponse de ma part, quelle qu’elle soit, fournit un nouveau prétexte pour reprendre la campagne contre mon « ambition présidentielle », mon « impatience » et ainsi de suite ! Et pendant ce temps les courants minoritaires du même PC m’agonisent d’injures à chaque livraison de leurs bulletins créant une ambiance irrespirable. Mais tout ça marche. C’est une excellente machine à détruire.

Dès lors, Olivier Besancenot bénéficie d’une intéressante remontée dans les intentions de vote. Lui joue tout seul et ne prétend pas vouloir faire un attelage commun avec des gens qui le détestent ! Tout cela tend à nous ramèner à la case départ de la division de l’autre gauche. Mille bravos aux géniaux stratèges de cette opération. Car rien de tout cela n’est du au hasard, bien sur. Une poignée de bons esprits est à la manœuvre. Leur but est que, faute de candidature crédible, après un passage par la case témoignage d’une candidature « du mouvement social », il soit démontré que la meilleure façon d’agir consiste à faire des gesticulations identitaires avant de courir se ranger dans les jupes du PS aussitôt que possible. C’est le modèle des cinq régions où l’accord aux régionales des élus PC s’est fait avec le PS dès le premier tour. Ici et là, quelques records de duplicité furent battus. Ainsi dans le pays de Loire où de Poitou Charente, des groupes et fédérations communistes minoritaires piétinèrent l’accord que leurs propre camarades avaient décidé et signé. Ceux là coururent au chaud dans le giron socialiste tout en prenant des pauses et des postures identitaires. Une fois rangés chez les socialistes ils eurent pour finir moins d’élus que la fois précédente ! Ce dont ils ne se vantent guère. Mais ils barrèrent efficacement la route des 5 % à ceux qui défendaient les couleurs de l’autonomie de l’autre gauche. Les millions d’euros que peinent à collecter actuellement les militants communistes et ceux du PG pour payer les frais de campagne non remboursés sont leur œuvre ! Quels bons camarades ! Le journal « l’Humanité » les accompagnait en annonçant leurs meetings et manifestations sans aucune forme de prise de distance. On se souvient aussi du numéro de « l’Humanité » annonçant des « élus communistes » au conseil régional de Languedoc Roussillon. J’arrête là la liste pour ne pas entrer dans une actualité plus immédiate et plus désespérante. Le gout du néant, l’ivresse de la solitude inspirée, la jalousie frustrée sont des maladies groupusculaire très répandues. Je peux seulement dire qu’après tant d’efforts et tant d’audaces pour construire une véritable ambition pour nos idées, nous ne nous laisserons pas enfermer dans les catacombes où se dessèche tout espoir. D’autant qu’il y a des bonnes nouvelles. Et même très bonnes. Elles confirment la validité du schéma stratégique que nous défendons.


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