Congrès 2010 de la CFDT

mercredi 9 juin 2010.
 

1) Les militants CFDT échaudés par les "réformes" et la crise

Très éprouvés par les effets de la crise sur le terrain et la frénésie des "réformes" gouvernementales, les militants CFDT voient avec inquiétude la marge de négociation de la centrale syndicale se rétrécir et se méfient des compromis possibles, y compris sur les retraites.

Au 47e congrès de la confédération, réuni à Tours, les délégués de toutes régions ont laissé percer leur blues devant les restructurations et la Révision générale des politiques publiques (RGPP), honnie selon tous les témoignages et régulièrement stigmatisée par François Chérèque.

Même si la CFDT, ébranlée par une crise interne sur la question des retraites en 2003, est redevenue "cohérente, rassemblée et confiante sur la façon dont elle fait vivre la transformation sociale", selon Yvan Ricordeau (Pays de la Loire), "la période est dure pour tous les militants".

A les écouter, protéger et donner de nouveaux droits aux salariés n’a jamais été aussi difficile. "Nous ne sommes pas au pays des Bisounours, mais bien dans la France de M. Sarkozy", a lancé Pierrick Onillon, de la même région. Mais, "malgré Sarkozy, le mot succès relève encore du vocabulaire syndical", a-t-il assuré.

Maintes interventions ont vilipendé "l’absence de dialogue social" et "la brutalité des méthodes gouvernementales", notamment avec la RGPP. Yannick Bernard (Vendée) a parlé de salariés "en majorité désabusés, dégoûtés".

Marie-Odile Esch, fonctionnaire, a dénoncé "une période de résignation face à l’austérité annoncée". Ironiquement, Thierry Garrido (Hautes-Pyrénées) a proposé à François Chérèque d’aller mettre un cierge à Lourdes "s’il veut un miracle pour les retraites".

"La volonté de mettre à mal le modèle social français (...), nous en sortons tous groggy", a confié Francis Magnou (Télécom Paris), épinglant "l’agitation erratique du petit Nicolas".

Autant de "petits sarcasmes qui ne sont pas dans la culture CFDT, et montrent le ras-le-bol sur le terrain", selon un dirigeant confédéral, mais qui "ne doit pas nous paralyser" et empêcher de continuer à proposer.

Mme Esch a mis le doigt sur le dilemme de la CFDT en relevant que "le pseudo-réformisme" présidentiel "est devenu un obstacle à un changement réfléchi", défendu par la CFDT.

D’autres y ont vu un encouragement inopportun au syndicalisme protestataire. "Ce serait tellement plus simple de se réfugier dans la radicalité des positions de principe", expliquait une militante quinquagénaire.

Dans un contexte hostile, la crainte de "se faire avoir" lors de la réforme des retraites est prégnante.

A l’instar d’autres délégués, le métallurgiste lorrain Didier Zint a averti qu’il "ne comprendrait pas qu’en 2010, on donne notre accord contre de simples promesses", la pénibilité n’ayant jamais été prise en compte pour le calcul de la durée d’activité, contrairement à un engagement gouvernemental en 2003.

"Il n’est pas acceptable d’augmenter la durée de cotisation alors que nous ne connaissons pas les conditions du partage de l’espérance de vie", a-t-il ajouté.

Dans le même registre, Claude Elbaz (santé, Gironde) a demandé à la confédération de "ne pas balayer ses propres revendications au nez des militants", déçue du rejet de son amendement faisant de la prise en compte de la pénibilité "un préalable incontournable à toute réforme des retraites".

Davantage en phase avec la direction, Brigitte Seignebosc (banques, Lyon) a souhaité, comme d’autres, que le précédent de 2003 "ne paralyse pas toute initiative" de la CFDT pour infléchir la réforme gouvernementale.

De Thierry MASURE et Isabelle CORTES (AFP)

Le Congrès 2010 de la CFDT vu par Le Figaro

L’ouverture lundi à Tours du 47e congrès de la CFDT n’aurait pas pu se dérouler sous de meilleurs auspices. Après plusieurs mois de débat interne, la sérénité s’est de nouveau installée au sein de la centrale dirigée depuis huit ans par François Chérèque. Digéré le soutien à la réforme des retraites en 2003 qui avait conduit des dizaines de milliers de militants à déchirer leur carte. Oubliée l’humiliation aux prud’homales de 2008 où la centrale de Belleville avait reculé de plus de trois points, distancée de douze longueurs par la CGT. Reconnue la signature solitaire de la dernière convention d’assurance-chômage qui a permis à une centaine de milliers de nouveaux chômeurs d’être indemnisés.

« L’organisation est redevenue homogène, décrypte Jean-Dominique Simonpoli, le directeur général de l’association Dialogues. Il n’y a plus d’opposition à la ligne centrale car, sur tous les grands débats, existe une acceptation unanime des réalités économiques. » François Chérèque, seul candidat à sa succession, est assuré d’être réélu pour un troisième et dernier mandat de quatre ans. « Il n’a jamais été autant en position de force, poursuit un expert en relations sociales. Il a nommé une commission exécutive à sa main et Laurent Berger, son successeur désigné dans quatre ans, qui a préparé le congrès, passe très bien en interne. »

Il faut dire que le syndicat réformiste se porte bien. Ses effectifs, encore inférieurs à ceux de 2002, sont repartis à la hausse : 30.000 adhérents de plus qu’il y a deux ans, à 833.108. Ses comptes 2009, certifiés « sans réserve » par Ernst & Young, laissent apparaître une gestion rigoureuse : les deux tiers des 32 millions d’euros de ressources de la confédération viennent des cotisations et le montant des réserves atteint 300 millions. Et surtout, la CFDT a montré depuis deux ans qu’elle était autant capable de proposer des solutions à la crise (le fonds d’investissement social, finançant des formations pour les salariés et chômeurs) que de contester les orientations du gouvernement tout en se maintenant aux commandes de l’intersyndicale avec la CGT. « Rien ne peut se faire aujourd’hui sans la CFDT dans le mouvement contestataire car François Chérèque est le seul des grands leaders syndicaux à tenir ses troupes », constate Xavier Lacoste, directeur général de l’entreprise de conseil Altedia.

« Débats pédagogiques »

Après avoir donné quitus à la direction pour les quatre années passées, les 1.500 délégués vont projeter la centrale de Belleville dans l’avenir en arrêtant ses orientations jusqu’en 2014. Pas moins de 22 « débats pédagogiques » - sur la fiscalité écologique, la rémunération des dirigeants, les missions et les moyens des services publics, les nouveaux droits des salariés ou l’organisation interne - sont prévus. « On veut bâtir une CFDT plus tournée vers les jeunes salariés et les très petites entreprises », résume Laurent Berger. Bref, un « écocongrès » paisible - les rejets de CO2 seront limités et un bilan carbone, réalisé à l’issue des cinq jours de rencontres - de continuité mais aussi d’avenir, notamment sur les retraites où la centrale arrêtera jeudi, lors de trois débats, sa position définitive pour la dernière ­ligne droite de la réforme.

Source : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...


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